[Event] VII. Blitzkrieg

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Vladimir avait compris que Raziel avait compris. Et il ne comptait pas que sur la destruction des mécanismes pour faire tomber Alzen ; il voulait la pourrir de l'intérieur. A cette occasion, des attentats de taille seraient provoqués par d'autres soldats. Seraient visés le quartier des sciences, les annexes de la tour du Savoir et la futurist town. Vladimir ne tenait pas tant à détruire Alzen qu'à ce que les Alzéniens pousse Raziel à abdiquer.

Jack et Clarice, Alzéniens, connaissaient bien les aéronefs. Mewalck, nouvelle recrue, avait été chargée de la conception des bombes dont elle avait chargé les bombardiers improvisés. Ils avaient été équipés par ses soins comme des avions de chasse, au cas où une bataille devrait avoir lieu dans les airs. Elle se doutait néanmoins que les plus puissants soldats seraient envoyés empêcher la destruction des mécanismes. Ils n'auraient donc rien à craindre.

Enfin, presque rien.

Terek/ Jack / Mewalck

Les quartiers résidentiels d'Alzen étaient calmes, la ville n'était plus la même. L'ex-détenu passait pour la seconde fois à proximité d'un gratte ciel qu'il connaissait notamment pour abriter une sale pute qui n'était officiellement plus sa copine depuis qu'il avait huit ans mais ça n'avait pas la moindre espèce d'importance ; il avait mieux à faire. En effet, arpenter les rues de Futurist Town armé jusqu'au dents ça le branchait carrément plus. Lui aussi il avait entendu parler de la guerre civile ce matin ; s'il y avait effectivement des Karnevaliens dans sa ville il voulait être là pour les accueillir à coups de semi-automatique. Il n'y avait certes pas plus contre-indiqué vu sa condition physique que de sortir marcher sans réel objectif, mais ne serait-ce qu'éviter d'apercevoir sa silhouette famélique dans les vitres des bâtiments lui suffisait en grande partie à ne pas tomber en dépression. Malgré son keffieh masquant la moitié basse de son visage – qui cachait en fait surtout la coulée sanguine qui s'échappait de ses sinus et due à un usage trop fort de son propre Karnevale peu après qu'il eut quitté l'appartement – et le fait qu'il était armé jusqu'aux dents, l'Alzenien ne faisait pas si peur que ça.

Si Terek n'avait pas pris le temps de retrouver une musculature décente, c'est parce qu'ils n'auraient pas mis longtemps à le retrouver. Tous ses contacts à Alzen l'auraient sans aucun doute balancé sur le champ à l'exception de sa mère ; non elle, son genre c'était plutôt d'attendre qu'ils viennent le cueillir. Terek le savait aussi, ça ne lui faisait rien d'être retrouvé vu que la prison d'Alzen était foutue. Mais personne ne le cherchait et il s'était de toute façon cassé avant que cela n'arrive.

Il ne s'était pas non plus cassé tout seul : le FAMAS qu'il avait entre les mains, il ne l'avait pas trouvé au bord de la route. Démonté et remonté à plusieurs reprises mais jamais utilisé, la chose n'appartenait à Tana que sur le papier aussi cette dernière n'en avait rien eu à foutre qu'il descende dans la rue avec. Tant mieux pour elle. Quelques mois plus tôt, tout ça serait passé pour de la paranoïa. Cependant, même dans un quartier qui n'avait absolument rien de stratégique la menace était bien présente. Parce que depuis dix minutes Terek avait détecté la présence d'un Karnevale Opalien, il ignorait où, il savait juste qu'il s'en rapprochait et au fur et à mesure qu'il rompait la distance entre l'individu suspect et lui-même il y infligea la pression du sien, pour se défendre lui-même mais aussi comme un avertissement.

Encore quelques mètres et ils entraient dans son champ de vision. Même pas besoin de ça pour deviner que c'étaient pas des soldats impériaux. Terek arma son fusil d'assaut tout en appelant doucement :

- Par iciii... Depuis plusieurs mois il n'avait pas vu la couleur d'un ampoule d'hormones et ça s'entendait.

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Jack semble bien silencieux... Le tour sera donc à Mewalck, désormais.

"Dis, toi qui est super intelligente,tu sais faire des armes?"
"Les armes ne servent à rien...c'est l'homme qui peut et qui va se tuer tout seul."

Mewalck avait toujours pensé ça, depuis sa petite enfance elle le savais. Mais dans le cas qui nous intéresse, on lui avait demandé de fabriquer des bombes et de charger les "bombardiers". Elle savait que la guerre civile commençait, toute cette atmosphère de bataille ne l'enchantait guère. Mewalck n'aime pas se battre, elle préfère rester à réfléchir dans son coin et diriger des opérations, fine stratège qu'elle est.
Sa tête commençait à taper, comme si son cerveau était pris dans un étau qui se resserrait un peu plus à chaque seconde qui passait, utiliser son Karnevale était très mauvais, surtout si quelqu'un était dans les parages. Ce qui est le cas. Mewalck sentait la présence d'une personne aux fortes pulsions meurtrières, un peu comme les siennes qui grandissaient au fur et à mesure que le temps passait et qu'elle perdait sa raison.
La jeune femme, qui avait opté pour un pantalon et des bottines sans talons se plaqua contre un mur et risqua un oeuil discret.
Un homme avec un fusil d'assaut. Autant ne pas y aller tête baissée sinon c'est la garantie de se faire canarder.
Elle souleva sa cape et sortit un pistolet semi-automatique.
Il est encore là pensa-t-elle soulagée .
Elle commença en quelques secondes à prévoir son plan.

Le vent était plus froid qu'à l'habitude, le Soleil reflété dans les vitres des bâtiments perpendiculaires plus aveuglant et le bitume toujours plus poussiéreux. L'ambiance était mortelle, ou alors Terek ne s'était toujours pas remis de son séjour à la Tour. Sa consolation avait été de ne pas perdre la maîtrise de son Karnevale, alors il lui mettait le paquet sans penser au reste, à cet individu au sujet duquel il n'avait pas de certitude sinon que c'était un bâtard de Karnevalien et qu'il l'éliminerait pour le bien commun – c'est dire s'il lui en fallait peu pour se convaincre de ce qui l'arrangeait le mieux.

À présent il l'avait vue, elle s'était grillée aussi discrète eût-elle voulu se faire. Ça ne l'avançait pas beaucoup de savoir qu'il s'agissait d'une gonzesse étant donné qu'il connaissait déjà sa position. En fait c'était même lui qui était grillé, mais comme il n'avait de toute façon pas vraiment cherché à cacher sa présence, c'est pourquoi un sourire débile s'afficha sous son keffieh et qu'il ne se planqua pas derrière le premier mur venu. Il campa néanmoins sur sa position, le souffle court vu le point auquel ses capacités d'endurances avaient été entamées ces derniers mois, parce que ça servait à rien d'aller jusque mettre sa tête dans les seins de la Karnevalienne s'il disposait d'une arme de tir pour s'en débarrasser à distance.

- Je sais qu't'es là. Allez, viens ! Sans plus l'avertir sinon par un rire absurde il pointa le canon de son arme en direction de la fille et tira dans le coin du mur qui abritait cette dernière. Des fragments de béton se détachèrent suite à l'impact et l'Alzenien géra lui-même difficilement le recul de l'arme. Quelque peu irrité de ne plus être foutu de tenir un fusil correctement, il se plaqua dos au mur dont l'angle l'empêchait toujours d'atteindre la fille dans l'attente d'une riposte à coups de Karnevale.

- BOUGE QU'ON EN FINISSE. Dit-il alors qu'il n'avait jamais été capable d'en finir avec personne. Il aurait sans doute fallu qu'il expérimente la chose dans un état de neurasthénie pareil. Cette fois il avait beau rentrer dans du douze ans et ressembler à une masseuse anorexique masquée plus qu'à un vrai fou dangereux : les mains crispées sur le fusil d'assaut, les yeux comme le Karnevale rivés sur la rebelle et la langue entre les dents dans une précaution destinée à ne pas attirer plus de ces emmerdeurs en gueulant une seconde fois, Terek pensait sincèrement qu'elle finirait par sortir de sa planque et il n'attendait que ça pour presser à nouveau la gâchette.

Des aéronefs survolaient la ville et il n'en avait rien à foutre.

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Alzen toute entière sembla pousser un terrible cri de douleur, alors que ses cœurs palpitants s'éteignaient progressivement.

Sous les pieds des malheureusement alzeniens, la terre trembla pendant plusieurs minutes. Mais c'était toute la cité volante qui était parcourue de spasmes d'une agonie prochaine et inévitable.

Trois mécanismes étaient déjà décédés.

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Il y a des combats auxquels le destin décide de mettre brusquement fin. Il y a des combats qu'il vaut mieux parfois oublier, tant la vie est, plus que tout, plus précieuse que la vengeance et les idéaux.

Alzen sombrait: tous les mécanismes étaient morts et emportaient avec eux le règne de l'Empereur.

Autour d'eux les murs s'écroulèrent, le sol et les pierres se fissurèrent, les fuyards hurlèrent. Les nuages n'étaient plus que de mincess trainées blanches qui semblaient s'étirer au fur et à mesure que la cité volante prenait de la vitesse et rejoignait le sol de Sphéra.

Les bruits des aéronefs karnévaliens se mêlèrent à la peur de la foule et l'un d'entre eux se posa près d'eux.

Plus d'amis, plus d'ennemis, seulement des êtres humains.

Et cette volonté de survivre qui les entraîna dans un large mouvement de foule dans les entrailles de l'aéronef.

FIN