«Illusion, Division...»

Une illusion. Une délicieuse, une superbe illusion aux éclats brillants d'une ambre lumineuse. Une illusion qui marchait, délicatement et lentement, les yeux rivés sur l'horizon invisible qui s'étendait dans une infinie blancheur devant elle. Elle ne prenait ni la peine de faire attention, ni surtout de regarder où elle allait. Elle se contentait de marcher, droit devant elle, et cela n'était absolument pas à elle de bouger, mais plutôt aux autres. Le chemin lui-même devrait suivre ses pas, se plier à sa volonté et à ses désirs. Elle ignorait les regards, elle ignorait les éclats de voix, elle ignorait même les interpellations disgracieuses. C'était elle qui décidait à qui elle prêtait attention, eux n'avaient rien à dire. Ils pouvaient bien y laisser leur ridicule voix, elle n'en avait que faire. Ils pouvaient bien s'époumoner pour qu'elle leur fasse l'honneur de s'arrêter devant leurs pauvres étalages dont elle se moquait, jamais elle ne répondrait à leurs appels, à leurs plaintes déchirantes. C'était là le plaisir d'Arabelle, chaque fois qu'elle se rendait au grand marché d'Amenthalys. Elle se contentait d'y venir, de traverser en ligne droite la longue avenue où de multiples commerçants germaient comme une immense forêt. Elle n'avait jamais eu la passion de la flore, alors cette étendue de fleurs vendeuses, elle les ignorait. Mais alors, pourquoi venait-elle ici ? Simplement parce que Lady Arabelle aimait se montrer, bien évidemment. Et puis, elle ne pouvait pas rester tout le temps chez-elle, dans sa glaciale demeure. Il fallait bien parfois que les pauvres gens puissent profiter de sa vue éblouissante. Ses deux superbes yeux océaniques dans lesquels se reflétait la hâte avec laquelle tous s'écartaient pour ne pas la gêner dans son pèlerinage mystérieux. Ses douces lèvres brillantes de leur malice naturelle qui se fendaient en un sourire discret et délicat, délicatement saupoudré d'un soupçon de sadisme. Du sadisme ? Oui, elle ressentait un plaisir indéniable à ne jamais s'arrêter et à ne jamais prêter attention aux stands, ô combien ridicules pour elle, auxquels on essayait tant bien que mal de l'attirer. Mais évidemment, comme tout le monde il lui arrivait parfois d'avoir quelques coups de cœur pour certains objets ! Des objets de préférence ridiculement luxueux ou d'un prix tout aussi ridiculement élevé. Juste pour le plaisir de voir les personnes à ses côtés écarquiller les yeux devant tant d'audace et d'extravagance. Une autre chose qu'elle appréciait, bien évidemment. Étaler aux yeux du Monde sa puissance, sa richesse. Donner envie aux autres, être jalousée. Jalousée au possible. Vous aimeriez tous être à sa place n'est-ce pas ? Mais non, cela n'arrivera jamais. Jamais. Vous êtes tristes n'est-ce pas ? Mais ne vous en faites pas, nous n'avons pas tous la chance d'être gâtés par la vie ! Vous n'êtes pas seuls à ne rien avoir, et vous ne pouvez de toute façon rien faire face à cela, alors, résignez-vous. Arabelle n'est pas du genre à être généreuse, bien au contraire... Alors n'attendez surtout pas qu'elle vous tende la main. Vous attendriez en vain... Et vous attendriez une éternité. Vous avez pourtant d'autres choses à faire non, plutôt que d'attendre un miracle irréel qui ne pourra jamais arriver ? Oui, vous lamenter par exemple. Mais faites-le loin, très loin d'elle. Elle ne supporterait pas longtemps votre vue. Vous savez, son cœur n'est pas allumé d'une chaleureuse braise. Non, il est plutôt enveloppé d'une douce et froide carapace de glace. Une glace d'une transparence immaculée que jamais vous ne pourrez perforer, quelque soit les moyens dont vous pourriez user, encore et encore. Ne voyez-vous pas l'étincelle de haine et de mépris qui est allumée dans ses yeux ? C'est pour vous qu'elle est là, elle s'adresse à votre faible et inutile personne. Elle vous déteste, de tout son corps, de toute son âme, de tout son être. Mais ne vous en faites pas ! Vous n'êtes pas le seul être humain qu'elle n'apprécie pas. En vérité... Elle n'apprécie personne. Donc, là aussi, vous n'êtes absolument pas un cas isolé, rassurez-vous... Si jamais elle prête attention à vous, vous devriez sérieusement vous méfier, car cela n'est pas toujours bon... Enfin, pour elle, si, bien évidemment, puisque cela signifie que vous pouvez lui apporter une chose qu'elle souhaite. Mais dès qu'elle l'aura, ne vous en faites pas, elle se fera un plaisir de... Vous laisser, de vous abandonner. Après vous avoir, au préalable, totalement brisé, bien évidemment ! Sinon, où est le plaisir ? Vous montrer que vous vous êtes fait littéralement avoir, voilà bien ce que la demoiselle aime par-dessus tout. Et pour cela, elle est douée... Très douée.

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«...Poetic, Romantic...»

D'ailleurs, son cœur de glace s'accorde évidemment à la perfection avec son pouvoir, tout aussi glacial... Il ne pouvait pas en être autrement. La nature est véritablement bien faite, ne trouvez-vous pas ? Toutefois, la Lady de Glace n'aime pas réellement la chaleur et, malheureusement, aujourd'hui, en ce doux début d'après-midi, le soleil était au rendez-vous. Il étendait ses branches lumineuses là, juste au-dessus de leurs têtes. Il prenait un malin plaisir à les foudroyer de ses rayons brûlants. Il prenait un plaisir sadique à échauffer leur peau et leur corps. Non, véritablement, Arabelle détestait ce temps. Elle était une fille de l'Hiver et elle appréciait les conditions météorologiques qui sont détestées par la plupart des autres personnes. Le vent, la pluie, la neige... Voilà ce qu'elle aimait sentir sur son visage, et non pas la force du Soleil ! Mais bon, elle n'avait parfois pas le choix de s'y exposer, elle ne sortirait pas beaucoup, sinon. Et comme nous l'avons dit plus haut, elle aime se montrer. Donc, elle prend sur elle ! Après tout, elle a un allié avec elle, qu'elle n'hésite jamais à utiliser. Il est d'ailleurs actif, à ce moment. Le tenant dans sa main gauche, son superbe éventail brassait sur son doux visage un air subtilement froid qui lui faisait le plus grand bien et faisait onduler ses cheveux à chacun de ses mouvements. Instrument salvateur qui lui permettait de ne pas fondre au contact des rayons de cet astre cruel. Instrument qui prenait un malin plaisir à refléter cette lumière blanche qui parvenait jusqu'à lui, aveuglant au passage les personnes qui posaient sur lui un regard curieux. Chaque mouvement qu'Arabelle faisait était gracieux au possible. Elle n'agitait pas son éventail comme tout le monde, bien évidemment ! Elle ne pouvait absolument pas s'abaisser à ça, tout comme elle ne portait pas sa main droite à ses cheveux comme toutes les autres jeunes femmes. Et sa démarche... Là aussi, elle n'avait rien de banale, même s'il ne s'agissait au final que d'avancer droite, la tête relevée, un pied devant l'autre, au rythme des talons claquants sur le sol. Peu de personnes réussissaient à marcher aussi bien et de façon aussi raffinée, il fallait oser le dire ! Elle ne pensait pas être la seule à pouvoir le faire, mais elle était certainement celle qui y mettait le plus grand soin et y prêtait la plus grande attention. Oui, pour elle, le moindre détail compte. La moindre imperfection n'est qu'une horrible et douloureuse humiliation qu'elle ne pourrait absolument pas supporter ! Elle, Lady Arabelle O'Malley, se devait d'être l'incarnation de cette perfection aux yeux de cette immonde société. Une société tellement cruelle, peuplée d'autant de personnes insignifiantes qui ne méritaient absolument pas qu'elle y porte son précieux intérêt. Mais, toutefois... Elle ne pouvait pas faire autrement que montrer cette fausse perfection. Elle n'avait pas le choix, elle le savait ! Dans cette société, l'imperfection se fait très vite éliminer, dévorer...corriger. Jamais elle ne pourrait supporter une horde de regards sincèrement méprisants et dégoûtés se poser sur sa frêle personne. Ah, mais non, elle n'était pas frêle ! Oubliez tout cela... C'est Arabelle. Elle est bien évidemment forte. Elle n'a été que trop faible durant son enfance, elle ne le sera jamais plus. Arrivée là où elle était désormais arrivée, elle ne pouvait bien évidemment plus se le permettre. Mais de toute façon, la glace est aussi fragile que résistante... Cette pureté est bien difficile à briser, et elle ne laissera jamais à qui que ce soit l'occasion de faire voler en éclat cette glaciale œuvre. Elle y tient beaucoup trop et, aussi résistante que pourrait être cette glace, jamais elle ne pourrait résister à une chute aussi phénoménale, une déchéance aussi totale. C'est pour cela qu'elle soignait et préparait à la perfection chaque geste, chaque mouvement, chaque parole... Toute l'image qui ressortait d'elle était calculée de manière à refléter ce qu'elle souhaitait faire paraître aux yeux du Monde. Elle contrôlait cette image d'elle, sa propre image. Elle avait à sa disposition de multiples masques qu'elle changeait souvent, très souvent. Elle pouvait, l'espace d'un instant, prendre celui de la petite fille capricieuse et hystérique puis, quelques temps plus tard, mettre celui de l'odieuse manipulatrice sadique qu'elle aime être. Elle a tellement de visages que rares sont ceux qui peuvent se vanter de connaître son véritable. Il s'agit d'un secret bien gardé derrière une épaisseur de cruauté qu'elle entretient avec soin.

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«...Emotion, Devotion...»

Quel masque décida-t-elle d'utiliser, cette fois ? Eh bien, elle fit le choix d'afficher un petit sourire amusé afin de répondre à l'énième interpellation d'un commerçant. Elle pouvait bien se permettre la folie de prêter attention à l'un deux, juste comme ça. Elle tourna alors délicatement le visage dans sa direction et posa ses yeux bleus profonds sur ce qu'il proposait. Oh, il n'y avait rien de réellement intéressant, c'est un fait. Ou plutôt si, il y avait beaucoup de choses, de quoi satisfaire n'importe qui. Mais Arabelle n'était pas ce n'importe qui, elle était bien plus que cela, elle était bien différente. Elle décida tout de même de se prêter au jeu, et se détourna de sa trajectoire parfaitement droite pour faire un petit détour vers cet étalage. Agitant toujours son éventail, à intervalles plus espacés toutefois, elle s'amusa à faire courir son regard sur les différentes choses présentées. Elle riait intérieurement de la mine réjouie qu'affichait le vendeur qui venait de réussir à arracher cette potentielle et visiblement richissime cliente à ses rivaux. Et elle sentait d'ici son excitation chaque fois que la demoiselle posait son regard un peu plus longtemps sur un objet que sur un autre. Il attendait fébrilement et impatiemment qu'elle lui annonce que telle ou telle chose l'intéressait. Malheureusement pour lui, ce moment n'arriverait jamais, et ceci amusait encore bien plus Arabelle qui était seule connaisseuse du jeu sadique qu'elle était en train de mener. Il ne devait pas y avoir beaucoup de personnes qui prenaient autant de plaisir à donner de faux espoirs à ces pauvres commerçants. Elle s'amusa d'ailleurs à poser ses yeux un peu plus longuement sur un objet divers, et à faire semblant d'hésiter. Elle leva légèrement les yeux, assez pour voir la mine déjà illuminée du vendeur à l'idée de réaliser cette superbe transaction. Arabelle resta hésitante un moment avant de détourner rapidement le regard et les talons par la même occasion, agitant toujours son éventail, et agitant également légèrement la main vers le vendeur, en guise de léger au-revoir. Elle pouvait aisément imaginer son expression étonnée, déconfite et particulièrement déçue. Le sourire d'Arabelle ne put que s'agrandir un peu plus à cette seule image qui se dessinait au sein de son esprit, alors que son regard se reportait de nouveau sur cet horizon lumineux. Sa marche linéaire recommençait, jusqu'à ce qu'un nouveau jeu se présente à elle. Cela n'était pas à Lady Arabelle d'aller à la rencontre des évènements et des amusements, c'était bien évidemment à eux de courir vers elle pour saisir l'honneur de sa participation à ceux-ci. Et si aucun ne venait ? Eh bien, tant pis pour eux ! Elle s'en passerait aisément, elle n'était dépendante de rien ni de personne, après tout. Elle décidait d'elle-même si sa journée était bonne ou mauvaise, et un simple après-midi un petit peu ennuyeux n'était évidemment pas suffisant pour qu'elle décide que cette journée serait bien misérable.

Mais quand le Destin s'en mêle, un après-midi aussi ennuyeux puisse-t-il être peut très vite devenir intéressant. Comme la nature, il fait, et même très bien les choses, lui et son compagnon le hasard. Après tout, Arabelle connait énormément de personnes, il n'est pas rare qu'elle en rencontre certaines durant l'une de ses sorties ! Cela n'était pas toujours extrêmement intéressant, mais comme la demoiselle est d'un naturel chanceux, il s'agit bien souvent de situations plaisantes, parfois même très agréables... Même si elle est également très difficile, et il n'est pas simple d'être assez intéressant pour elle. Mais bon, il y a comme dans tout, toujours des exceptions. Et cette hasardeuse rencontre en fait partie ! La journée risque de se terminer d'une bien meilleure façon qu'à son commencement. Il suffit d'un rien, d'un petit quelque chose pour modifier son déroulement. N'importe quoi peut facilement vous faire sombrer d'un coup et vous donner l'impression d'une horrible journée où tout va mal, alors que le contraire peut également arriver et faire rayonner une journée, même si celle-ci semblait au départ bien sombre.

Et, même au sein d'une journée brûlante où le soleil rayonne une petite brise fraîche et plaisante peut parfois apparaître.

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«...Intensive, Impressive.»

Mais cette petite brise peut se présenter sous de nombreuses et de très différentes formes ! En l'occurrence, comment va-t-elle apparaître ? Il suffit d'avancer encore un peu dans l'avenue. Arabelle continue son avancée, sans s'interrompre et s'arrêter devant de nouveaux étales, cette fois. L'heure semblait avoir tourné plus rapidement qu'elle ne l'imaginait, et elle avait déjà envie, devant tant d'ennui, de tourner de nouveau les talons et de rentrer chez elle. Mais c'était sans compter les charmantes intentions de notre ami le Destin, qui en avait décidé autrement.

Il dirigea comme si de rien n'était le regard d'Arabelle un peu plus loin, en direction d'un autre étalage. Et elle y vit une silhouette familière. Une silhouette que de rares personnes prendraient la peine de remarquer, tant le jeune homme qu'elle voyait au loin et vers lequel elle se dirigeait semblait banal. Beaucoup plus qu'elle en tout cas, qui était toujours excentrique et extravagante. Elle qui aimait sentir les regards étonnés, admiratifs, envieux et jaloux sur elle. Lui ne devait pas réellement avoir ce problème, tant il pouvait se fondre facilement dans une foule aussi impressionnante que celle-ci. Elle, même si elle le souhaitait, aurait bien du mal, essentiellement à cause de sa grande taille. Mais de toute façon, elle ne le souhaitait pas, et cette situation lui plaisait.

Mais revenons sur cette soudaine rencontre. Elle ne pensait absolument pas croiser la route de ce jeune homme... Mais qui donc, à la fin ? Un certain Egao Hoshi. Une personne charmante, indubitablement. Même s'il ne s'agissait en quelque sorte que d'un accessoire pour Arabelle... En effet, ce jeune homme possède la très intéressante capacité de pouvoir geler ce qu'il souhaite, ce qui est bien pratique pour la demoiselle de Glace.

Elle se glissa furtivement derrière le jeune homme, et s'avança discrètement, pour observer ce qui l'intéressait peut-être, un léger sourire au lèvre.

«Oh, alors, qu'est-ce qui te plait à ce point ?»

Sur ces mots, elle recula d'un pas, avec un petit rire charmant et cristallin, léger. Elle avait l'habitude de le croiser parfois, et elle avait l'habitude d'être particulièrement adorable. Elle fixa un moment le jeune homme, sans pour autant perdre son sourire, et reprit la parole.

«Je suis surprise de te croiser ici...»

Elle accompagna ses paroles d'un mouvement raffiné afin de replier son éventail.

«...Surtout au moment où j'avais décidé de partir !»

C'est vrai, elle était déjà prête à rentrer chez elle. En tout cas, elle s'approcha de nouveau et posa son regard sur l'étale puis sur le vendeur avant de reprendre une fois de plus la parole.

«Quoique tu veuilles, je suis certaine que ce vendeur pourrait généreusement te l'offrir... N'est-ce pas ?»

Elle appuya ces paroles d'un sourire plus prononcé auquel le charmant vendeur répondit d'un hochement de tête approbatif.

Définitivement, cette journée pourrait être plus intéressante que ce qu'elle pensait.

►Comme la vie est bien étrange tout de même… Notre jeune ami, la main sur le cœur avait fait une bien étrange rencontre il y a de cela une semaine et il semblait toujours autant préoccupé. Il faut dire que sauver une personne qui tente de se suicider, c’est pas une épreuve des plus agréable, ça, on peut le dire. Le sang avait rapidement coulé des veines de la main droite du jeune homme juste devant lui. Quel choc… Hoshi avait rapidement prit les choses en main, gelant la coupure pour stopper l’afflux de sang à l’extérieur du corps. Fort heureusement, il avait rapidement agit et une personne aux fabuleux dons avait fait son apparition pour sauver le pauvre bougre qui criait pour qu’on ne le sauve pas. Comment une personne, faite de chair et d’os et douée d’une conscience peut elle ne serait que penser à mettre fin à ses jours ? Hoshi plus que quiconque sait combien la vie peut être cruelle mais qu’elle vaut la peine d’être vécu. Rejeté par presque toute sa famille, il fut balloté d’école en école, le plus loin possible de sa maison, ce ne fut pas simple pour lui, mais il se raccrocha à la vie, profita de ses instants de libertés. Car oui, il était totalement libre car sa famille, une fois sa scolarité terminé le lâcha rapidement. D’après les parents, il devait voler de ses propres ailes, lui qui avait eu une éducation forte. Ils peuvent parler les parents… Ils le jettent juste dehors, lui, le quatrième enfant d’une famille comportant déjà deux fils ainés. Lui, il n’est que la dernière roue de carrosse, il ne sert pas à grand-chose et c’est pour ça qu’il est mit de côté. Heureusement, il y a toujours sa sœur sur qui il peut compter dans les moments les plus durs de sa vie, mais il a quand même du mal à se confier à elle, bien qu’elle ne soit pas méchante, au contraire, il pourrait même la prendre pour la mère qu’il n’a jamais vraiment eu. Toujours à son écoute, toujours en train de l’appeler pour savoir comment il se porte. C’est surement la seule personne qu’il aime du plus profond de son cœur, mais il n’arrive pas à le lui montrer… Les sentiments fraternels, il ne les connait que trop peut. Mais, depuis quelques temps déjà, au moins une fois par semaine, il vient manger le midi avec sa sœur et son petit copain, pour ne pas dire fiancé. Parfois avec, parfois sans. Aujourd’hui, c’était sans. Installés sur une petite terrasse d’un restaurant branché et chic comme les aimes la petite demoiselle. Les discussions tournent surtout sur la vie d’Hoshi, les deux ne désirants pas vraiment parler de la « famille », un sujet tabou qu’ils évitent le plus possible. Ce sont des moments qu’apprécie énormément notre jeune ami, il se sent vraiment à l’aise et détendu, même ses drogues multiples et variées ne lui procurent pas cette sensation de bien être naturel et tout à fait humain. L’amour d’une sœur n’a pas de prix comme on dit. Bon normalement c’est l’amour d’une mère, mais dans le contexte, ca va plutôt très bien.

►Le repas entre le frère et la sœur fut fort agréable et se termina plutôt tardivement dans l’après midi, signe qu’ils avaient pas mal de choses à se dire. Hoshi lui avait raconté son aventure avec le garçon qui avait tenté de mettre fin à ses jours ainsi que ses questions et ses doutes sur ce genre de comportement. Le jeune homme est quelqu’un d’assez curieux et il aime peser le pour et le contre d’une situation avant de décider, bien que sa gentillesse lui soit souvent fatale car il accepte toujours d’aider les personnes en détresses. Bien ou mal… Pour le moment, ca ne lui a apporté que satisfaction et il n’en demande pas plus. Bien content de sa journée, il décida de ne pas rentrer tout de suite, il avait encore une petite partit de l’après midi qu’il pouvait consacrer au lèche vitrine dans la grande rue marchande. Il y a tellement de choses qui y sont proposées qu’il a du mal à choisir à vrais dire. Mais avant tout ça, il allait s’installer sur un petit coin d’herbe, contre un arbre, sortant de son paquet de clope une cigarette roulée dès plus énigmatique. Pourquoi une roulée alors qu’il y en avait des déjà prêtes ? Haha, parce que notre ami pense à tout ! Drogué comme pas deux, il prend souvent l’initiative de se préparer quelques… assortiments de « choses à fumer » avant de partir de chez lui. Mieux vaut prévenir que guérir, car notre jeune ami peut être rapidement mit en état de manque suivant les situations et il doit bien avouer qu’il déteste cette sensation et le contrôle de son Karnevale n’en est que plus difficile. Il lui suffit de toucher une table pour qu’il l’a gèle entièrement dans un bloc de glace… manquant d’y laisser sa main ! Il fuma donc tranquillement l’un de ses nombreux… calmants, le fumant calmement sous cet arbre, voyant le monde devenir plus lumineux, plus intéressant, plus joyeux. C’est-ce qu’il aimait la dedans, ca lui renvoyait une image du monde bien plus belle qu’il n’y paressait. Une fois cet instant de moment terminé, il creusa un petit trou dans l’herbe avant d’y déposer son mégot, histoire de ne pas le laisser comme ça par terre. Se relevant toujours avec cette sensation que rien ne pourrait lui arriver de mal, il se dirigea donc vers la grande rue commerçante ou tous les vendeurs sont plus souriants les uns que les autres. Une façon d’attirer la clientèle, il faut dire qu’un vendeur souriant est toujours plus attirant qu’un qui fait la gueule non ? Passant d’étalages en étalages, les mains dans les poches, une vrais clope à la bouche, il avançait, il avançait à la recherche de quelque chose qui pourrait l’intéresser et qui ne soit pas trop cher. Le destin voulu qu’il tombe sur un petit étalage remplit d’épices, toutes plus variées les unes que les autres. Les senteurs emplissaient les narines du jeune homme qui en fermait même les yeux pour tenter de dissocier chaque goûts, mais c’était une tache bien trop ardu.

►Une présence, un souffle sur sa nuque. Il y avait quelqu’un qui venait de se glisser dans son dos et la voie qui parvint à ses oreilles lui valu un sourire joviale. La voix féminine lui demanda ce qui lui plaisait tellement avant de s’éloigner pour laisser la possibilité au jeune homme de tourner la tête pour voir la gentille Aristocrate qu’il appréciait beaucoup. Toujours gentille avec lui, elle l’avait sauvé un jour, alors qu’il était dans une période de manque plutôt importante. Arabelle O'Malley, une jeune femme aux yeux d’un bleu envoutant, une chevelure à en faire devenir rouge bon nombre de fille et un corps qui ne laisse pas les vendeurs indifférents. Elle ajouta qu’elle était surprise de rencontrer le jeune homme ici, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle. Il faut dire qu’Hoshi n’est pas véritablement dans sa ville ici, il ne vient à Amenthalys que pour voir et discuter avec sa sœur. Après tout, il vit bien à Alzen city le jeune homme, ca fait quand même quelques heurs de voyage tout ça hein. Souriant à la jeune femme, il baissa légèrement la tête pour saluer la jeune femme.

♪ Je suis également surpris de te croiser ! Ca faisait longtemps… ♪

►Pas le temps de poursuivre que la jeune femme était revenue à ses côtés, regardant l’étalage d’épices, elle savait qu’il était dépendant des drogues en tout genre et au lieux de le dissuader d’en prendre, ce qui ne sert à rien, elle l’aide. Oui, elle l’aide, en lui achetant sa drogue lorsqu’ils sont ensemble, lorsqu’il en a véritablement besoin. Ce que n’aime pas Hoshi, il n’aime pas être redevable, même si ce n’est pas grand-chose pour la demoiselle. Avec un sourire et un regard au gentil vendeur, elle annonça à Hoshi d’une façon plutôt détournée qu’il pouvait prendre ce qu’il désirait… Les charmes de la demoiselle, ou bien son argent, tous les deux permettraient à notre jeune ami de repartir avec ce qu’il désirait, ce qui le gênait plus que tout, vu qu’il n’aime pas demander aux autres. Il se mordilla la lèvre tout en écrasant sa cigarette au sol. Quel dilemme pour lui !

♪ Je dois bien avouer que j’aimerais bien un peu de tout ! Ces épices sentent tellement bon ! ♪

►Et surtout qu’avec le talent de Kerry, ils allaient pouvoir prendre de ces charges… Toutes ses senteurs, il ne savait pas comment son voisin allait s’y prendre, mais il allait leur concocter un truc vraiment méchant et ils planeraient pendant des heures et des heures. Ce scientifique a un don -ou pas- pour concocter des trucs à fumer hors du commun. Bon, une fois sur cinq, ils sont obligés de se jeter sur un truc à boire pour ne pas mourir, mais la plupart du temps, ca vaut le coup ! Souriant, il tourna le visage vers l’Aristocrate qui avait un pouvoir presque similaire au sien ou plutôt, complémentaire. Elle pouvait, au contraire de lui, contrôle la glace, alors que lui, il ne pouvait qu’en créer, geler tout ce qu’il désirait.

♪ Comment vas-tu ? Tu as trouvée ton bonheur parmi tous ces étalages ? ♪

«Dead or Alive ? ...»

Vous savez, c'est un peu comme cette expérience, cette expérience avec ce félin enfermé et emprisonné dans cette boîte où le temps se dérègle, au sein de laquelle les ténèbres se tordent et font fusionner à la fois la vie et la mort dans une danse impossible et incompatible. Voulez-vous essayer de soulever la boîte, pour voir si ce que vous pensiez était juste ? Mort ? Vivant ? Les deux ? À vous de voir, à vous de décider. De décider si vous voulez prendre ce risque. C'est pile ou face, c'est une combinaison de tous les facteurs «chance» possibles et imaginables. Une rencontre avec la demoiselle était un peu de tout ça à la fois. Un magnifique coup de poker dont l'issue finale est totalement obscure et effacée dans un futur inconcevable. Pour elle aussi c'était cela, un jeu. Chaque rencontre, chaque dialogue n'était qu'un immense jeu, un jeu en perpétuel mouvement, changeant et se modifiant constamment. Les règles n'étaient jamais identiques et le gagnant de la précédente partie pouvait très bien devenir le grand perdant de la seconde. Ah, mais Arabelle n'est pas une bonne perdante, loin de là ! Si elle joue, cela n'est absolument pas pour perdre, mais essentiellement pour gagner. Et pour cela, elle est prête à tout. Les règles ? Des règles façonnées et créées par une autre personne ? Elle ne s'en occupait pas, elle dictait ses propres règlements que tous devaient suivre. Bien évidemment. Et, inconsciemment, sans être réellement conscient de sa situation, de sa condition actuelle, de sa place sur le plateau de jeu, ce jeune homme suivait à la perfection le chemin règlementé qu'Arabelle avait imposé. Règles qu'elle avait imposées dès le commencement, dès le début de leur rencontre fortuite. Rencontre glaciale, rencontre à l'atmosphère gelée de part les pouvoirs d'Egao et ardente de part la crise qu'il traversait. Arabelle est intelligente, une calculatrice soigneusement manipulatrice dotée d'un esprit vif. Elle n'eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour monter sa machination afin de s'approprier pareille puissance. Nous avons toujours besoin de matière première, que cela soit pour construire, pour créer, pour n'importe quoi. Elle tendit alors sa main glaciale vers cette source inépuisable de puissance qui lui garantissait une domination agréablement appréciable. Un geste qu'elle n'avait pas l'habitude de faire, surtout pas à des personnes d'une condition visiblement inférieure à la sienne. Mais son esprit, aussi englué dans son profond narcissisme soit-il, n'est pas aveugle pour autant et seul un fou aurait eu l'idée de laisser filer dans les immensités du Monde une chance aussi improbable de trouver son âme la plus complémentaire. À eux deux ils étaient la glace. Ils incarnaient l'Hiver dans ce qu'il a de plus puissant et de plus terrifiant. Le Ciel pouvait bien se plier devant eux, le Soleil pouvait se coucher pour laisser place au froid le plus sanglant et le plus mordant. L'été peut disparaître en quelques minutes pour laisser place à un paysage sibérien. Une telle puissance glaciale, Arabelle en avait toujours rêvé malgré la limitation climatique de son pouvoir. Mais ces limites avaient été totalement brisées grâce à sa rencontre avec le jeune drogué. Et pour elle, se servir des gens... Cela n'était qu'une triste habitude qui écœurait bien de pauvres personnes naïves qui n'arrivent pas à comprendre que tout marche comme cela. Domination et soumission. Lady O'Malley refusait toute idée de soumission. Elle ne pouvait qu'être une venimeuse dominatrice. Son esprit, son caractère, tout allait dans ce sens, il ne pouvait pas en être autrement. Et jamais elle n'acceptera que la donne change en sa défaveur. C'est pour cela qu'elle décide bien souvent de prendre les devants, car se laisser prendre de vitesse représente un bien trop grand désavantage, un bien trop grand danger. Et il s'agit de plus déjà d'une défaite. Et comme cela a déjà été dit, Arabelle est une bien trop mauvaise perdante pour se laisser ainsi faire et se voir dépouillée de la victoire finale. Tricherie ou activité la plus illicite qui soit, elle est capable des pires choses si l'aboutissement est d'un intérêt primordial pour elle. C'est donc pour cela qu'elle se retrouve bien souvent sauveuse de ce cher Egao... Ce qui l'arrange bien, puisque celui devient ainsi de plus en plus redevable envers elle. Étant toujours fortement agréable et sympathique lorsqu'elle se trouve avec lui, il ne peut de ce fait qu'être de son côté, sans se rendre compte qu'il n'est qu'une petite figurine articulée. Une glaciale et très utile figurine articulée de collection, assurément.

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«...Heaven and Hell...»

Un autre rapprochement possible lorsque vous entretenez une quelconque relation avec Arabelle est la nature même de cette relation. Ou plutôt, la façon dont elle vous considèrera et ce qui en ressortira au niveau des actions. En effet, la demoiselle ne traite pas tout le monde de la même façon, ne vous déplaise ! Vous ne subirez pas les mêmes choses si vous êtes un simple passe-temps pour la jeune femme, un jouet ou un ennemi. Aussi étrange que cela puisse paraître, les plus à plaindre seraient même ses véritables amis à qui elle prend plaisir à faire vivre un véritable enfer. Une manière pour elle de montrer ses sentiments, là où certains les montrent par des délicatesses, elle, est beaucoup moins douce et subtile. Au moins, ses ennemis n'auront jamais aucune question à se poser sur ses véritables sentiments envers eux et ils n'auront jamais à se demander si ses attaques incessantes envers eux sont une preuve d'amour ou non. Mais pour ses jouets, comme c'est le cas pour ce cher Egao, c'est encore autre chose, c'est une nouvelle fois différent et beaucoup plus subtile. Bien que considérant les autres comme une multitude de jouets inutiles pouvant être délaissés, brisés et remplacés aussi facilement que des animaux de compagnie dociles, les personnes qu'elle considère comme extrêmement utiles auront la chance d'avoir un traitement particulièrement privilégié. En effet, elle veillera avec le plus grand soin à ne pas les abîmer trop rapidement et à les garder à ses côtés le plus longtemps possible. Ceci explique bien évidemment le fait qu'elle ait un tel comportement avec le jeune iceberg. Ceux qui la connaissent réellement seraient extrêmement surpris de la voir être aussi douce, gentille, agréable et même serviable du fait de l'aide qu'elle apporte au jeune homme. Mais évidemment, ceux-ci savent combien Arabelle est douée pour jouer la plus subtile comédie afin d'avoir en main toutes les cartes pouvant garantir sa puissance. Car évidemment, tout l'intérêt réside ici, dans cette recherche de la domination et du règne le plus total et inaliénable. Jamais la demoiselle ne prendrait la peine d'être aussi contraire à sa nature si elle n'avait pas de très très bonnes raisons. Des raisons d'intérêts, c'est un fait. Puisque l'intérêt a toujours été une notion centrale dans son existence, et ce depuis sa plus tendre enfance. La vie de grande aristocrate n'est pas toujours aussi plaisante que le peuple veut bien le croire, et devoir fréquenter des personnes immondes, répugnantes et dégoûtantes par simple notion d'intérêt et de pouvoir est loin d'être une chose agréable et appréciable, bien au contraire. C'est surtout pour cela qu'Arabelle a décidé de ne plus jamais perdre et de toujours être la seule et unique gagnante, la seule et unique dominatrice absolue. Ne plus être obligée de se lier avec des personnes inintéressantes pour elle, mais être désormais libre de choisir avec le plus grand soin ses propres jouets, ses propres instruments, sa propre aide à maintenir son propre empire. Car désormais, tout lui appartenait. Elle n'avait plus personne derrière elle pour l'enchaîner et l'entraver. Libre de ses mouvements, libre de son existence, libre d'être aussi cruelle et délicieuse qu'elle le souhaitait, son cercle de relations s'est bien vite étendu, allant de la grande aristocratie flamboyante à la bourgeoisie populaire glaciale qui dans les deux cas ne pouvaient que lui être utiles. Mais l'utilité, comme toute notion, peut parfois être bien relative. Et ce qui pouvait lui être utile durant un moment pourrait très bien se retrouver rapidement délaissé s'il devient cette fois totalement inutile et dispensable. À ce moment, que faut-il faire ? S'en débarrasser, tout simplement. Ce qui est inutile n'est plus qu'un poids mort pesant et handicapant. C'est à ce moment que les jouets se brisent et doivent être abandonnés afin de pouvoir mourir en paix... plus ou moins. Car l'impressionnant nombre de jouets inutilisés et inutilisables lamentablement jetés par Arabelle est bien loin d'avoir eu droit à une destruction douce. La demoiselle, bien que subtile, n'en reste pas moins cruelle et sadique au plus haut moins, même s'il s'agit d'un côté de sa personnalité assez obscur et qu'elle a plutôt tendance à cacher et à masquer. Pourquoi ? Elle ne le sait pas réellement, elle n'aime juste pas réellement être cataloguée comme faisant partie des psychopathes. Après tout, il s'agit d'une jeune femme raffinée et distinguée. Bien évidemment.

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«...Red Bleeding Rose...»

Quoiqu'il en soit, la demoiselle fût pleinement satisfaite de la réaction du jeune homme lors de son arrivée soudaine à ses côtés. Être récompensée de son art subtile de l'imposture la plus parfaite par un sourire joviale appréciant sa présence hypocrite, n'est-ce pas magnifique ? On dit que les sourires valent souvent bien des efforts, et, même si elle ne les considérait pas de la même façon que la plupart des autres personnes, il est vrai qu'elle appréciait en recevoir à son égard. Non, n'allez pas croire qu'Arabelle se faisait sentimentale, bien évidemment. Son esprit traduit ces expressions faciales bien différemment que ce que vous pourriez croire, et pour elle, un sourire lui étant destiné n'est qu'un signe qui encre sa conviction d'être puissante et imperturbable sur son trône de domination. Se sentir souveraine dans sa cruauté masquée, naïvement appréciée et demandée. Recevoir une lumineuse gratitude en échange de ses sombres manipulations. N'est-ce pas là une sorte de superbe consécration ? Si, bien évidemment. Et elle savait se satisfaire de ces petites choses. Vous voyez, elle n'est pas si difficile que cela, il n'en faut pas beaucoup pour flatter sa personne et la mettre de bonne humeur. Bien sûr, rencontrer Arabelle lorsqu'elle est joyeuse n'est pas toujours quelque chose de bien, au contraire. Joyeuse, joueuse, la rime est parfaite et s'applique parfaitement dans ce genre de situations.

En effet, cette rencontre tombait bien pour la demoiselle qui traversait une passe de profond ennui au milieu de ces rues chaudes et bondées. Elle avait bien besoin d'une petite occupation, d'une petite escapade avec une quelconque personne, simplement pour se distraire durant ne serait-ce qu'un bref instant. Décidément, elle appréciait cette bonne étoile glacée qui brillait au-dessus d'elle et la couvrait toujours de sa mince poussière de chance.

Oui, de la chance. Depuis toujours, elle avait droit à un continuel soupçon de chance au-dessus de sa glaciale personne. Toujours elle avait eu droit à de petites aides vaguement dissimulées de la part du Destin et de sa fille la Chance. Déjà le fait de n'avoir pas à se soucier de sa vie puisque faisant partie de la haute aristocratie d'Amenthalys représentait un doux signe de chance. Une situation sociale pour laquelle de nombreuses personnes seraient prêtes à tout, aux choses les plus farfelues en passant par les plus horribles et les plus terribles. Elle, elle n'avait même pas eu besoin de prendre toute cette peine. Et elle en était pleinement satisfaite malgré une enfance totalement ennuyeuse, inintéressante et vide. Une enfance qui fila comme un courant d'air et qui décida de se perdre dans les méandres labyrinthiques du Temps, ce vieux farceur qui se plait à balayer le monde entier de sa force incommensurable.

De nombreux autres exemples la satisfont un peu plus dans son impression d'être chanceuse, en plus de son rang social avantageux. Son pouvoir n'est pas en reste, et tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir un don aussi radical que celui de contrôler purement et simplement la glace, cette matière si pure. Elle qui est profondément encrée dans l'Hiver et qui a un lien si puissant avec tous ses enfants que sont le vent du Nord, la neige et la glace justement, elle n'aurait jamais pu rêver mieux. Le fait de pouvoir compter sur une personne aussi utile que le jeune homme pouvait également rentrer dans ses exemples de chance. Et quel chance, vraiment. Elle n'a de cesse de se complimenter elle-même de cet exploit d'avoir pu mettre la main sur un iceberg humain.

Mais encore fallait-il pouvoir le garder, ne pas le perdre bêtement et sottement. Et ceci, elle faisait tout pour y parvenir, ne pas se voir privée de toute cette force. Leur relation, elle l'entretenait avec le plus grand soin et elle y tenait absolument.

Et aujourd'hui encore, elle allait rajouter une pierre à l'édifice de ce lien.

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«...Material Lie.»

Le jeune homme sembla heureux de l'arrivée soudaine d'Arabelle. Cela se comprenait aisément à la vue de la relation qu'avait fait naître entre eux d'eux leur première rencontre fortuite. Elle savait la gêne qu'elle faisait naître en lui à chaque fois qu'elle faisait preuve d'une large générosité avec lui, lui offrant ce qu'il désirait. Elle savait aussi qu'il ne refusait jamais. Elle savourait cette insidieuse dépendance. Et lorsqu'il répondit, hésitant et gêné, qu'il aimerait bien avoir un peu de chaque chose qui se trouvait sur cet étalage, elle afficha un large un sourire et parla, sur un ton entre l'amusement et la gaieté.

«Eh bien parfait ! Cela sera donc un petit peu de tout cela...»

Elle prononça ces derniers mots en posant tour à tour son regard sur les épices puis sur le vendeur, appuyant un peu plus son sourire lorsque ses yeux se posaient sur celui-ci qui ne pouvait dès lors qu'accepter. Il avait la chance de pouvoir arracher cette riche demoiselle aux autres étales, il ne devait pas laisser passer cette occasion. Et puis, une jeune femme aussi charmante ne pouvait pas le laisser de marbre, aussi se mit-il immédiatement en quête d'un peu de tout ce qu'il mettait à disposition des clients.

Arabelle se tourna de nouveau vers Egao, toujours souriante, et entreprit dès lors de répondre aux paroles du jeune homme.

«Suite à une si plaisante rencontre, je ne peux qu'aller bien.»

Et cela n'était pas totalement faux, puisqu'en effet, cette rencontre avait été capable de balayer le nuage d'ennui qui commençait à planer au-dessus de la jeune femme.

«Même si je n'ai malheureusement rien trouvé d'intéressant ici...»

Sans détourner ses yeux du jeune homme, elle tendit la main vers le vendeur qui lui présentait un sac abondamment remplit, en échange duquel elle lui donna une somme au hasard. Il saurait s'en contenter, il y avait de toute façon probablement beaucoup plus que le prix véritable.

«...Contrairement à toi.»

Et elle s'approcha davantage du jeune homme, lui calant le sac d'épices dans les bras, et avançant son visage vers celui d'Egao afin de pouvoir lui souffler à l'oreille ses paroles suivantes.

«Accepterais-tu de tenir compagnie en cet après-midi à une jeune demoiselle qui se sent bien seule...?»

Et elle recula avec un petit sourire s'affichant sur son visage. Elle tourna ensuite les talons et déplia de nouveau son éventail en un geste vif, élégant et gracieux.

Immédiatement, elle entreprit de poursuivre son chemin, recommençant sa marche précédemment interrompue.

Elle ne s'inquiétait absolument pas, et, faisant doucement virevolter ses cheveux avec le vent de son éventail, elle était certaine qu'il la suivrait.