KARNEVALE AVENUE ♫
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 Something new ~ [PV Ayden]

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Something new ~ [PV Ayden] Vide
MessageSujet: Something new ~ [PV Ayden]   Something new ~ [PV Ayden] EmptyJeu 6 Mai - 23:26

Découvrez la playlist RP alice Ayden avec Antonio Vivaldi

    Et ses doigts virevoltaient sur le piano, tandis que des images défilaient dans sa tête, au rythme de la musique, au rythme des émotions. C'était une explosion de sentiments, une effervescence d'affections qu'Alice ne pouvait ressentir qu'en jouant du piano, qu'en laissant son âme vagabonder ici et là, alors que son corps semblait se mouver tout seul. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle jouait, mais cela lui importait peu, car c'était un moment privilégié, comme toutes les fois où elle posait délicatement ses doigts sur son cher instrument; son piano... Elle n'avait pas nécessairement besoin d'un grand auditoire. Généralement, jouer seule lui suffisait. Mais il lui arrivait d'émettre des regrets quant à cela: parfois, elle aurait voulu faire passer ses émotions, elle aurait voulu qu'on lui dise que, grâce à ce magnifique instrument, grâce à ce fantastique moyen d'exprimer ses sentiments, la musique, on la comprenait. Alors, elle aurait pu faire tomber son masque, au moins un peu. Néanmoins, les personnes pour qui elle jouait habituellement n'étaient que des incultes. Ils ne connaissaient pas la musique. Sans parler de solfège ou quoique ce soit, non, il ne connaissait pas la musique en tant qu'art brut. En tant que myriade de sentiments, comme certaines personnes pouvaient la percevoir. Ce n'était pas qu'un assemblage de notes, non, c'était la réunion de toutes les émotions.

    Ah !

    Un bruit retentit; l'on frappait à la porte. La belle blonde s'interrompt brusquement de jouer, portant un coup à son beau piano, faisant ainsi retentir un bruit strident dans toute la salle. S'il y avait bien une chose que l'aristocrate détestait au plus haut point, c'était qu'on l'interrompe pendant qu'elle jouait. Il ne pouvait pas s'agir de sa chère Lily, sa petite soeur bien aimée, car celle-ci savait parfaitement qu'Alice ne supportait pas qu'on fasse cela. En revanche, les fautifs pouvaient être... Ses parents. Ceux-ci n'étant jamais au manoir, ils ne connaissaient plus leur fille: ce qu'elle aimait, ce qu'elle n'aimait pas, ses habitudes, ses sentiments. Alice soupira et referma délicatement son piano, puis se releva avant de s'approcher vers la cause de sa naissante mauvaise humeur. Elle ouvrit la porte et aperçut, sans surprise, sa très chère mère, qui arborait un sourire faux.

    « 
    L'heure est au dîner, ma chère. Descendez-donc avec nous, l'on vous voit si peu. »

    La belle blonde se permit un regard méprisant face à sa mère. Cette dernière, qui n'était jamais présente, se permettait de sous-entendre des reproches à Alice ? Ce n'était point sa faute si ses géniteurs ne daignaient pointer le bout de leur nez plus souvent au manoir. Qui plus est, elle n'avait aucune envie de dîner avec eux. Ils allaient lui conter toutes les affaires barbantes dont il avait été question durant tel ou tel séjour ici et là. L'aristocrate n'en voulait rien savoir. Elle pressa un peu plus fort la poignée placée dans sa main droite et ferma la porte à demi avant de retourner vers son piano, laissant sa mère plantée là. Elle s'assit face à son piano, et plusieurs secondes s'écoulèrent dans le silence instauré par la belle. Cette dernière finit finalement par le briser :

    « 
    Je n'ai aucune envie de dîner maintenant. Je dînerai plus tard. »

    La mère, pas tellement habituée par les caprices fréquents de sa fille -quoi de plus normal, étant donné le peu de fois où elle était présente-, se retira à petits pas, l'air sévère et les lèvres pincées, avant de lancer d'un souffle un « qu'il en soit ainsi », plus pour elle-même que son Alice. Cette dernière laissait à nouveau ses doigts glisser sur le piano, mais n'arrivait plus à rien. La seule proposition de sa mère pour qu'Alice dîne avec elle l'avait irritée et mise on ne peut plus en colère. Cela s'en ressentait sur son jeu, qui devint petit à petit rempli d'erreurs. La jeune fille détestant jouer de la sorte, elle préféra se stopper avant que son humeur n'en soit que plus affectée. Elle entendit les pas de sa vieille mère résonner dans le manoir et, quand elle fut sûre qu'elle avait atteint l'immense salon, la blonde se dirigea vers la sortie de sa chambre. Elle savait ce qui, une fois de plus, allait occuper sa soirée : la recherche de Karnevale Avenue. Elle voulait atteindre cet endroit, plus que tout, pour rendre hommage à sa grand-mère, mais également satisfaire sa curiosité au sujet de cet endroit si convoité... Et puis, peut-être trouverait-elle ce qu'elle n'avait pas ici. Un tout autre monde, où les gens seraient différent, ou la vie serait différente... Alice nourrissait cet espoir, au plus profond d'elle. Un jour, elle trouverait Karnevale Avenue, cet endroit qui paraissait si inaccessible, et elle fuirait ce monde détestable.

    Alice jeta un dernier regard à sa chambre, comme si elle savait que ce soir elle trouverait Karnevale Avenue... Si c'était le cas, alors sa vie en serait changée, et la fois où elle reviendrait ici, elle ne verrait plus ce manoir de la même manière. Son cher piano, placé au centre de la pièce, attirait l'attention. Il n'y avait pas une once de poussière déposée dessus. Il brillait, littéralement. Le reste de la pièce était quant à lui très bien organisé. Des tableaux étaient justement accrochés aux murs, et au bout de la salle, un grand lit aux draps immaculés trônait. Son style assez ancien se remarquait grâce aux bords du lit, faits d'or sans doute. Ce lit semblait vouloir faire concurrence au piano, mais il ne l'égalait en rien. La pièce était éclairée plus que toutes les autres salles du manoir, car les fenêtres étaient très nombreuses. Comme avec une boule au ventre, Alice referma la porte de sa chambre. Le « clic » de la poignée retentit dans sa tête. Elle savait que les choses allaient changer, ce soir. Elle le savait.

    La belle blonde ne sortit pas par l'entrée principale du manoir, ne souhaitant pas subir l'interrogatoire de ses parents, ni croiser sa soeur qui aurait voulu qu'elle l'emmène. Elle passa donc par une petite porte à l'arrière de ce beau manoir, et se dirigea à pas pressés vers la sortie. Le parc était grand, peuplé de fleurs, rempli de verdure, et pourtant, Alice s'y sentait oppressée... Les souvenirs de son enfance y étaient par milliers, elle revoyait ces réceptions organisées par ses aimables parents, où des centaines de personnes étaient conviées, où Alice était prisée par chaque invité. Lors de ces réceptions, c'était comme si sa vie s'arrêtait. Elle était transportée ici et là, tel un objet, et on la faisait peindre, chanter, danser, jouer... Rien de tout ce qu'elle faisait n'était pour elle, et elle ne profitait pas un instant de ces après-midis ou soirées où, si on l'avait laissée respirer, elle aurait peut-être pu se faire des amis.

    Une fois sortie du manoir, c'était simple, habituel: elle ne savait pas où aller. Un soupir lui échappa et elle se dirigea vers sa droite, car cette route l'inspirait plus que les autres, allez savoir pourquoi. Dans sa tête retentissaient les mélodies qu'elle avait précédemment jouées, et les images allaient et venaient derechef. Alice aurait aimé pouvoir transporter son piano comme elle transportait ce qui lui servait d'arme, sa simple aiguille agrémentée d'un quelconque poison. Malheureusement, c'était impossible. Elle n'avait plus qu'à ressasser la musique dans sa tête. Elle fit cela pendant plusieurs secondes, minutes, heures ? Elle n'en savait rien, elle avançait, suivait son instinct, suivait sa musique... Ses sentiments. Chose rare. La belle avait en effet plus l'habitude de refouler ses sentiments. Mais l'intime impression que cette soirée était différente des autres l'animait, et lui permettait de vivre cet instant selon ses émotions. Seulement, ses pieds commençaient à lui faire mal, alors elle ralentissait peu à peu et, à vrai dire, totalement perdue. Elle semblait s'éloigner de tout et s'approcher de nulle part. La nuit était tombée et, si la belle avait voulu retrouver son chemin, cela lui aurait été impossible. Alors, quel autre choix que continuer à avancer ? Ce qu'elle fit, évidemment...

    Son esprit commençait à s'échauffer à mesure que son corps se refroidissait : pas de petite laine, une unique robe aux tissus assez légers -bien que très coûteux- l'habillait. Et elle commençait également à désespérer. Lui aurait-on menti ? Karnevale Avenue ne serait-ce qu'un endroit inventé pour effrayer l'Empereur ? Bien qu'Aliec voulut croire que c'était faux, il fallait bien s'y résoudre : elle n'avait jamais pu y mettre les pieds. Mais, dans ce cas, pourquoi sa tant aimée grand-mère lui en aurait parlé ? Ces questions restaient telles des points d'interrogations qui se baladaient dans la tête de la demoiselle.

    Et puis là, le monde sembla s'arrêter de tourner. Il y avait quelques secondes, Alice vagabondait dans des rues dont elle n'avait pas idée ni le nom ni l'endroit et là... Comme une illusion, une porte s'était dessinée. Immense, faite de bois, ornée d'écritures dorées, elle était imposante et magnifique. Alice s'en approcha, tremblante et incrédule. Peut-être était-elle trop fatiguée, peut-être imaginait-elle cette porte... Ou peut-être était-ce... Karnevale Avenue ? A cette pensée, la belle fut parcourue de frissons de la tête aux pieds. Elle s'avança un peu plus précipitamment, plus maladroite qu'à son habitude, à petits pas rapides. Et déposa sa main aux fins et longs doigts sur la porte, qu'elle caressa d'abord, comme s'il s'agissait d'un cadeau du ciel. Plusieurs minutes s'écoulèrent, tandis qu'Alice observait ce chef d'oeuvre. Elle aimait à imaginer ce qui se cachait derrière cette porte. Un monde rempli de couleurs, de gens ? Un monde qui transpirait la liberté ? Un monde où le mot « bonheur » avait une signification ?

    L'aristocrate poussa la porte, sans y ajouter aucune force. Pourtant, celle-ci s'ouvrit très facilement. Et là, Alice le sut. Elle faisait ses premiers pas à Karnevale Avenue. Oui, c'était sûr. Son coeur battait à cent à l'heure, elle observait chaque recoin sans savoir de quoi il s'agissait, bien trop excitée. Elle ne prêtait pas attention à toutes les personnes qui l'entouraient, elle était comme... Dans son monde. A cet instant, elle pensait plus que tout à sa grand-mère, qui avait sans doute passé la plus grande partie de son temps dans cette avenue. Et ce qu'Alice la comprenait ! Maintenant qu'elle y était, elle aurait voulu y rester pour toujours. Il lui semblait qu'il y avait tant de choses à découvrir.

    Ne sachant pas tellement où elle se dirigeait, la belle blonde poussa une autre porte, bien plus petite que la précédente. Celle ci était forgée dans une petite demeure qui paraissait accueillante, d'où venaient divers gloussements. Elle avança, à pas rapides et assurés, comme si elle venait de découvrir ce monde et comme si elle le connaissait depuis toujours à la fois... Elle n'avait aucune mélodie en tête qui aurait pu coller à ce nouvel endroit mais, à coup sûr, elle en trouverait une ! Car il était accompagné d'une musique, dans le coeur d'Alice, bien que celle-ci ne sut encore la distinguer.

    Et là, tandis que l'aristocrate continuait d'avancer sans trop prêter attention aux gens, elle heurta de plein fouet quelqu'un qui devait être... Grand. Elle se retrouva projetée sur les fesses deux mètres plus loin, quelque peu honteuse mais surtout en colère. Elle leva la tête pour voir à qui elle avait affaire et aperçut un grand brun, qui semblait parfaitement à l'aise dans cet endroit. Avec un air hautain et méprisant, elle lui lança :


    « Vous n'auriez pas pu faire attention ?! »
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Something new ~ [PV Ayden] Vide
MessageSujet: Re: Something new ~ [PV Ayden]   Something new ~ [PV Ayden] EmptyVen 7 Mai - 17:09

Je n’ai pas de dieu. Pas de croyance.
Aucune superstition ne m’angoisse, aucun porte-bonheur ne m’attire, ni par ses promesses ni par sa provenance.
Je ne crois même pas en ce que je vois.
Sphera joue avec mon corps comme un marionnettiste avec l’objet de sa création.
Elle m’a donné le pouvoir de voir les autres rêver. Mais elle ne m’autorise pas ce repos de la conscience.
Alors tous les jours quand mes yeux se posent sur ce village, je me demande,
Est-ce que je m’enterre dans une réalité qui se veut être songe ?


°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~

Ses pieds touchèrent délicatement le sol, alors qu’il venait de sauter de l’arbre immense des rêves. La porte. Comme celle qui autorisait à entrer dans la Karnevale Avenue. Il était exactement pareil, avec les mêmes bordures dorés, les mêmes odeurs et la même texture. La nuit touchait à sa fin, du moins pour lui. Il se sentait aspiré par l’énergie qui poussait son corps à se lever. Un dernier coup d’œil à la chevelure de cette Morphée lui grava l’image des rêves qui débutaient alors qu’un regard à sa robe d’écorce le porta sur les rêves déchus qui s’éteignaient pour laisser place au corps. A la conscience. Il tourna le dos à ce cycle dont il n’était qu’un engrenage infime, et se laissa porter par la mer de ses propres souvenirs.

Ayden se leva lentement. Dans l’obscurité de la pièce, la silhouette de son torse nu se découpa sur le mur alors qu’il s’asseyait dans son lit. Il passa sa main dans ses cheveux, ouvrit les yeux et s’étendit pour allumer la lampe de chevet. Il resta quelques instants dans cette position, fixant le mur en face de lui avec un air concentré. Le réveil. Il détestait se réveiller. Surtout lorsqu’il avait l’occasion de se retrouver devant Morphée, l’arbre rêve. Il l’avait appelé comme cela sans savoir si la jeune déesse des rêves existait vraiment. En tout cas, le surnom collait bien à la vision qu’il avait chaque nuit quand cela se finissait ainsi. Enfin. Le jeune homme était de retour maintenant. Il jeta un coup d’œil au radio-réveil sur sa table de chevet pour se rendre compte qu’il avait en réalité fait une sieste. De deux heures à priori. Un balayage du regard lui permit de réaliser qu’il était dans la maison des hôtes. Bien. Il n’aurait pas le trajet à faire pour satisfaire ses clientes du soir. En parlant de clientes… Avec un sursaut, le brun se dégagea des draps, avant de soupirer de soulagement. Aucune connerie de faite. On ne savait jamais à Karnevale Avenue. Du moins quand on était hôte. Profitant de cet accès d’adrénaline qui l’avait réveillé, il passa ses jambes pour les poser sur le sol et se lever complètement. Si Aaron l’avait vu monté se coucher, Ayden trouverait forcément des vêtements pour la soirée de boulot qu’il allait passé. Avec un léger sourire, il découvrit effectivement la pile, soigneusement posée sur une chaise non loin. Il se dirigea vers celle-ci et commença à enfiler ce qui lui venait sous la main, sans faire gaffe à ce que c’était. Une fois convenablement habillé, il se dirigea vers la table de chevet, attrapa son paquet de clope, un petit poignard qui traînait là et deux trois autres objets, avant de sortir. Si cet endroit s’appelait la maison des hôtes, ça n’était vraiment pas pour rien. Le fumeur, en allumant le bien entre ses lèvres, entra presque aussitôt dans une immense salle de bain, dans laquelle il partit arranger la tenue qu’il portait et vérifier qu’il n’était pas trop ridicule. Cela allait. Costume sobre, avec une queue de pie raisonnable au veston, et une cravate aussi noire que l’ensemble. Il réajusta le mouchoir violet qui pendait de sa chemise blanche et cette fois-ci, descendit dans la pièce principale pour accueillir ses clientes. Soufflant un nuage de fumée, il ouvrit une sorte d’agenda de groupe et posa un doigt sur le nom qui l’intéressait. Avec un léger sourire, il constata qu’il avait encore du temps avant de prendre du service. Tant mieux. Nonchalamment, il s’écrasa dans un pouf près d’un énorme rideau qui cachait un rassemblement de canapés et fauteuils avec une petite table au centre. L’ambiance était comme d’habitude pleine de ces rires soit discrets soit ouvertement partagés, avec ce qu’Ayden qualifiait parfois de « lourdeur » des odeurs. Odeurs charnelles, prenantes, ou odeurs trop entêtantes, odeurs de luxure. Heureusement qu’il avait le droit de fumer à l’intérieur. L’odeur de fumée était toujours plus agréable que tout…

« Ayden, ah vous êtes réveillé. Dites, vous pourriez me rendre un service ? Notre stock de thé est à sec, vous pourriez aller voir monsieur Packerson et lui en demander de la part d’Andy ? »

Le brun tourna lentement la tête pour considérer la personne qui venait de lui parler. Un petit serveur de la maison. Il était agréable, parce qu’il ne parlait pas beaucoup et se contentait de peu venant des hôtes. Alors parfois, Ay’ lui ébouriffait les cheveux. Cependant, il n’était pas trop d’humeur. Il se contenta de se lever, d’hocher la tête, et de se diriger vers la sortie, de son pas des jours pensifs. C’était comme s’il entendait le soulagement d’Andy, derrière lui, et cela lui fit plaisir, quelque part. Un peu d’air le réveillerait peut-être mieux. Même si l’air de l’avenue n’était pas frais à cette heure de la journée, il restait agréable. En tirant sur sa clope, le jeune homme poussa la porte de l’établissement et s’engouffra dans une petite foule qui se dirigeait vers l’avenue commerçante. Monsieur Packerson avait la chance d’habiter près des hôtes, et Aaron était un habitué du salon de thé, qui vendait aussi ses produits au service en place chez leur marché à eux. C’était du donnant-donnant. En échange, les hôtes ne manquaient pas de passer quelques rendez-vous au salon, ou de faire de la publicité pour le fabricant. Ayden s’autorisa un petit sourire. Il aimait cette politique de troc, d’échange équivalent, qu’on mettait souvent en place dans ce village. Les gens avaient la valeur de tout ici. Parce qu’ils souffraient à cause de l’Empereur aux aussi, ils avaient appris certaines choses que la technologie avait failli éradiquer : l’interaction orale. Cela paraissait peut-être étrange, mais avec les ordinateurs et autres portables à écran, émetteurs d’hologrammes… on ne prenait plus le temps d’avoir des vrais rapports. Il semblait au brun que la Karnevale Avenue rétablissait ce point-ci. Il y songeait alors qu’il poussait la porte du salon de thé.

Une fois ses achats faits, le fumeur reprit le chemin de la maison, les idées un peu mieux remises en place. S’il comptait bien, sa prochaine cliente arrivait dans une heure. C’était fou comme, à la fin de l’après-midi, on sollicitait peu son personnage. Cela l’arrangeait quelque part, mais il n’aimait pas être inactif. C’était comme ça que petit à petit, Ayden s’était mis à jouer le petit père des hôtes. Toujours à aider les serveurs, à faire une sieste, à fumer dehors, à réfléchir tout seul, à faire les courses. Un vrai adulte à la retraite. Il ricana légèrement, mais quelque chose d’inattendue le stoppa dans l’hilarité de son image mentale. Il heurta quelqu’un qui tomba devant lui assez pathétiquement. Une jeune femme. Sans quitter son petit sourire en coin, peut-être parce que sa nature d’hôte prenait le dessus face à jolie créature, il allait se baisser pour l’aider à se relever quand une voix presque impérieuse s’éleva.

«
Vous n'auriez pas pu faire attention ?! »

Il sembla à Ayden que son corps entier crissait sous le ton qu’avait pris la blonde. Une femme qu’il aurait trouvée jolie si elle n’avait pas eu cet air supérieur collé au visage comme un masque inapproprié. Elle aurait été belle si elle avait été douce. Enfin, ça n’était pas son problème à lui, il n’était pas comportementaliste pour nobles. Car elle l’était, vu la coupe de sa robe, la matière dans laquelle étaient vraisemblablement faits ses rubans et dentelles. Par courtoisie, le jeune homme effectua une révérence parfaite et posant son sac rempli de thé par terre, mit une de ses mains dans le dos de la blonde, une autre sous ses jambes puis la releva, sans dire un seul mot. Il ramassa ensuite ses affaires et, alors que son regard se voilait d’un mépris presque identique, le rendant presque effrayant, il réajusta sa cravate et répondit.

«
Vous me voyez terriblement désolé de marcher sur le trottoir duquel on se rend habituellement chez les hôtes mademoiselle. »

Elle était peut-être nouvelle. A en juger par les regards surpris qu’elle jetait tout autour d’elle, cette femme ne connaissait pas l’endroit où elle posait les pieds. De plus, elle avait l’air assez fatigué, ou du moins, d’avoir marcher longuement, pour tomber de la sorte à cause d’une légère collision. Enfin, ses bras étaient un peu souillés, signe qu’elle venait sûrement de l’extérieur de la Karnevale Avenue. En tout cas, elle n’avait pas visité l’avenue commerçante, car certaines de ses connaissances n’auraient pas laissé une jeune femme dans cet état, même si pour Ayden ça n’était rien de dramatique. Il s’intéressa plus particulièrement à elle. Ses yeux étaient magnifiques, d’une nuance entre le bleu et le vert qu’il n’arrivait pas à définir avec des mots. Ses mains étaient fines et longues, des mains de pure pianiste. Ses cheveux étaient si bien entretenus qu’on aurait dit ceux d’une poupée. S’il n’avait pas été lui, il serait peut-être tombé amoureux de ce physique. Seulement, le McLayten n’était pas attiré pour si peu. Néanmoins, il était dans un bon jour. La colère ayant quelque peu régressée, il passa sa main dans ses cheveux, fit tomber la cendre de sa cigarette et proposa, les yeux désintéressés et dans le vide.

«
Puis-je vous aider pour vous manifester ma bonne volonté ? »

Il savait ce que c’était, d’être fier de soi, d’être quelqu’un, et de rentrer à Karnevale. Il savait ce que c’était que de perdre d’un coup l’assurance que l’on pensait avoir, les repères que l’on s’était persuadé de posséder. Et ça n’était pas agréable. Loin de là. Il se demandait de ce que rêvait la blondinette avant de venir ici. Parce que, dorénavant, il saurait de toutes manières ce qu’elle rêverait après être passé dans l’endroit onirique. Cauchemardait-elle ? Il haussa un sourcil en plantant ses iris sauvages dans celles, indéfinissables, de sa jolie partenaire de bousculade.


~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°

Morphée, si toi seul deviens un jour la déesse de mon existence,
Prend en otage cette avenue où sorcières et princes
Font de la barrière que j’avais créée entre rêves et réalité
Un simple parapet, bien faible et tremblotant, auquel je m’accroche
Pour ne pas me perdre,
Je ne sais plus ce qui est.
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Something new ~ [PV Ayden] Vide
MessageSujet: Re: Something new ~ [PV Ayden]   Something new ~ [PV Ayden] EmptySam 8 Mai - 21:17

    Alice aurait pu être heureuse de cette découverte. Karnevale Avenue, ce lieu qu'elle avait cherché depuis tant d'années, était sous ses pieds. Ou même ses fesses. Elle en avait vu l'extrême beauté, elle avait senti la liberté, touché le bonheur du bout des doigts, comme elle effleurait les touches de son piano. Mais le ridicule avait pointé le bout de son nez, avait chamboulé la bonne humeur de l'aristocrate pour la rendre exécrable. Et puis, d'abord, où était-elle ? C'était ça, Karnevale Avenue ? Un lieu où chacun gloussait, où personne ne faisait attention où il mettait les pieds ? Un lieu où on l'ignorait, elle ? Alice ressentit une pointe de déception. En effet, lors de son entrée dans cet endroit, elle s'était sentie remplie d'excitation, de joie, de musique, d'émotions. Mais un goût amer s'était à présent imposé à elle. Elle avait sans doute trop attendu de 'Karnevale Avenue'. La belle blonde repensa aux paroles de sa grand-mère, juste avant de mourir... Si elle avait parlé de ce lieu, c'est qu'il renfermait quelque chose de spécial, non ? Mais alors, quoi ? De beaux jeunes hommes, seulement ? Si c'était ça, Alice en avait autant qu'elle voulait à l'extérieur. Mais d'ailleurs, elle n'en voulait aucunement. Pas des 'comme ça'. Dépourvus de sentiments mais animés par des envies animales générées par un seul endroit de leur corps. Ou bien le désir de se remplir les poches. Ce n'était décidément pas son but dans la vie, de se familiariser avec des gens comme ça. Mais elle s'égarait.

    Elle leva les yeux pour observer son interlocuteur, ou celui qui l'avait fait tomber pathétiquement. Elle ne le portait pas dans son coeur, ça, c'était déjà une chose de sûre. Si leur rencontre s'était déroulée d'une meilleure manière, pourquoi pas, mais là... Et puis, elle se sentait complètement ridicule, au sol, de la sorte. Mais le fait est qu'elle avait terriblement mal au coccyx. La blonde haussa un sourcil tout en poursuivant son observation du fautif : il semblait grand, oui, très grand, et habillé de manière assez sobre mais convenable. Il portait un simple costume qui l'aurait sied à merveille s'il n'avait pas fait tomber Alice quelques secondes auparavant. Car, à partir de maintenant, elle lui trouverait tous les défauts possibles. A commencer par son air détaché de tout, qui insupportait d'ores et déjà l'aristocrate. Cette dernière était irritée, elle ne pouvait néanmoins pas se mentir à elle-même au point de dire que l'homme n'était pas fort bien bâti. Il paraissait en effet assez vigoureux. Les traits de son visage étaient quant à eux à la fois fins et bien dessinés, mais très masculins. Alice trouvait disgracieuse la cigarette qui sortait de sa bouche, bien que cela en aurait fait fondre plus d'une. Mais la blondinette exécrait cette odeur et, à tous les coups, cela la faisait tousser. Elle lança un regard méprisant à l'homme qu'elle venait de heurter et qui l'avait fait tomber sottement. Elle pensa toutefois qu'il ne l'avait sûrement pas remarqué, trop occupé à tirer sur sa cigarette. L'aristocrate n'aimait décidément pas cela. Ne trouvait-on pas des gens de goût, à Karnevale Avenue ? Non pas qu'elle jugeait ce jeune homme dès maintenant mais... Si, elle le jugeait. Et, d'après elle, son jugement était fondé : cet homme n'était pas raffiné, c'était impossible. Il ne prêtait aucune attention à ses faits et gestes et agissait comme un idiot, tout simplement. Qui plus est, il était un fumeur. C'était le comble.

    Alors qu'Alice mélangeait ses constatations dans sa tête, elle fut ramenée au monde par la révérence que fit le coupable de sa chute. Le paroxysme de la condescendance, pensa-t-elle. Il se prenait pour qui ? Pensait-il qu'il était supérieur à Alice ? Il ne pouvait aucunement l'être. Non. Définitivement non. La blonde serra les dents et détourna le regard, ne souhaitant absolument pas croiser celui de l'homme face à elle. Il devait être dédaigneux, certainement. Alice pensait tout un tas d'horreurs au sujet de l'homme qu'elle avait face à elle, et elle repensait à tous les imbéciles qui osaient se prétendre supérieurs à elle. Toutefois, une partie d'elle-même savait qu'elle faisait à ce moment un jugement à l'emporte pièce, mais l'autre partie ne voulait décidément pas l'admettre. La seconde branche étant plus importante, la blonde se fia à celle-ci. C'était d'ailleurs bien plus dans son caractère d'exécrer les gens que de les porter dans son coeur. Qui avait-elle dans son coeur, après tout ? Sa petite soeur, évidemment, puis feue sa grand-mère. Voilà tout. Personne d'autre n'occupait une quelconque place dans ce petit amour. Et elle ne souhaitait pas que quiconque s'y introduise. Si ce n'est... Ah ! Elle ne voulait pas y penser. Elle ne devait pas y penser. Elle avait ses rêves, ils lui permettaient parfois de vivre plus heureuse, mais elle savait qu'ils ne se réaliseraient pas. Croire en ses rêves, c'était stupide. Elle le savait. Pertinemment. Pourtant, il lui était impossible de s'en empêcher... Puis, Karnevale Avenue n'était-il pas censé être l'endroit de tous les rêves, de toutes les libertés, de l'espoir ?.. L'aristocrate n'y voulait pas penser, car elle se sentait d'ores et déjà désillusionnée par cet endroit. Et des désillusions, combien en avait-elle déjà eues... Beaucoup. Beaucoup trop, même. Elle ne voulait pas en subir plus. Enfin, maintenant qu'elle était à Karnevale Avenue, autant en profiter. Et puis, elle savait à présent comment s'y rendre... Plus ou moins ! Se perdre, c'était une bonne solution, non ?

    Alice voulait se relever. Elle tenta d'appuyer sur ses mains. Et sentit une douleur lancinante dans son postérieur. Elle rougit. A la fois de colère et de honte: cette sensation d'être à la merci de quelqu'un, qui que ce soit, lui était insupportable. Mais elle le vit s'approcher, dangereusement et, alors qu'elle songeait à s'éloigner, il était déjà là, juste à côté d'elle. Il posa une main dans son dos, et une sous ses jambes, avant de la relever. L'aristocrate se sentit bouillir. D'où se permettait-il d'agir ainsi? Elle ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam. La blonde voulut se débattre, mais son fessier la faisait souffrir à un point que, si elle tentait de bouger la partie inférieure de son corps, elle devait se mordre les lèvres pour ne pas crier. Elle fut ainsi relevée par le jeune homme, et ce contre son gré. Elle ne se priva pas de lui lancer derechef un regard méprisant, mais était trop perturbée par la douleur que lui procurait son arrière train pour lui faire une quelconque remarque. Une fois debout, l'aristocrate dépoussiéra avec dédain sa robe. Celle-ci était bonne pour les ordures, maintenant. Elle se mordit les lèvres pour éviter de lancer une insulte à l'homme responsable de cela et mit sa main dans le bas de son dos, comme si cela allait la soulager d'une quelconque manière. Ce qui évidemment ne fonctionna pas. Elle feint toutefois d'aller bien, car elle s'était déjà assez couverte de ridicule pour la soirée. Alice observa à nouveau son interlocuteur et vit que son regard était teinté de mépris également. Chose qu'elle ne supporta pas. D'où s'autorisait-il ce regard ? C'était bien lui qui l'avait faite tomber, et pas le contraire. L'aristocrate replaça une mèche de cheveux derrière elle avec condescendance et s'apprêta à dire quelque chose, mais le jeune homme l'en empêcha :

    « Vous me voyez terriblement désolé de marcher sur le trottoir duquel on se rend habituellement chez les hôtes mademoiselle. »

    Ah, ce qu'Alice détestait qu'on lui parle de la sorte, encore une fois comme si on lui était supérieur. Car il ne lui était pas supérieur ! La belle fronça les sourcils et se mordit la lèvre, excédée par le ton ironique et sarcastique que le brun osait prendre. Si elle avait pu, la blonde lui aurait tourné le dos et serait revenue sur ses pas, revenue vers sa demeure, vers son piano, son cher piano. Son unique allié. Mais comme elle ne pouvait pas, à cause de ce qui lui servait de coccyx, elle resta de marbre, gardant son regard méprisant. Ses doigts pianotaient le long de son corps pour manifester son énervement, et aussi pour se détendre, en pensant à diverses mélodies. Mais ça ne marchait pas. Et, comme si cela ne suffisait pas, l'homme reprit la parole :

    « Puis-je vous aider pour vous manifester ma bonne volonté ? »

    Alice soupira. Autre signe de sa colère mais aussi de sa désillusion. Bien sûr que non, il ne pouvait pas l'aider ! Il venait de lui briser le coccyx, de la rendre d'humeur exécrable, elle avait envie de rentrer chez elle mais ne pouvait pas, elle était bloquée dans ce stupide endroit, mais évidemment, il pouvait l'aider ! Elle aurait aimé lui crier tout ça mais, avec les bonnes manières qu'on lui avait apprises, elle savait se maîtriser. Il avait plongé ses iris dans les siens, et elle joua le jeu, faisant de même. Elle se décala donc d'un pas pour s'appuyer au mur à côté d'elle et observa pendant plusieurs secondes son interlocuteur, les lèvres pincées et l'air sévère. Puis, elle ferma les yeux l'espace d'un instant, espérant se calmer. Elle repensait à sa musique et déjà son esprit vagabondait ailleurs. Elle ne sut pas combien de temps passa avant qu'elle ouvrit les yeux à nouveau, mais l'homme était toujours face à elle. Elle lui lança :


    « Il me semble que présenter vos excuses pour m'avoir percutée serait déjà une bonne chose, mais vous n'y semblez pas disposé, ainsi, m'indiquer un endroit où je pourrai me reposer, souper et coucher serait déjà un bon début. »

    Alice resta figée près de son mur, espérant que le brun allait juste lui indiquer l'endroit, et non l'y mener, car elle ne voulait en aucun cas lui montrer sa déchéance actuelle. La belle se sentait pitoyable, incapable d'aligner cinq pas. L'aristocrate plongea son regard, plein de mépris, dans celui de l'homme, et devina que quelque chose était peu commun chez lui. Elle perdit un peu sa haine, mais se sentit déstabilisée. Par lui, par sa chute, par tous ces éléments qui arrivaient d'un coup. La blonde se sentait épuisée, et son regard s'adoucit -un tout petit peu-, quand elle pensa à un endroit où manger et dormir. Et écouter de la musique, profiter de l'art, évidemment. Ce serait un point non négligeable. Ce lieu si prisé aimait forcément l'art, ça ne pouvait être autrement. Sinon, elle n'y retournerait sans doute plus jamais. Elle reprit :


    « Et je vous serais fort grée de vous dépêcher, je commence à me sentir épuisée. »

    En vérité, elle voulait surtout s'éloigner de lui, car quelque chose lui disait qu'il n'était pas tout à fait... Normal. Elle n'avait pas peur de lui, non, car Alice n'était pas une trouillarde, si ce n'est quand il s'agissait de poussins, mais il la mettait mal à l'aise, maintenant qu'elle se concentrait plus sur lui. Et elle détestait cela par dessus tout. Elle détourna son regard du brun et continua de pianoter inlassablement sur sa jambe.
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MessageSujet: Re: Something new ~ [PV Ayden]   Something new ~ [PV Ayden] EmptyDim 9 Mai - 21:43

    Intrigante. Intrigante et énervante. Si Ayden avait été pressé, il aurait rapidement élucidé la question de la bousculade et serait aller s’avachir dans la maison des hôtes. Pourquoi restait-il ici, à regarder une noble, une espèce qu’il détestait par cet ego surdimensionné, par ces places privilégiés dans les bibliothèques, librairies et musées. Cette classe qu’il détestait par leur hypocrite manifestation d’allégeance au roi. Ces gens qui ne méritaient que le cauchemar, le cauchemar et rien d’autre que les songes effrayants qui les hantaient pour leur faire réaliser la place de petites souris qu’ils occupaient sur cette planète. Calme. Rien ne lui indiquait encore que la jeune femme rentrait dans tous ses critères de la noblesse. Il lui fallait comprendre. Comprendre pourquoi elle l’intéressait malgré tout, pourquoi il appréciait la lueur dans ses yeux indéfinissables. Il s’autorisa un rictus, loin d’être une preuve de sa supériorité sur elle, qu’il ne revendiquait même pas. Supériorité, infériorité… Des termes insensés. Il n’y avait, entre les êtres humains, aucun critère qui permettait de les comparer de la sorte. Car si l’un était calme, l’autre était plus rusé. Si l’une se sentait plus noble que l’autre, elle perdait en magnificence dans la bêtise de son idée. Echange équivalent, encore une fois. Si Ayden avait pu être diplomate, son programme aurait tourné autour de ces deux simples termes. Enfin. Inutile de penser au passé. Il n’y avait devant qu’un présent bien chaotique. Une routine étrange à vrai dire. Se lever, aller voir les hôtes, travailler. Errer quand le temps le lui permettait. Le fumeur était quelque peu perdu. Karnevale Avenue l’avait perdu dans une multiplicité de possibles qui l’avait étourdi. Une multiplicité d’origine, de caractères, d’activités qui semblaient illégales ou non. Avait-il réellement sa place ici ? Qu’attendait-il exactement ? Surtout, qu’attendait-il de sa vie, maintenant qu’il avait compris à quel point son monde était pourri, jusqu’à la moelle ? Il avait l’impression que bientôt, il allait disparaître. S’étourdir dans une folle nuit, s’évaporer dans les nuages d’alcools. Ou plus grave. Se faire aspirer par un arbre chimérique bien plus grand et plus étourdissant qu’une multiplicité de possibles vies. La multiplicité des rêves. Il était totalement obnubilé par son Karneval. Karneval. Un mot qui n’avait pas du tout ce sens dans une ancienne langue bien oubliée. Durant un instant fou de pensive envolée, Ayden leva la tête vers les étoiles, totalement absent. Se pourrait-il qu’un jour il comprenne comment redresser la sphère ? Etait-ce son rêve ? Il ne lui semblait pas qu’il souhaitait vraiment se mêler des affaires de l’empereur. Il en avait déjà bien bavé avec les semaines, le mois de filature où chaque personne qui avait eu le malheur de lui parler s’était retrouvée ensuite en garde à vue pour qu’on puisse le retrouver. Il avait foi en Karnevale Avenue. Derrière cette agitation oisive, derrière ces passe-temps immoraux parfois, se cachait quelque chose. Une force bien réelle ou bien qu’il s’imaginait. Peu importait. Il posa ses yeux sur la jeune femme. Elle avait mal au coccyx. Evidemment. Elle était fragile. Il acquiesça mentalement avec son idée. Ce qu’elle cherchait ici, elle ne le trouverait pas de cette manière, et, même si elle était désagréable, Ayden avait du mal à se promener dans les rêves de désillusions.

    Il la guiderait, du moins, jusqu’à ce qu’elle décide qu’il n’avait plus rien à faire autre part que dans ses rêves.

    Il commença par écraser sa cigarette au sol, vrillant ses pupilles sombres dans celles de la blonde. Cela l’importunait, il avait bien vu la petite grimace, ce petit mouvement de nez, qui avait marqué sa révulsion envers ce que lui appelait son onirique évasion. Il ne retint pas son rictus lorsqu’il comprit qu’elle le détestait. Peu lui importait. Cette fille devait sûrement détester la terre entière, encore plus maintenant qu’elle se retrouvait déshonorée par un événement qui dans son esprit faisait aussi mouche que si elle avait été violée. C’était intéressant comme image. Le Ayden qui avait peur de commettre chaque jour une bêtise avec ses clientes violait l’honneur d’une noble attirée par les légendes de cette ville. Il en aurait bien rit s’il n’avait pas été le McLayten que tout le monde connaissait. Il porta un regard doux sur les doigts qui pianotaient le long de la robe souillée de la petite femme. Reconnu l’air, par ce rythme qui avait bercé ses lectures, qui les berçaient encore parfois.

    «
    Lettre à Elise de Beethoven. Les premières portées ont toujours été celles qui évoquaient le plus de couleurs dans ma tête. »

    Il forma une sorte de sourire, relevant une seule partie de ses lèvres dans une grimace assez maladroite. La manière d’Ayden de sourire sincèrement. Elle s’en moquerait sûrement mais, il s’en fichait pour être franc. Si aucun des deux ne faisait l’effort de stopper son mépris parfois, rien n’avancerait. Pas qu’il veuille s’en faire une amie, loin de là à vrai dire pour le moment, mais il lui devait quand même l’aide qu’il lui proposait.

    Elle était jolie lorsqu’elle fermait les yeux.

    «
    Il me semble que présenter vos excuses pour m'avoir percutée serait déjà une bonne chose, mais vous n'y semblez pas disposé, ainsi, m'indiquer un endroit où je pourrai me reposer, souper et coucher serait déjà un bon début. »

    Sa voix était cependant grinçante. Si désagréable. Une voix forcée, il en était sur. Même les femmes les plus méprisantes ne l’étaient pas à cause de leurs cordes vocales. Il fronça les sourcils puis, haussa les épaules. N’avait-elle réellement pas conscience de là où elle était ? Pensait-elle que si elle donnait son nom de famille, des personnes allaient accourir de partout pour la porter sur une litière et lui donner des mets rares, pour enfin l’emmener directement chez il ne savait quelle comtesse ? Il avait envie de rire. Il se rappelait d’une histoire à propos d’une jeune femme à peu près identique au niveau du caractère. On l’avait retrouvée dépecée de tous ses biens, décoiffée, désillusionnée, peut-être bien pire. A vrai dire, cela ne l’avait pas touché. Ces histoires ne le touchaient pas lorsqu’il ne pensait qu’au bon côté d’un lieu comme celui-ci. Voilà où menait le sentiment de culpabilité pour une fesse endommagée bien moins qu’un ego, à mener un combat entre l’envie de la laisser planté là pour lui donner une bonne leçon, et les valeurs qu’il prônait chaque jour. Soupir. Il ferma les yeux et ébouriffa ses cheveux. Malheureusement, il ne put s’empêcher de prendre un ton plutôt cynique alors qu’il répondait.

    «
    Il me semble que la faute revient à moitié l’un comme l’autre. Vous m’auriez de toute évidence évité si vous regardiez devant vous également, Mademoiselle. Cependant, vous me voyez navré que cet incident prenne cette ampleur et que vous soyez blessée de la sorte. »

    Il désigna du menton la fine main qui s’était posée quelques minutes plus tôt dans le creux du dos de la noble sans toutefois quitté son visage neutre, peut-être même froid. Un endroit où la jeune femme pourrait faire autant de choses à la fois. Gratuitement qui plus était. Parce qu’il ne pensait pas que sous cette robe se cachait un porte-monnaie de la taille équivalente au compte bancaire qui allait derrière. Il en était plus que navré, mais le seul endroit qu’il envisageait se trouvait être son propre domicile. Une légère grimace déforma les contours de ses lèvres. Ephémère. Elle ne réaliserait pas, de toutes manières, la rareté d’une visite chez Ayden McLayten. Elle ne verrait pas ses cadres photos, puisqu’il les coucherait aussitôt. Elle ne s’intéresserait pas à ses livres, ni à la guitare dans un coin de sa pièce et aux partitions de pianos qui traînaient ci et là. Puisque de toutes manières…

    «
    Et je vous serais fort grée de vous dépêcher, je commence à me sentir épuisée. »

    Il frissonna. Planta un regard terriblement méprisant dans les yeux de la blonde. Cette fois-ci, il lui semblait que rien ne pourrait l’empêcher de lui dire, de lui mettre devant l’esprit, si tant était qu’elle en avait un, que les lois d’un monde ne s’appliquaient pas ici. Penser à autre chose. Peut-être aimerait-elle la boulangerie en dessous de chez lui qui ne proposait que des confiseries bleus, allant des croissants aux mille-feuilles. Oh, et puis merde. Cette petite noble le méritait après tout. En fronçant les sourcils, signe qu’il était vraiment en colère, Ayden se lança.

    «
    Est-ce que vous savez au moins où vous êtes ici ? Si chez vous, vous n’avez qu’à claquer des doigts pour qu’une centaine de chiens viennent vous lécher les pieds, à Karnevale, on se fout de votre naissance. On se contrefiche d’où vous venez. Ici, chacun devient la valeur de son être. Croyez-moi quand je suis arrivée ici, j’ai très vite déchanté moi aussi. Et je n’ai pas eu l’occasion de bien débuter en bousculant quelqu’un qui offrait son aide malgré le ton désagréable que j’aurais pris aussi si cela était arrivé. Maintenant, je comprends que vous ayez mal, que vous soyez blessée dans votre ego de noble qu’on enferme dans une bulle de cristal, mais si vous êtes arrivé à Karnevale, c’est qu’il est temps pour vous de devenir vous et pas la fille d’untel. »

    Son regard s’adoucit alors qu’il terminait de parler. Maintenant, il ne serait plus en colère, peu importait ce qu’elle lui disait. Maintenant, il était vraiment prêt à l’analyser. Vraiment attentif à ce qu’elle allait devenir. Il souhaitait quelque part qu’elle allait cesser d’avoir cette attitude méprisable, et qu’elle allait enfin se montrer sous un autre jour, le véritable, peut-être plus mauvais encore que ce qu’il voyait, peut-être meilleur. C’était sûrement dur de descendre de son piédestal d’un coup. Petit noble qu’il commençait à être avant de venir ici, ça avait été dur pour lui. Il eut une vague pensée de remerciement pour Aaron. Puis, vidé de toute force de mépris, il s’avança vers la blonde et lui proposa son coude.

    «
    J’ai peur que vous emmener dans l’avenue soit un peu désagréable pour une première visite, et les nombreux regards sur vous assez dur à supporter. Si vous le voulez bien, je voudrais vous mener chez moi, afin de vous proposer quelques onguents et un médicament pour la douleur. Ensuite, vous ferrez ce que vous voulez. Cela ne me regardera plus. »

    Jamais Ayden n’avait autant parlé depuis longtemps en omettant les clientes. C’était dur de négocier pour le devoir d’aider une jeune femme. C’était son devoir d’hôte. Plus que recevoir des clientes, plus de faire plaisir et rougir des jeunes filles, le brun se donnait le devoir d’aider les jeunes femmes qu’il pouvait aider. Parce que les rêves féminins étaient plus doux peut-être, et parfois plus agréables à visiter. Parce que toute femme qui se prétendait forte était en réalité faible. Et tout simplement parce qu’Ayden McLayten était au fond de lui, quelqu’un de bien. Malgré toute son adolescence en ermite, malgré l’empereur, malgré la noblesse, malgré tout cela. Il gardait foi en l’être humain.

    Parce que de toutes manières, il en faisait ce qu’il voulait…
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MessageSujet: Re: Something new ~ [PV Ayden]   Something new ~ [PV Ayden] EmptyDim 9 Mai - 23:17

    Si l'on devait conter, assez sommairement, la situation, Alice aurait dit qu'il s'agissait là d'une chose bien ridicule, bien regrettable. Entrer quelque part, heurter malencontreusement quelqu'un, s'en faire son ennemi dès les premières paroles. La fin de cette situation était toutefois dans les habitudes de l'aristocrate : se faire haïr. Elle avait coutume de dire que cela l'importait peu. Parfois, cette affirmation était véridique. Parfois... C'était un gros mensonge qu'Alice se montait dans la tête, et auquel elle finissait presque par croire. S'il s'agissait d'un mensonge, c'est parce qu'au fond d'elle, la blondinette était plus sensible qu'il n'y paraissait et, se faire aimer est quelque chose de naturel. Elle n'était pas si différente des autres, ainsi son manque de relations amicales, sincères, basées sur la confiance, la desservait. Et, une fois de plus, il semblait à l'aristocrate qu'elle se faisait un ennemi. Non, il ne lui 'semblait' pas, c'était sûr. Comment pourrait-elle se faire des amis, de toute façon ? C'était tout bonnement impossible. Elle était capricieuse, hautaine, contradictoire... Bref, insupportable. Elle laissait paraître qu'elle valait mieux que tout le monde, mais le pensait-elle réellement au fond d'elle ? Parfois oui, parfois non. Il lui arrivait de regretter son comportement, et de se dire que sa manière de traiter les gens n'étaient pas bien. Mais qui était là pour juger du bien et du mal ? Alice se le demandait. Peut-être était-ce à elle de juger ses propres actes, peut-être aux autres... Enfin, ces derniers ne se privaient pas de le faire. Mais tout cela lui serrait le coeur, et elle n'avait personne à qui en parler : sa soeur, trop jeune, ne comprendrait pas et savoir qu'Alice se sentait, parfois, mal, l'aurait rendue triste. Quant à sa grand-mère, elle était décédée. Alors, qui lui restait-il ? Évidemment, elle jouait pour exprimer ses émotions, mais personne ne les comprenait. Personne ne lui disait « je comprends ce que tu ressens et je veux t'aider ». Personne. L'aristocrate les blâmait. Elle aurait aimé que les autres fassent le premier pas vers elle. Ceci dit, quand elle y pensait... Cela n'arrivait-il pas, qu'on lui parle sans faire de détour comme étaient habitués à le faire les nobles ? Et n'était-ce pas elle qui les rejetait ? Alors... Est-ce que tout était de sa faute ?

    Alice pouvait aisément rapprocher ces constatations à la situation qui était en train de se dérouler. Elle était l'actrice de son propre mal, et elle le rejetait pourtant sur son interlocuteur. Elle lui avait dit qu'il était le fautif, elle s'en était fait un ennemi, et n'avait pas saisi la chance de se rapprocher de quelqu'un qui avait pourtant l'air très raffiné... C'est vrai, après tout, il avait reconnu Lettre à Elise, de Beethoven, n'était-ce pas là une preuve de son raffinement ? Malgré tout, elle avait parlé avec mépris et condescendance. Et avait fini par le haïr. Mais cette haine n'était-elle pas sa propre haine ? La belle soupira, perdue dans ces constatations, se disant qu'elle n'arriverait jamais ô grand jamais à nouer une quelconque relation basée sur la confiance. Qui plus est, le brun lui avait bien montré que ce n'était pas entièrement sa faute à lui, comme elle voulait le croire, mais aussi à elle. Mais elle ne présenterait pas ses excuses. Faire une telle chose était au dessus de ses forces. Après tout, elle avait vécu dans la fierté, elle avait grandi dans un monde où tout le monde la choyait -bien que personne ne l'ait fait comme elle l'aurait souhaité-, où l'on lui disait qu'elle jouait fantastiquement bien et tant d'autres choses... Alice avait fini par y croire et avait grandi sur son propre piédestal.

    La blonde revint sur terre et observa l'homme qui se tenait toujours face à elle. Elle voulait en finir avec cette histoire. Elle voulait rentrer à son manoir, être seule, vraiment seule, elle voulait éclater en sanglots -chose qu'elle ne se permettait habituellement pas-, et jouer du piano... Mais elle n'allait pas pouvoir faire tout ça, car elle était coincée dans cette stupide avenue, dont elle avait attendu tant de choses... Qui n'étaient finalement pas apparues. La liberté, le bonheur, la consécration de ses rêves. Et le regard méprisant de son interlocuteur se posait également sur elle. Ce qu'elle détestait cela. Qu'on la haïsse. C'était pourtant elle qui faisait naître ces sentiments chez ses rencontres à chaque fois. Elle ne pouvait simplement pas s'en empêcher. Son 'faux elle' était en passe de devenir son 'vrai elle', et si personne ne l'aidait à changer, elle serait vraiment quelqu'un de détestable pour le restant de ces jours. Mais ces manières qu'elle avait d'agir l'aidait à se protéger. Elle ne savait pas réellement pourquoi, sa sensibilité était cachée au fond d'elle, masquée par une méchanceté à toute épreuve et une belle hypocrisie agrémentée de caprices d'enfant. Peut-être le milieu dans lequel elle avait grandi avait entretenu ce côté hautain de la belle, également. Alice n'avait pas des réponse à tout cela, elle se contentait de continuer à vivre de la sorte, pleine de regrets mais aussi de rêves. La belle avait réellement envie de s'adoucir, d'être quelqu'un d'appréciable, mais cela lui était totalement impossible tant qu'elle ne faisait pas confiance. Et ça, c'était un problème, car elle n'accordait sa confiance à... Personne. Et qui en voulait, de sa confiance, de toute manière ? Personne, sans doute, car elle n'était qu'une aristocrate capricieuse, hautaine, qui n'avait qu'une chose dans sa vie : son piano. Le regard perdu vers le visage du brun, elle fut rappelée à l'ordre par le ton sec qu'il prit pour lui parler :

    « Est-ce que vous savez au moins où vous êtes ici ? Si chez vous, vous n’avez qu’à claquer des doigts pour qu’une centaine de chiens viennent vous lécher les pieds, à Karnevale, on se fout de votre naissance. On se contrefiche d’où vous venez. Ici, chacun devient la valeur de son être. Croyez-moi quand je suis arrivée ici, j’ai très vite déchanté moi aussi. Et je n’ai pas eu l’occasion de bien débuter en bousculant quelqu’un qui offrait son aide malgré le ton désagréable que j’aurais pris aussi si cela était arrivé. Maintenant, je comprends que vous ayez mal, que vous soyez blessée dans votre ego de noble qu’on enferme dans une bulle de cristal, mais si vous êtes arrivé à Karnevale, c’est qu’il est temps pour vous de devenir vous et pas la fille d’untel. »

    A l'écoute de toutes ces remarques, Alice frissonna. Elle se sentait en colère, énervée, haineuse et terriblement, terriblement... Vexée. Blessée. Touchée dans son orgueil. Comment une personne qu'elle ne connaissait que par une courte bousculade pouvait la cerner à ce point ? Et comment pouvait-il la chambouler à ce point ? Bien sûr, des remarques, elle avait l'habitude d'en recevoir. Mais pas de cet acabit. D'habitude, il s'agissait plutôt de langues de vipères qui crachaient dans son dos... Lui, cet homme, lui avait dit tout cela en face. Alice se mordit la lèvre du bas. Son coeur s'était emballé lorsque le jeune homme avait prononcé ces mots : « Ici, chacun devient la valeur de son être ». Alors, c'était ça, Karnevale Avenue ? La blonde s'était lamentablement plantée sur ce lieu. Elle l'avait d'abord admiré car elle l'avait enfin trouvé, puis haït à cause de sa déception, car tout ne lui était pas tombé dans le creux de ses mains. Puis, maintenant... Elle arrivait à percevoir ce qu'était ce lieu, grâce à cet inconnu qui venait juste de déverser sa colère sur elle. Ici, elle allait pouvoir être... Elle-même ? Elle allait pouvoir être appréciée pour ce qu'elle était et non pour son rang ? L'aristocrate avait du mal à le croire. Elle s'était d'ailleurs habituée à ce qu'on balbutie lorsqu'elle prononçait son nom, à ce qu'on lui fasse des courbettes et à se qu'on cède à ses caprices. Elle commençait à l'apprécier et son mode de vie était presque uniquement basé là-dessus. Devenir 'elle'... Alice se demandait si une telle chose était possible. Elle n'arrivait même plus à discerner qui elle était. Est-ce qu'elle était cette jeune femme sensible, qui rêvait d'aventures et de prince charmant, ou était-elle cette aristocrate hautaine, imbue d'elle-même ? Est-ce que Karnevale Avenue allait lui permettre de se découvrir, finalement ? Elle espérait, fort...

    Et, en repensant aux paroles prononcées par le brun, elle se sentit rougir. De honte, de tristesse, de regrets. Les larmes lui montaient aux yeux. Elle avait détesté cette sensation d'être mise à nue, car cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Et elle se sentait d'ailleurs encore nue. Elle haïssait et adorait cet inconnu. Et ce pour la même raison: il lui avait dit ce qu'il pensait en face, et ses pensées se révélaient véridiques... Alice combattit contre les larmes, et remporta son combat. Mais les larmes vinrent se loger au fond de son coeur, serré, touché en plein milieu par ces paroles. Ah ! Elle aurait voulu n'avoir aucun sentiment, elle aurait voulu être un robot ! Non... Car si elle avait été une machine, elle n'aurait pas pu faire de musique, cette chose à laquelle elle tenait tant. Son esprit contradictoire se manifestait une fois de plus, et le combattre également était au dessus de ses forces. Car la belle se sentait vidée. Le chemin parcouru pour arriver à Karnevale Avenue, la chute qu'elle venait de faire... Toutes ces choses physiques l'avaient vidée, mais les paroles que l'inconnu avait prononcées lui avaient porté un coup fatal, qui l'avait fait baisser les armes. Alice soupira derechef, ne souhaitant répondre aux paroles du brun et s'attendant à ce que ce dernier parte et la laisse seule. Ce qu'il ne fit pas, puisqu'au contraire, il s'approcha un peu plus d'elle et lui proposa son coude, ce qui étonna la belle Alice.

    « J’ai peur que vous emmener dans l’avenue soit un peu désagréable pour une première visite, et les nombreux regards sur vous assez dur à supporter. Si vous le voulez bien, je voudrais vous mener chez moi, afin de vous proposer quelques onguents et un médicament pour la douleur. Ensuite, vous ferrez ce que vous voulez. Cela ne me regardera plus. »

    La blonde, interloquée par la proposition de l'homme, se sentie d'abord assez déstabilisée. Elle n'avait pas pour habitude d'aller chez des gens qu'elle venait de rencontrer. Elle n'avait d'ailleurs pour habitude d'aller chez personne. Mais ici, elle était à Karnevale Avenue... Si ce nom signifiait un recommencement, elle devait sans doute changer ses habitudes pour y contribuer. Pour changer. Pour devenir elle-même. Mais une question se posa à elle, à cause de qu'avait dit le brun: les regards posés sur elle auraient-ils été signes... Qu'elle n'avait pas sa place ici ? Qu'elle aurait dû rester à l'endroit d'où elle venait, c'est-à-dire ce monde de la noblesse qui l'avait entretenue dans cette exaltation d'elle-même et ce déni des autres ? Malgré ces hésitations, la blonde savait qu'elle n'avait d'autre choix que de se laisser conduire chez le jeune homme. Ainsi, avec les mains tremblantes et les yeux rougis par ses précédentes larmes, elle saisit le bras du brun. D'une voix tremblotante, elle lui lança un mot qui déchira son coeur :

    « Merci... »

    Qui déchira son coeur tout simplement car il était sincère. Et parce qu'elle n'était aucunement habituée à remercier qui que ce soit honnêtement, et encore plus un inconnu. Ce dernier commençait d'ailleurs à chambouler la jeune femme. Premièrement, il l'avait mise à nue, puis ensuite, il avait réussi à lui arracher un merci sincère ? Tout ça n'était décidément pas normal. Le sentiment qu'Alice avait ressenti au début, qui lui faisait penser que cet homme était différent, se confirmait ici. Malgré tous ces doutes, elle resta accrochée à son bras, se décollant du mur, mais évitant à tout prix le regard du brun, comme s'il allait à nouveau lui balancer une de ses mille vérités. La blonde, ne souhaitant pas se révéler plus longtemps, préféra 'changer de sujet', et elle se demandait d'ailleurs réellement si la personne à qui elle avait affaire était un artiste. Elle lui demanda donc, s'éclaircissant la gorge et reniflant en faisant le moins de bruit possible, pour ne pas éveiller les soupçons de son interlocuteur:

    « Vous avez reconnu Lettre à Elise, tout à l'heure... Se pourrait-il que vous soyez un musicien aguerri ? »

    Peut-être que, par le biais de cette question, l'aristocrate cherchait à se faire pardonner son comportement d'il y a quelques minutes. En même temps d'assouvir sa curiosité et de se rassurer sur la personne chez qui elle allait. Car il était évident qu'un artiste, que quelqu'un de cultivé, était quelqu'un de sérieux dont elle n'avait rien à craindre... Ou presque. Presque car il s'était montré perspicace quand il avait parlé d'elle, quand il lui avait lancé une de ses vérités. Et ça, c'était une chose qui tétanisait Alice. Elle ne voulait pas qu'on la découvre... Elle le voulait. Elle ne savait pas, en fait. Quelque part, elle se sentait soulagée qu'on 'cherche' à la connaître, qu'on découvre son vrai 'elle', mais elle était effrayée quant à l'idée qu'on ne l'apprécie pas, une fois qu'on la connaissait. Au moins, avec le masque qu'elle était habituée à avoir, elle était sûre qu'on la détestait et, quelque part, cela la rassurait. Car on n'avait pas à la juger sur ce qu'elle était vraiment mais sur ce qu'elle laissait voir.
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