Un amas de nostalgie, une danse et une rencontre

« Toi que je regarde, me trouveras-tu dans cet amas de souvenir qui me tiens ? »


________________________________________

La chaleur intense du désert d'Opale se faisait sentir...rien à voir avec le climat variant de la Karneval Avenue...Aujourd'hui, un Opalien retournait dans son pays natal qu'il avait quitté il y a quelques temps...il l'avait plus exactement fui. Lorsqu'il eût foulé le sol ensablé, une vague de nostalgie s'était emparé de lui. Mais aussi...de la colère, de la haine et autres émotions négatives. Il était content de revenir...mais il avait aussi peur d'une chose : de retomber sur son père adoptif, si cruel qui avait ruiné la fin de son enfance et la totalité de son adolescence. C'est avec ce poids au cœur que Akiro s'avança vers la ville du désert.

Les rues n'avaient pratiquement pas changés depuis son départ, ou plutôt sa fugue. Elles étaient pratiquement toujours les même, tout autant que les bâtiments. Des enfants jouaient ensembles à divers jeux, comme cache-cache, ou le loup glacé, tandis que les adultes parlaient entre eux. La tête du blondin aux yeux d'émeraude n'était pas inconnue à certains passants qui le saluèrent de loin, faisant comme si de rien n'était. Encore heureux pour lui d'ailleurs...qu'est-ce que cela aurait fait, si un malheureux individu avait alerté Shiki Klark Heartilly ? Le père adoptif de notre protagoniste n'avait jamais recroisé son « fils », ou plutôt esclave, depuis ce fameux soir...quel serait donc sa réaction lorsqu'il apprendrait qu'Akiro était dans les parages ? Une chose pas très positive à tous les coups, il fallait s'en douter. Le jeune homme continua de déambuler entre dans les multiples rues, observant chaque détail autour de lui. Ses pas le guidèrent vers un endroit qu'il n'avait évidemment pas revu non plus depuis des lustres : « the bright town ».

Cette cité était toujours autant animée. Elle grouillait de monde, ce qui permettait au blondin de se fondre parmi la foule abondante. Les maison de granite, de pierre et de sable étaient elles aussi nombreuses et toujours aussi belles diras t-on. Banales mais belles. De loin, le blondin salua d'autres Opaliens en faisant un simple signe de la tête. Il fallait dire qu'il n'était pas méconnu aux gens...puis, quelque chose retint son attention...ou plutôt quelqu'un. Il s'agissait d'une petite fille, recroquevillée sur elle même et assise contre le mur d'une habitation. Elle avait l'air seule, sans personne pour jouer avec elle...


Seul dans cette maison immense d'Opale. Personne pour jouer avec lui, aucun frère pour le faire sourire, aucun parent ou tuteur pour l'aider...seulement la solitude...cet énorme poids au cœur, qui pèse et qui nous écrase, tel une insignifiante petite fourmis auquel on ne prête aucune sorte d'attention. Un semblant d'amertume et de haine envers ceux qui nous laissent souffrir...

L'esprit d'Akiro tilta et ramena celui-ci dans le présent, loin de cette vague de souvenirs douloureux, ancrée dans le passé. Les émotions sont une alchimie complexe que tout être vivant possède...il est donc bien difficile de les maîtriser, ou pour certains, de les identifier. Le jeune homme aux cheveux de la même couleur que le sol parsemé de sable était une des personnes n'identifiant que les émotions globales nommées joie, peur, haine et tristesse. Alors il ne sut pourquoi il se mit à la hauteur de la gamine et lui ébouriffa les cheveux. Quand elle releva la tête, il lui tendit la main...elle la prit en faisant apparaître sur son visage, ce rictus que l'on nomme sourire...ses larmes qui tombaient pourtant de ses yeux, comme un assourdissant vacarme que rien ne peut stopper, avaient cessées. Seule une légère trace sur les joues humides de la gamine persistait...cette seule et unique trace qui rappelait cette tristesse déversée. De sa voix douce et infantile, elle s'adressa à son ainé, au grand étonnement de dernier :

Fillette ; « Oni-chan, oni-chan ! On va voir les danseuses ? S'il te plaît... »

Un simple hochement de tête de la part de notre protagoniste suffit pour répondre silencieusement à la petite fille qui ne cessait plus de sourire. Akiro se releva en même temps qu'elle. Puis la fillette saisi la main du jeune homme et l'entraîna vers un endroit où des gens s'étaient rassemblés. La foule était présente et personne ne faisait attention aux deux arrivants. La petite Opalienne lâcha la lourde main qu'elle tenait fermement dans la sienne pour s'avancer de sorte à apercevoir le spectacle de rue qui se déroulait. Le blondin lui enchaîna le pas, sa curiosité lui dictant la direction à prendre. Sans trop bousculer les gens, il arriva enfin à apercevoir ce qui attirait tant de gens...

Akiro ne fut pas étonné de voir de ses yeux verts émeraudes ce qui se déroulait et qui attirait des gens, et plus principalement des hommes apparemment. Autrefois à Opale, lui aussi en regardait souvent. De la danse...sur un rythme musical, une jeune demoiselle au très jolie visage et à la peau mat dansait de tout son cœur. A chacun de ses gracieux pas, ses tissus rouges qu'elle portait en guise de vêtements, flottaient légèrement, rendant la danse encore plus....belle diras-t-on. Au fur et à mesure de la danse, les yeux de notre protagoniste perdirent en éclat et devinrent vides, dénudés d'émotions...


Une main tendue vers lui, alors qu'il ne faisait que ranger du simple linge dans une simple armoire...mais pas dans une simple chambre...celle de Momoka, la fille de Shiki, son père adoptif. C'était cette même fille qui lui tendait la main pour l'aider dans sa tâche...après ça, elle aussi dansait. Elle dansait dans sa prison qu'était sa maison. Lui, il la regardait danser, un sourire doux et joyeux à la fois. Il ne l'arrêtait pas, regardait simplement. C'était son rêve à elle, être une danseuse...oui c'était son rêve...



Sa rêverie prit soudainement fin quand la jeune danseuse à la peau mat s'approcha doucement de lui au rythme de la musique. Comme l'Opalien était au premier rang, c'était une chose dont il aurait du se douter. L'éclat de ses beaux yeux verts émeraudes revint enfin dans ces derniers. Ce ne fut à présent plus de la nostalgie ou autre triste émotion qui fit son apparition sur le visage de notre protagoniste...mais une mine ne dévoilant rien d'autre que de l'étonnement, de la surprise. Il ne l'avait pas sentie s'approcher...en temps normal il l'aurait remarquée d'un coup mais...cette fois, sa vague de souvenirs l'avait plongé dans l'univers du passé, lui faisant oublier l'univers du présent et son impitoyable vérité. Non il n'était plus dans son ancienne maison...il était là, dans brigh town, en train de regarder une danseuse qui dansait(répétitions pawa /o/). La fillette de tout à l'heure était à ses côtés et regardait la jeune fille de son regard d'enfant et rempli d'admiration. Puis son regard coulissa sur son aîné masculin, situé juste à côté d'elle..un sourire vint se coller au visage de la gamine quand elle vit l'air surpris du blondin. Un sourire ne dévoilant que tendresse et malice réunies. De sa voix innocente et basse pour éviter de déranger la musique, elle s'adressa à Akiro, son expression restant toujours la même.

Fillette ; « Neh Oni-chan, elle est jolie hein? Elle danse bien pas vrai ? Toi aussi, tu vas faire comme les autres monsieur ? »

A ces paroles, le jeune homme laissa s'échapper un léger soupire, ses joues se colorant très légèrement d'une couleur rouge. Il ne savait pas ce qu'il ressentait...est-ce de la timidité ou de la gêne ? Aucune idée...et puis, ce n'est pas comme si cela intéressait vraiment l'Opalien. Ce dernier mit alors une légère pich'nette sur le front de la gamine. Elle se frotta alors le front en émettant un petit « aïe ». Yeux clos, il lui murmura alors :

Akiro ; « Ne dis pas de bêtises... »

Ses paupières alors closes, se soulevèrent, son regard ayant abandonné la surprise pour laisser place à de l'indifférence. Un air neutre dénudé de toute émotion, quelle qu'elle soit. Ses yeux légèrement détournés de la danseuse n'exprimaient rien, mais en revanche, ses mains le trahirent. Son tic repris le dessus et il finit par se gratter la joue, signification de gène chez lui. Il n'était déjà pas vraiment à l'aise en public, alors cette situation était encore plus déstabilisante. De plus ses souvenirs refaisaient surface, ce qui n'était pas vraiment très agréable...Le blondin referma ses yeux et prêta cette fois une attention particulière à la musique accompagnant la danse. Cet air...il lui donnait envie de chanter. Cette seule passion qui lui restait, cette seule passion qui nourrissait un minimum de joie dans son cœur, cette passion dont il avait fait son métier dans la karneval avenue...après une légère hésitation, il se mit à chanter tout bas...de sortes à ce que seul les personnes y faisant attention l'entendent...

Le blondin laissa la belle s'approcher de lui et lui souffler des mots qu'il redoutait fortement d'entendre. Chanter devant tous ces gens, afin que la danseuse puisse exécuter de gracieux pas de dans sur cet air musical accompagné d'une voix de chanteur. D'habitude, Akiro ne ressentait aucune gêne à chanter devant des petits ou grands groupes de personnes inconnues. Mais cette fois il avait peur...peur de quoi ? Le savait-il seulement lui-même ? Ce n'était guère le trac, loin de là, mais alors qu'était-ce ce sentiment si désagréable, supprimant toute envie de chanter ? Était-il si désagréable au fond ?

Les paroles de notre protagoniste s'amenuisèrent de plus en plus, avant de ne devenir que néant. Doute et hésitation apparurent dans son cœur enchaîné, glacé. La fillette tenant sa main le regardait, un peu inquiète et surprise d'une telle hésitation. Lui qui n'hésitait pourtant pas à chanter tout bas il y avait quelques secondes, venait de s'arrêter. Il était très étrange, vraiment très étrange, que pouvait-il bien ressentir, que pouvait-il bien se cacher derrière ce regard émeraude dévoilant une confusion sans pareille, irréprochable ?

Fillette ; « Neh Oni-chan...ça va ? Elle t'as dis quoi ? Pourquoi tu chantes plus...? Tu chantes pourtant bien...chante plus fort, oni-chan ! »

N'oublie jamais ce sentiment...ce sentiment qui te pousse à chanter...cette petite fille si triste, tu l'as fais sourire, tu l'as sauvée à ta façon. La laisseras-tu tomber, la laisseras-tu se morfondre, laisseras-tu s'échapper son sourire si radieux et sa joie infinie t'échapper ?

Non...

Alors chante, ne perd jamais de vu ce sourire qui te fait avancer et faire de ta passion, un véritable bonheur.

Le jeune homme lâcha un soupire qui se perdit dans l'infime vent soufflant sur Opale. La petite fille, planta son regard dans celui de son aîné, insistant silencieusement pour qu'il se remette à chanter. Ce dernier fit coulisser lentement ses yeux verts émeraudes en direction de la danseuse, puis les referma doucement avant de murmurer, en s'adressant à elle -même s'il était possible qu'elle ne l'entende pas- :

Akiro ; « Je déteste ces souvenirs...j'espère que cela te suffira en tout cas... »

Puis sur ces mots prononcés d'une voix neutre, Akiro fit quelques pas en avant en lâchant doucement la main de la petite fille qui se mit à sourire de joie, comprenant ce qu'il allait faire. Le vent se mit à souffler un peu plus légèrement, emportant avec lui les paroles du blondin et les entremêlant subtilement entre elles pour former un air de musique que certaines personnes reconnaîtrez. Il s'agissait d'une musique que beaucoup connaissez à Opale, une sorte d'hymne si l'on puisse dire. Il laissa les musiciens accompagner progressivement son chant, sa voix plutôt forte de chanteur se fondant délicatement avec l'air produit par les instruments. Ses yeux à demis-clos laissaient paraître une infime joie de pouvoir chanter. Ils étaient à présent dirigés vers cette danseuse à la peau mat. Continuant de chanter, Akiro l'observa juste, profitant de cet instant si rare qu'il n'avait pas vécu depuis des lustres. Après tout, la dernière fois, il n'était encore qu'un gamin...et il n'avait pas perdu les êtres qui lui étaient chers...