Opals can look like blood at night... [Libre]

Venez visiter Opale, le joyau du désert!
Venez profiter de la ville la plus animée de tout Sphera! Au coin de ses rues bondées, vous pourrez admirer les spectacles les plus étonnants que vous ayez jamais vus!
Venez flâner dans son marché, parmi les vendeurs à la criée, pour vous procurer les marchandises les plus exotiques, les denrées les plus surprenantes qui soient!
Venez assister au combats palpitants qui ont lieu chaque jour dans le prestigieux Red Dragon Stadium, le clou architectural de la ville!

Ouais. Ça, c'est surement ce que vous pouvez avoir lu à propos de la ville d'Opale dans une quelconque brochure touristique. Enfin, si tant est qu'on fourgue des brochures touristiques aux autres villes, par ici. Pour être honnête j'en sais rien, et je m'en contrefous.

Quoi qu'il en soit, la plupart des touristes qu'on voit par ici, et dieu sait qu'il y en a, ont ces idées visées profondément dans leurs petites têtes.
Je vais vous dire... C'est pas vraiment faux. Enfin, euh... la ville la plus animée de tout Sphera, j'en sais rien. Les spectacles les plus étonnants non plus, et... enfin bref. C'est vrai que c'est une ville sympa. Sinon je me serais barré depuis longtemps, moi.

Mais généralement, ce que les touristes sont pas foutus de paner, c'est que Opale est, certes, un vrai paradis pour eux, mais ça c'est vrai que le jour. Et vous imaginez pas le nombre de péquenauds à qui il vient l'idée de faire des petites balades nocturnes, parce que oh mon dieu, qu'est-ce que ça doit être splendide la nuit dis-donc.
Quels cons ces touristes.

Bon, déjà la nuit, Opale, c'est mortellement chiant. Sauf au niveau du palais du conseil et des armureries, qui restent relativement animés, mais les rues réputées si bondées le jour sont bien moins accueillantes la nuit. Oh, c'est pas emmerdant pour tout le monde hein. Quand les zigotos qui font leur show la journée s'en vont, y'a d'autres business qui ouvrent.
Les coupe-jarrets, ça a toujours fait partie de la tradition ancestrale de la ville. Même avant qu'elle soit un nid à touristes. C'est comme ça, y'a des gens qui ont pas un niveau de vie super élevé, alors l'argent, ils le cherchent où ils peuvent. Mais je dois admettre que c'est devenu beaucoup plus rentable depuis que des Amenthalysiens innocents et bourrés de fric se baladent seuls dans les rues la nuit. J'ai pris les Amenthalysiens en exemple parce que généralement c'est les plus « prisés », mais les Alziens sont assez bien accueillis aussi hein. C'est devenu tellement rentable que les nationalités des brigands qui se baladent ont commencé à sacrément se diversifier.

Moi tout ça, je m'en fous un peu. Il m'arrive de sortir la nuit, dès fois, mais je me suis jamais fait détrousser. Je connais pas la plupart des petits malins qui rodent la nuit, mais eux, ils me connaissent bien, et ils savent qu'il faut pas me faire chier. Même les nouveaux, qui se font rapidement briefer par leurs ainés à propos de la liste des personnes à éviter d'aborder. Mais ils sont tentés, je le sens. Y'en a souvent qui me tournent autour de loin, dans l'ombre, comme des hyènes. Ils ont envie de me sauter dessus, pas pour mon fric, mais juste parce qu'ils pensent que ça pourrait être sympa de se battre contre le champion. Mais l'appel de l'argent facile est le plus fort, et finalement, il se tournent vers les proies plus simples à piéger. Enfin, c'est ce qu'ils pensent. J'en ai vu plus d'un se faire démolir par des voyageurs étrangers. Malgré tout, ils continuent. « Des non-Opaliens qui savent se battre? Mon cul, c'est tous des tafioles! »
Je méprise les brigands. Même dans les périodes les plus pauvres de ma vie, c'est à dire quasiment toutes en fait, je me suis jamais tourné vers le banditisme. Les incapables pensent qu'ils peuvent gagner leur vie comme ça, et c'est vrai que ça a l'air simple, mais en fait c'est chiant, risqué, hasardeux et surtout horriblement déshonorant, pour eux comme pour Opale. Trouvez-vous un boulot, connards.

Et cette nuit, j'ai eu envie de sortir. Pourquoi? J'en sais rien moi, j'ai besoin d'une raison? J'arrivais pas à dormir, je voulais prendre un peu l'air, glander au marché et dans les rues, complètement au hasard. Qui sait, il allait peut-être m'arriver un truc intéressent? Peut-être rencontrer une de ces personnes étranges et mystérieuses, comme celles qui m'avaient appris ce que je voulais savoir sur l'ancien champion, y'a quelques années. Ils font souvent partie des gens qui sont sur la « liste noire » des bandits. « Pas toucher sous peine de se prendre une bonne rouste ».

J'ai marché lentement pendant des heures, juste comme ça, pour marcher. Je regardais le ciel, les lumières scintillantes qui jaillissaient des maisons, les rares passants. Et puis finalement, vu que je m'emmerdais, j'ai fini par me rediriger vers le Stadium dont j'étais parti pour me recoucher. Quelle nuit pourrie. Même les hyènes ne me tournaient pas autour. Et puis finalement, à mi-chemin, en plein milieu d'une rue sombre et paumée, j'ai fini par entendre leurs ricanements.
La rue en question était vide. Enfin, presque. Il y avait moi, et un groupe de voleurs avides qui semblaient être parvenus à encercler une proie potentielle. Putain. C'était pas vraiment le truc intéressent que j'espérais. Mais je me suis dit qu'il fallait bien que cette balade ait servi à quelque chose.

Je me suis approché lentement. Et personne ne m'a remarqué. J'avais pourtant pas cherché à être discret. Alors j'ai interpellé le groupe d'une voix forte qui raisonnait en echo dans mon masque, en en faisant sursauter quelques uns au passage.

« Je peux savoir ce que vous foutez? »

Ils se sont retournés vers moi d'un air limite scandalisé, comme si j'étais brusquement entré alors qu'ils étaient aux chiottes. Ça m'a donné envie de me marrer, mais je me suis retenu.

« Oh je sais, navré de vous interrompre pendant que vous négociez vos petites affaires. C'est pas mon style de m'en mêler, d'habitude. Mais je m'ennuyais profondément, et quand je m'ennuie, ça me met de mauvaise humeur. Y'a aussi deux autres choses qui me mettent de mauvaise humeur : Votre comportement et vos sales gueules. Ça fait beaucoup, vous trouvez pas? Il va falloir remédier à ça. »

J'ai dégainé mon épée et laissé tomber lourdement le plat de la lame sur mon épaule. J'avais pas spécialement l'intention de m'en servir, mais ça impressionnait toujours.

« Vous êtes libres de vous barrer, aussi. Je vais pas vous poursuivre, hein. Du moment que vous laissez cette personne tranquille, j'y vois pas d'inconvénient. Mais si c'est le cas, alors il faudra mieux pour vous que je revoie plus vos tronches dans le coin avant un petit moment. »

Ils avaient l'air hésitants, mais ils étaient pas franchement convaincus pour autant. Il allait peut-être falloir que je me montre plus persuasif. J'ai hélé la présumée victime des bandits, que je ne pouvais pas voir vu qu'il y avait une rangée de ces abrutis entre elle et moi.

« Désolé de m'immiscer dans vos affaires, qui que vous soyez. Je sais pas si vous aviez besoin d'aide ou pas, mais j'avais envie de me dégourdir un peu les bras. Ça vous dérange pas, j'espère? »

C'était de la pure frime, mais à vrai dire, je m'inquiétais un peu pour la personne en face. J'ai jamais apprécié voir des gens qui n'ont rien demandé se faire détrousser devant moi.

FUCKING EPIC FAIL.
Oh, oui. Ce sont les mots. Sauvez moi.

Une envie soudaine; besoin de sortir, changer d'air. Allez voir ailleurs si j'y suis. Crever sur le bord de la route si il le faut. Arrivée à Opale, j'ai trouvé un hotel. Une fois installée, j'ai attendu la nuit. Besoin de lune. Besoin de noir. Idiotie pure et simple, cela va sans dire. Mais quand on est con, on est con, qu'est-ce que tu veux ? Haha. Vous allez me prendre certainement pour une imbécile de touriste - ouais, vous savez, ces mecs bourrés de fric qui m'envoient des pièces parce que je chante et que je danse - mais je suis totalement différente de cette bande de cons.

Non, j'avais juste besoin ... de changer d'air. BON OK, en fait c'est parce qu'on m'avait dit que je pourrais peut-être trouver un beau tambourin. Oui, je suis une conne de touriste, même si ma mère, ou de ce que j'ai entendu et de ce que me souffle mon Karnevale, est Opalienne. Mais je voulais vraiment ce fichu tambourin. Parce que sans tambourin, je crève. Le tambourin, c'est toute ma vie. Sans tambourin, c'est comme si je mourrais injustement tuée par un cheval ! Oui, oui, j'arrête mon cinéma, haha.

Mais je vous jure que c'était pas fait exprès. En même temps, se faire accoster par des cailleras de mes deux qui tentent de sois vous assommer pour vous vendre ou pour faire de vous une prosti-pute, sois de vous sauter, sois de vous piquer votre fric, sois les trois... C'est pas forcément fait exprès, à part peut-être les masochistes. La question, c'est POURQUOI suis-je sortie cette nuit ? Parce que tu es conne. Ta gueule toi. Non, sérieusement, c'est idiot. Arrêtez votre char, je vois déjà vos commentaires de dépressifs comme quoi je kiffe la nuit et toutes vos conneries.

Je marchais donc dans la rue, vêtue d'une simple robe noire. Rien de choquant, rien de chiant. Même pas court. Un truc ample, qui m'arrivait en dessous des genoux et qui cachait la grosseur, même si elle est pas si grosse que ça - et je remercie le ciel pour ce cadeau -, de ma poitrine. Mes cheveux étaient attachés en chignon, tiré à quatre épingles, une épingle munie d'un joli papillon bleu piquée dedans. Et j'étais pieds nus. Oui, rien d'alarmant. Pas de sac, pas de tambourin, pas de légumes, pas d'objets de valeur si ce n'est ma pince. Maiiis les hommes sont tellement cons...

J'avais parcouru une bonne distance, j'étais certainement perdue - et munie d'un sens de l'orientation d'une huitre - dans les ruelles d'Opale. J'ai entendu un vague sifflement et ils me sont tombés dessus d'un coup. Cinq, ou peut-être six. L'ombre des bâtiments ne me permettait pas de bien voir, mal grès la lumière de la lune. Et là, j'ai cru que j'allais péter une crise. Non mais sincèrement, c'est quoi qu'ils voulaient ? Ma pince ? Et mon cul, accessoirement ? Bande de... de... Bande de, tiens. J'avais envie de me moquer. Mais genre trop.

J'ai lâché un rire faux, nerveux. Une connerie du genre. Stress qui monte, personne ne bouge. Je suis p'tite, mais je mord, alors SIOUPLAIT HEIN. Nan, sérieusement. Tu te demandes pourquoi c'est sur toi que ça tombe, des fois. Et tu te morfonds sur ta merde, tu imagines les pires choses... et là, IL se pointe. Et tu pries pour qu'il soit moins con. Un grand mec, environs deux mètres - géant ! -, chelou. Et armé. Mon sauuuveeeuuur... C'est beau le désespoir.

« Désolé de m'immiscer dans vos affaires, qui que vous soyez. Je sais pas si vous aviez besoin d'aide ou pas, mais j'avais envie de me dégourdir un peu les bras. Ça vous dérange pas, j'espère? »

Bien sur que non, que ça me dérangeais pas ! J'avais pas envie de me faire violer, moi. E-et si je chante et que je danse, ils me laissent partir, vous croyez ? Haha. Hahaha. Réaction normale de tout(e) lâche qui s'assume et qui s'aime : partir en courant se cacher derrière son dévoué sauveur. En se faufilant entre les gens avec une fuckin' agilité, bien sûr. Oh putain. Oui, oui, oui, défoules toi. Fais toi plaisir, j'te ferais un bisou après si ça peut te faire plaisir. J'étais incapable de parler. Et j'avais peur. Et j'ai peur d'avoir peur. Donc ça fait que j'ai encore plus peur et que je suis totalement paralysée dans ce genre de situation. Ou presque.

« Je ne vous retiens pas... Héhé.. héhéhé... » lâchais-je avec une petite voix.

Spoiler: