Meeting around a corpse [Leila & Neremsa]

Combien de temps avait passé ?

Combien de temps avait passé entre sa dernière visite à Opale et celle-ci ? Tant de choses étaient arrivés et une question étrange traversait brusquement son esprit : Pourquoi n’était-il pas revenu avant ? Trop de travail ? Non, ce n’était certainement pas cela puisque le travail s’avérait rare pour la plus part du temps. Les traqueurs n’étaient pas si faciles à tuer… et à trouver. Conclusion : l’argent était aussi difficile à gagner. Mais Ildace n’était pas qu’assassin, bien sûr, il acceptait de voler une information quelconque, comme tout mercenaire qui se respecte.

Opale était bien sa ville préféré d’entre toutes. Elle dépassait même l’amour qu’il offrait à sa terre d’accueil, Almancar. Peut-être était-ce parce que dans ses veines coulait du sang opalien. Regarder ainsi des cracheurs de feu impressionner une foule de leur souffle de braise, faisant retentir de ho et des ha d’admiration, observer un combat entre deux hommes, et deux sait que les combats à Opale sont spectaculaires, tout ça, le faisait sentir chez lui et lui offrait une bouffé de bien être profond.

Cependant, il n’était pas là pour s’amuser, il avait du travail. Cela devait faire plusieurs jours qu’il suivait un traqueur en filature, qu’il se cachait dans l’ombre, observant ses moindres faits et gestes, ses habitudes, les endroits qu’il fréquentait. Aujourd’hui était le grand jour, le jour où il ferait une victime de plus au sein des traqueurs, enrageant un peu plus encore l’empereur, se rapprochant, à chaque tueries de son but.

Depuis le moment où il était entré à Opale, il s’était fondu dans l’ombre, se cachant dans l’obscurité créée par les bâtiments construits à même la pierre. Cependant, à un moment donné, l’envie lui prit de prendre un peu de soleil. Il attendit donc que le traqueur s’éloigne de lui et s’approcha d’une foule au milieu de laquelle une danseuse exceptionnelle s’affairait à allumer l’admiration dans le regard des spectateurs. Quand cette dernière croisa son regard, Ildace eut le réflexe de retourner dans l’ombre. L’ombre dans laquelle il voyait toujours tout en noir et blanc, chose qu’il détestait, car il n’avait pas l’impression de ressentir la chaleur des rayons du soleil sur son visage.

Avant de perdre sa cible complètement, il retourna à sa tâche, suivant le traqueur jusque dans une ruelle où il avait l’habitude de déambuler. Enfin, l’ombre solitaire d’Ildace vint dégainer son révolver pour le pointer sur l’homme, qui, sans vraiment s’en rendre compte, reçu une balle entre les omoplates. Reprenant forme normale, le mercenaire s’alluma une cigarette en disant.

– Tu devrais surveiller ton ombre plus souvent.

Et à ce moment là, il entendit un bruit. Il pointa son révolver sur l’étranger qui était en fait une étrangère. C’était la danseuse de tout à l’heure. Il s’en allait baisser son arme quand, juste derrière elle apparut un homme. Il pointa le révolver sur le nouveau venu et, sans hésiter une seconde, tira une balle, simplement pour l’effrayer, même s’il doutait de l’efficacité de la chose contre un citoyen d’Opale.

Aaah Opale, ma douce ville natale. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne suis pas venu ici. En sortant de mon fidèle Mowag, M79 à l'épaule et grenades à la ceinture, j'hume avec bonheur l'odeur de la cité. Je profite également du doux brouhaha si caractéristique. C'est curieux comme certains son peuvent nous manquer parfois.
J'ai garé mon véhicule à l'entrée de la ville, faudra que je pense à faire le plein en repartant. Je profite d'un peu de temps libre pour m'installer dans un bar et je commande un thé à la menthe. Pendant que ça infuse, je m'allume un petit cigare. Si je fume ces crasses, des « clou d'cercueil » comme on disait dans le temps, c'est plus par plaisir que par réelle addiction. J'en ai rien à foutre que ça puisse me faire crever, ma vie est déjà assez dangereuse comme ça pour que je m'en soucie outre mesure.

Faut pas déconner quoi...

J'observe la vie d'Opale se dérouler sous mes yeux, sirotant ce délicieux thé tout en tirant une bouffée de temps à autre sur mon cigare. Comme d'habitude, j'peux voir quelques danseuses, différent combats et surtout une foule bigarrée en mouvement constant. C'est ça que j'aime bien, Opale est une perle au milieu du désert qui accueille des hommes et de femmes de tout horizon.
Assez naïvement, je dois le reconnaitre, je me prends à espérer que cette cité sera épargnée par la guerre. Cela dit, c'est fort peu probable.

C'est par hasard que je remarque une personne. Un Traqueur pour être exact... A force de bosser avec eux j'ai vite appris à les reconnaitre à vue. Il se ballade seul et semble relativement pressé.
Je termine mon thé en un coup, ce qui pourrait être considéré comme une hérésie pour beaucoup d'Opalien. Mais là j'ai une occasion de travailler avec ce traqueur, ces mecs là ont toujours besoin d'aide.

Du coup, je me lève en vitesse pour le suivre, non sans avoir prit mon lance-grenade en main et vérifié la sécurité. Dans le temps je chambrais une grenade non létale dans cette arme. Mais cette époque est révolue. Avec les tensions qui règnent, je chambre directement une grenade quarante millimètres létale, un explosif à fragmentation. Le genre de joujou qui déchiquète un homme façon viande hachée, en moins propre. L'avantage de ces engins c'est que l'explosion projette les éclats sur plusieurs dizaine de mètres, ce qui me permet de viser à côté de ma cible en étant sûr de la toucher tout de même. J'te jure, on arrête pas le progrès !

Bon, avec mes divagations sur les subtilités de l'armement moderne, voilà que j'ai perdu de vue celui que je suivait. Je m'arrête et le cherche des yeux. Introuvable évidement.
Je me résigne à partir, quand retentit un claquement caractéristique dans une ruelle. Arme à feu.
Un tir, un seul.
Je me précipite dans la ruelle d'où provient le bruit et tombe sur trois personnes. Enfin, deux personnes et un cadavre, si j'en juge par la magnifique fleur rouge qui s'étend sur le dos du Traqueur que je suivais.

Je n'ai pas le temps de poser une question, voilà que l'énergumène au revolver tente de me plomber. Sans savoir s'il me visait ou non, j'ai senti la chaleur de la balle ce qui signifie qu'elle est passée trop près de moi à mon goût, je fais une roulade sur le côté pour échapper pendant une seconde à sa zone de tir. D'un geste, je prend mon lance-grenade et le pointe sur l'homme.

-J'sais pas ce que tu veux, mais ce que mon arme tire est d'un calibre plus conséquent que tes balles. Et chez moi, c'est de l'explosif...

Histoire de lui montrer que j'ai pas envie de rigoler, je bascule la sécurité sur le mode « tir ».
Et avec mon doigt crispé sur la détente, le tir partira même si je me prend une bastos dans le buffet. Compte tenu de la distance qui nous sépare, je suis pris dans le rayon de l'explosion de ma grenade si je tire. Sauf que moi, contrairement à mon agresseur, je suis à l'entrée de la rue. Si je tire, j'ai le temps de me tirer avant que ça n'explose... Enfin, en théorie.
J'ai également la jeune femme dans mon champs de vision, mais compte tenu de la situation, je ne lui prête pas vraiment attention... Je m'adresse à Revolver-man :

-Qu'est-ce que tu veux, raclure ?

S'il à un peu de jugeote, il verra bien que mon arme est dangereuse rien qu'en voyant la largeur du canon. Et, toujours théoriquement, s'il tente d'utiliser un potentiel Karnevale, j'aurais le temps de tirer. Après, si la demoiselle est prise dans l'explosion, tant pis. Elle se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.

Faut pas me faire chier, merde...