La goutte qui fait déborder le verre [Pv Ambre]

« Aurais-tu l'obligeance de fermer ta grande gueule d'ange une minute s'il te plais? »

Fit-il, à voix haute l'air de rien, s'adressant en réalité à Kaël. Effectivement, la voix du brun n'arrêtait pas de résonner dans l'esprit du jeune homme aux cheveux décolorés ayant prit contrôle, corps et âme. Salydrhin esquissa un sourire narquois, avant d'éclater de rire tout simplement. Qu'il pouvait être jouissif d'envoyer paitre son cher confrère. Ainsi en pleine rue, le fou s'était mit à parler, faisant se retourner une jeune fille qui afficha une mine déconfite, croyant que l'on s'adressait à elle. Que né-ni. Poursuivant donc sans s'en préoccuper davantage, il passa une main dans ses cheveux fins, marchant d'une démarche qu'il avait toujours eut hautaine. Le soleil venait tout juste de s'endormir, laissant l'astre lunaire baigner les trottoirs. Une lumière blafarde, qui plaisait assez bien au jeune schizophrène. Lui n'était de toute évidence pas bien compliqué puisqu'il appréciait tout autant la lumière du jour. Déambulant sans réel but, Salydrhin fut néanmoins contraint de retourner 'chez lui' pour prendre une douche. Chez lui. C'était bien vite dit, puisque bien qu'il possédait une maison un peu plus loin, il préférait résider chez une certaine Ambre. Ainsi, il tourna brusquement pour s'engager dans la rue qui correspondait à l'appartement de le demoiselle. Sans gêne, il se faufila jusqu'à la douche, ayant prit soin de choisir sa tenue de rechange.

Voilà l'un des points commun de toujours des deux personnalités, la douche. L'un comme l'autre affectionnait particulièrement cet instant, où l'eau coule sur la peau, apaisant plus que n'importe quel calmant. Profitant ainsi de la sensation naturelle que produisait la chaleur d'une douche, il finit malgré tout par s'arracher à cette douceur pour se vêtir. Enfilant un boxer noir, il ébouriffa ses cheveux nonchalamment, une manière de leurs dire 'vous voilà secs'. Assez stupide comme raisonnement, mais avec Salydrhin, il est inutile de s'étonner de quoi que ce soit. L'Opalien continua de s'habiller, attrapant son jean de la couleur du deuil avant de le mettre. Pour finir, il boutonna une chemise toujours aussi sombre sur son torse, dissimulant cicatrice et tatouage par la même occasion. Se retenant de nouveau de rire, il s'exprima, de nouveau à l'attention de son double;

« Tu aurais put au moins faire un effort et garder la cicatrice pour toi. Oh mille excuse je t'ai vexé? Mon pauvre chou. »

Salydrhin faisant partie intégrante de Kaël, il finissait toujours par agacer son alter-égo, lui remémorant la fameuse nuit de l'accident. C'est cruel n'est-ce pas? Et alors! Ce n'était pas comme si le fou ne comprenait pas la douleur de son compatriote, ils ne font qu'un après tout. Chopant avec calme les bijoux de son partenaire de corps, il les attacha, la gourmette au poignet, la bague d'argent et la chaine. Pourquoi les porter? Aucune idée. Une simple envie. Une excentricité, ou un moyen d'agacer un peu plus son compagnon d'âme. Effectivement, porter un bracelet avec écrit Kaël alors que l'on nous nomme Salydrhin, c'est cocasse. Voilà sûrement la véritable raison. Toujours en était-il que le fameux Kaël semblait s'être décidé à fermer son magnifique clapet, un peu de paix, enfin. Avant de quitter les lieux pour sortir de nouveau, le jeune homme aux yeux verts fut prit d'une idée attentionnée. Imaginant la tête que ferait Ambre, il prit une feuille qui gisait là, et un stylo. D'une écriture italique, il marqua;

« Je vais au bar ce soir, promis je ne m'évanouirais pas cette fois, compte sur moi petite pierre précieuse. »

Ambre allait forcément reconnaître là les mots de Salydrhin, en premier lieu en référence au bar auquel il allait davantage que son confrère, mais surtout en second lieu au surnom qu'il lui avait donné. Kaël ne lui ayant jamais donné de surnom de ce genre, il n'y avait que lui pour l'appeler pierre précieuse. Salydrhin jouait sans cesse sur tout, même sur les mots. Laissant le message dans un endroit visible, il s'aventura dehors, encore. Cette fois-ci, la route serait bien moins longue, le bar se trouvait à quelques pas. A l'entrée du bar, son regard glissa sur un homme quelque peu louche, semblant empêcher quelqu'un de passer. De l'action, oh doux plaisir, viens te battre. La scène le déçu pourtant grandement. A peine eut-il le temps de les aborder, qu'il vit l'inconnu étrange prendre ses jambes à son cou. Soupirant désespéré par ce genre de réaction complètement trouillarde, il fut malgré tout remercier par la jeune femme qu'il avait aidé sans violence. Quel dommage, lui qui s'était fait une joie d'avoir un nouveau cobaye pour tester ses poings. C'était raté, tant pis. Faisant demi-tour après avoir répondu chaleureusement à la donzelle en détresse, il reconnu finalement une silhouette familière. Alors comme ça Ambre allait aussi au bar? Écartant les bras comme l'on accueillit quelqu'un, il laissa ses lèvres s'étirer en un sourire candide.

« Si la curiosité te piques à propos de l'homme qui vient de partir en courant, je n'y suis pour rien, ou pour si peu, je n'ai même pas eut le temps de le toucher! »

Les pas d'Ambre résonnèrent dans la rue entière. Elle penserait qu'une petit promenade dans les rues de Karnevale Avenue lui ferait le plus grand bien. Hum, c'est que, c'est un peu lourd de rester à la maison avec un ami assez...étrange on va dire. Elle avait eu un peu pitié de le laisser dehors, le truc, c'est qu'il devait pourtant avoir un domicile, enfin euh, il revenait pas toujours tout les soirs bizarrement... D'ailleurs, elle se demandait si il n'allait pas encore faire une idiotie, comme souvent à vrai dire. Et sur ces pensées, elle accéléra le pas manquant d'abord de tomber, mais se rattrape in extremis contre un lampadaire, une honte d'évitée, une! Donc, main contre le lampadaire, tête penchée en avant vers le sol, Ambre relâche un énorme soupir avant de se relever et de se remettre à courir, carrément oui. Dans ses yeux défilent le paysage, les gens, tout Karnevale Avenue. Question gens, on y voit de tout ici. En passant de jeunes rebelles anti-empereur au gros dragueur stupide pis en finissant par la jeune fille arrogante se déhanchant d'une façon tout aussi ridicule que le regard qu'elle porte au monde. Passons, il suffit que cette idiote d'Ambre, tourne la tête 5 secondes, toujours dans sa course, qu'elle bouscule un passant.

" Oh pardon. Excusez-moi. "

Après de rapides excuses elle se presse d'atteindre son domicile qui n'est plus qu'a quelques mètres.

Se tenant devant la porte imposante de son propre appartement, elle s'empresse de sortir les clés de sa poche. Elle se hâte tellement qu'elle finit par prendre plusieurs grandes secondes pour enfin reussir à mettre et tourner la clé dans la serrure. Un clic retentit, la poignée s'incline pour nous faire entrevoir un autre endroit.

" J'y... crois pas. "

Elle ne savait pas si elle devait crier ou rire nerveusement, elle opta pour le rire. Presque tout l'appartement, était limite sans dessus-dessous, bon, il y a de l'exagération, mais ce qui est sur c'est qu'on voit bien la différence entre avant et après sa petit promenade. Elle se rendit dans la salle de bain, faisant plusieurs soupirs d'agacement et se plaça devant le miroir. Elle passa une main dans ses cheveux, inspectant un peu l'état de son visage, oui c'est.. une fille quoi, pas de quoi s'étonner. Il lui fallut un ou deux minutes pour se rendre compte que l'état de la salle de bains était encore des plus déplorable. C'était un peu la goutte d'eau qui faisait déborder le vase quoi, elle avait l'impression d'héberger un malotru parfois, enfin souvent même. Elle se hâta vers le salon en essayant de garder son calme, zen, zen haha. C'est à ce moment qu'elle remarqua enfin un mot sur la table dont elle se saisit rapidement afin de le lire :

« Je vais au bar ce soir, promis je ne m'évanouirais pas cette fois, compte sur moi petite pierre précieuse. »

Sur ce, la jeune amenthalysienne leva un sourcil, se demandant pourquoi il arrêtait pas de la surnommer avec ce surnom stupide, pour elle en tout cas.

" Ben bien sûr voyons... "

D'humeur plutôt joueuse et vengeresse, elle reprit sa veste au passage avant d'atteindre la porte direction : le bar. Le lieu étant à peine à cinq minutes de chez elle, elle marcha tranquillement, soupirant une dernière fois des ennuis qu'elle attire toujours contre son gré. Elle apercevait enfin le bar de quelques mètre, se faisant presque bousculer par un homme qui semblait très pressé mais surtout très apeuré. Ambre jeta donc un œil en arrière en se retournant, histoire de le voir encore détaler comme un lapin. Elle se re-retourne, et, croit avoir vu, nan... est sûre d'avoir vu Salydrhin. Elles n'est maintenant qu'à plus que deux mètre de lui. Celui ci, l'aperçut de loin et ouvrit grand ses bras sûrement pour Ambre, avec un sourire en coin :

« Si la curiosité te piques à propos de l'homme qui vient de partir en courant, je n'y suis pour rien, ou pour si peu, je n'ai même pas eut le temps de le toucher! »

Elle ne passa pas dans ses bras grands ouvert mais sur sa droite esquivant donc cette accolade en y ajoutant d'un air blasé, pendant qu'elle remettait ses cheveux en place :

" Tu as une crampe des bras mon coco? Compte pas encore sur moi pour te porter hein."

Elle comptait avancer jusqu'à l'intérieur du bar, vers le comptoir mais elle s'arrêta net avant. Se retournant lentement vers Salydrhin :

" Tu as de l'argent sur toi.. par hasard? "

" Tu as une crampe des bras mon coco? Compte pas encore sur moi pour te porter hein."

« Une crampe? Aurais-tu oubliée que je suis un bon sportif. Je n'ai pas pour idée que ça arrive, et ce n'est pas ma faute si Kaël te tombes à chaque fois dans les bras! »

Il manqua de d'éclater de rire. Cette chère Ambre et sa répartie mordante, toujours un plaisir de savoir qu'elle n'était pas sans défense. Haussant finalement les épaules, Salydrhin baissa les bras doucement, les laissant retomber de chaque côté de son corps. Levant les yeux au ciel, il soupira doucement puis suivit de ses yeux émeraudes la démarche gracile de la demoiselle. Néanmoins sa tenue laissait perplexe. Du moins pour lui. Il fronça les sourcils une seconde et se ressaisit. Le fou fit quelques pas en avant, vers l'entrée du bar, se stoppant en entendant Ambre lui poser une question. A parce que maintenant il existait?

" Tu as de l'argent sur toi.. par hasard? "

« Tu ne te rappelles même pas de ma lointaine famille Aristocrate? Hum, c'est vrai qu'avec ta mémoire, qui sait si tu te rappelles de mon prénom. J'ai de quoi te payer à boire. »

Prenant par la suite les devants, il ouvrit la porte du bar, accompagnant le geste de la parole.

« Les demoiselles d'abord. Au fait, tu aurais put éviter une jupe si courte, je n'ai pas envie de devoir faire face à des ivrognes en manque de belles jambes. »

Ayant le temps d'un instant un sourire amical, il le remplaça bien vite par un taquin avant d'entrer dans le bar, à sa suite. La pièce était bondée de monde, comme souvent en fait. Néanmoins Salydrhin repéra rapidement une table -miraculeusement- libre. Entrainant Ambre calmement, il s'assit enfin et soupira de soulagement. Sans raison il étouffa un rire puis se décida à interpeller une serveuse. Lui adressant un sourire des plus sympathique, il commanda d'une manière décontractée;

« Qu'est-ce que je peux vous servir? »

« Prenez d'abord la commande de la demoiselle qui m'accompagne malgré elle, moi je prendrais un rhum. »

Quelques minutes passèrent, et Salydrhin s'occupa humblement, jetant des regards circulaires à la salle, jusqu'à voir revenir la serveuse. La suivant du regard, il sentit la ~~cataschtroumpf~~ catastrophe arriver et se leva d'un bond en voyant la serveuse trébucher. Cette dernière se heurta à un pied qui trainait là et entama un magnifique vol plané. Manque de chance pour le fou. Il eut beau rattraper la jeune femme et le verre d'Ambre, il leva les yeux au ciel lorsque le verre de rhum termina sa course folle sur sa chemise. Soupirant quelque peu, il posa le verre de la petite pierre précieuse sur la table et redressa la serveuse, histoire qu'elle cesse d'être affalée sur lui. Retenant un soupir blasé, il retourna sur sa chaise, voyant la serveuse affolée entre remerciement et le fait de devoir aller chercher une serviette pour essuyer la chemise du jeune malade. Quelques instants plus tard, il vit la jeune serveuse revenir avec un verre de rhum ainsi qu'une serviette immaculée. S'emparant du tissus propre, il épongea le plus possible sa chemise, se retenant de grommeler son mécontentement. Au lieu de ça, un simple visage, opaque et neutre. Quelques instants plus tard, il se débarrassa nonchalamment de la serviette à présent mouillée, en la jetant sur la table pour chopper son verre. Buvant un bon coup, il fixa de nouveau Ambre et disant:

« J'ai toujours autant la poisse. »