Take-chan ? Je peux te demander un service ?

Ce type de requête, le Karnevalien s’en passerait bien. Vous pouviez lui demander les pires choses, les plus inimaginables, cela n’était qu’une ridicule formalité. L’unique défaut à ce courage grandiose, s’effritait quand un service provenait directement d’un membre de sa famille. Quelle bonne blague ! Takeru Mosuke, l’homme impénétrable qui ne se plie devant aucune personne. On dirait un vrai chien lorsque sa tendre mère, lui ordonne quelque chose. Un petit cri désespéré, voilà que le jeune homme dévale en trombe pour se précipiter à son chevet afin d'assouvir le moindre de ses insignifiants caprices. Enfin, non un simple regard empli de tendresse suffit à décontenancer ce brun à l’allure taciturne. Quel défi relèvera-t-il aujourd’hui ? Si le travail d’hôte contenait d’irrésistibles surprises prêtes à vous renverser, cette fois-ci l’enjeu était de taille. Mais quelle horreur ! Opale. Cette satané ville qu’il fuyait comme la peste. Le pire dans cette histoire était de jouer les accompagnateurs pour…ses deux frères ! Des gamins n’ayant que deux ans de moins que lui. Que vous voulez vous ? Les mères laissent agir leur sens du devoir et les bons sentiments qui l’accompagne pour protéger de toute leur force, la prunelle de leurs yeux, cette progéniture tant adulée. A en vomir.

Dai et Hiro de leurs petits surnoms pouvaient très bien se débrouiller seuls pour jouer les touristes hors d’Alzen. Cependant, aujourd’hui on faisait part d’un magnifique combat orchestré par les meilleurs gladiateurs de la fameuse arène d’Opale. De quoi enchanter un être pacifique comme l’ainé. Il ne supportait pas l’agitation de cette cité, les bruits agaçants qui tourmentaient en continu ses pauvres oreilles. Pourtant Karnevale Avenue ne différait point de cette animation constante. La vie d’hôte parfois périlleuse demeurait bien plus calme qu’une existence épuisante dans l’apprentissage de l’art de la guerre.


L’arène était prête à craquer. Les supporters visiblement au courant de la bataille qui débutait en ce jour sacré avaient derechef passer le mot à leur voisin. Assis dans les gradins, Takeru engouffré dans son manteau à capuche, paraissait sur le point de rendre l’âme. Façon de parler. Les cris enthousiastes des Opaliens résonnaient dans le gigantesque stade, fierté de la ville en l’honneur de leur symbole. Un dragon rouge. Ridicule. Vous en aviez déjà vu des dragons dans le coin ? Ne me faites pas rire ! Les deux adolescents se tenant à ses côtés contenaient difficilement leur joie comparé à leur aîné. En aucun cas, ils ne s’affilaient à ce dernier. Normal puisqu’ils étaient tous les deux jumeaux et ne se séparaient jamais. Amateurs de combat à l’opposé du grand frère trop sage, ils adoraient assister à ses échanges costauds d’hommes ( de temps en temps de femmes) vêtus d’armures où le soleil ardent se reflétait. Takeru ne leur rendait pas leur regard complice semblant consterné de se trouver bloqué dans un endroit aussi dynamique en compagnie de ses deux démons. Une raison principale de se sentir de mauvaise humeur fut que son Karnevale restait en activation. Ainsi sans le désirer il se voyait contraint de goûter à l’émerveillant de ce vaste entourage.

Le combat débuta sur une note fracassante. En observant les deux opposants du premier rond, il ne doutait plus de l’issue du combat. Le challenge était clair. Chacun des deux adversaires se voyait attribuer l’utilisation d’un arme de leur choix. Entre une hache à double tranchant et une lance impuissante. Le guerrier à l’armure impressionnante encombrait l’atmosphère de sa disgracieuse sature. L’autre gladiateur à peine équipé laissait entrevoir une allure plus souple et agile, évitant les coups avec une grâce sans égale. Quelle comédie jouait-on là sous les yeux de cette foule d’amateurs. Même si Takeru n’y connaissait strictement rien en combat, cet échange chassa la pointe de mépris et d’indifférence qui jusqu’à là l’obnubilait entièrement.


L’hôte poussa un soupir de soulagement lorsqu’il parvient à sortir à prêt deux heures coincé dans l’arène pour se diriger dans l’immensité de la ville. Impossible de de partir sans avoir au moins visité les lieux insolites dont elle regorgeait. Les deux jumeaux débâtaient avec acharnement sur leurs gladiateurs favoris. Si l’un avait perdu c’était probablement par malchance ou parce que ses coups finissait par perdre en force ou en précision. Takeru cloitré dans son silence se désintéressa rapidement de leur discution enflammée. Observant ce qui l’entourait, son don percevait les sentiments variés qui fusaient de chaque être vivant parcourant les rues. La mentalité des Opaliens contrastaient avec celle des habitants de Alzen ou du village caché. Jamais il ne tiendrait dans un monde aussi différent presque menaçant. Pas forcément de jour mais aussi de nuit. Peut être n’avait-il pas assez gouté à la dureté de la vie pour se sentir proche de ces hommes farouches et sanguins.

Tournant la tête vers ses deux frères pour revenir à la réalité, il se figea dans une allée manquant de percuter des passants distraits. Disparus. Ces maudits sacripants venaient de lui fausser compagnie sans qu’il ne l’ait remarqué ! Réprimant un féroce juron, il pivota et s’engouffra dans une intersection pour partir à leur recherche. Le brun aurait dû se douter qu’un coup aussi fourbe aurait pu se produire avec ces deux têtes brulées. Se trouvant prêt des camps d’entrainements, il termina sa course essoufflé. Mauvaise idée que de courir sous une telle chaleur. Les mains sur les genoux afin de reprendre son souffle, il releva la tête pour regarder autour de lui. C’est alors qu’au lieu de rencontrer deux frimousses semblables, il aperçut un homme pourvut d’une chevelure blanche, quelque chose d’improbable. Une coloration ? Qui sait… A ses côtés une personne de petite taille, qui de ses habiles laissaient comprendre qu’elle appartenait à une classe sociale élevée. Une réflexion curieuse de la part du Karnevalien, lui-même issue de la crème des crèmes de Alzen.

S’attardant sur les traits de la petite adolescente et de l’homme aux cheveux blancs, il afficha une mine stupéfaite, laissant un flots de souvenirs remonter vivement dans sa mémoire. Une journée banale dans la ville de la technologie de pointe. Une promesse faite, il y a quelques mois. Une enfant rieuse aux longs cheveux violets. Asagami Galatée.