Bonjour, bonsoir. [Pv Fredrika] [Suspendu]

Raven était revenu à Karnevale Avenue. L'appel de la ville avait été trop fort pour qu'il y résiste, il avait ressentit un réel besoin de liberté. Un désir irrévocable, irréfutable, qu'il n'avait pas su écarter alors qu'il était dans son bureau, au palais de son père. Alors, d'un pas fougueux, exalté, il avait traversé, dès la tombée du jour, Amenthalys et les plaines ondoyantes qui précédaient la cité des rebelles. Il avait choisit cet instant pour sortir car, comme d'habitude, personne ne trainait dans les rues de la ville impériale à cette heure transitoire, et il y passait inaperçu. Fébrile à l'idée de ne pas retrouver cet endroit de liberté, il avait marché au milieux des herbes folles sans se préoccuper de quoi que ce soit, ni de l'endroit où il était, ni de l'heure qui tournait. Et, cinglé par une légère brise fraiche, minuscule sous l'ampleur d'une voute étoilée obstruée par quelques nuages volages aux doux volutes, il arriva enfin à son but.

L'esprit du jeune prince était en ébullition. Il pénétra dans la citée avec le soulagement de quelqu'un qui aurait pu être entravé pendant des millions d'année. Sans pour autant laisser ses émotions déborder, il se mit à marcher dans Karnevale Avenue. Il n'avait pas de buts spéciaux en étant ici. Il sentait juste la liberté lui courir entre les phalanges, et aimait cet agréable frisson exalté au creux de ses omoplates. Ce sentiment qu'il n'avait que si rarement ressentit, l'avait énormément inspiré ces derniers jours. Il avait composé comme il n'avait jamais composé, chanté à chaque heure de chaque jour et ses doigts étaient encore engourdis tant il avait joué du piano, de la guitare ou toutes sortes d'instruments. Et pourtant, pourtant il ne s'était jamais sentit autant vivant. Et il se demandait comment, depuis toutes ses années, il avait pu se passer de cette drogue, fugace mais tellement indispensable qu'était la liberté. Raven n'était ni heureux, ni triste. Il semblait planer, il était totalement ailleurs. Et, en relevant la tête, il se rendit compte qu'il était également totalement perdu.

« Euh. »

Son coup d'œil à droite puis à gauche ne le rassura pas quand à sa position dans cette ville qu'il ne connaissait que peu... Il n'entendait que des voix lointaines, hachées par la distance qui le séparait de l'agitation nocturne. En s'aidant de son ouïe entrainée avec vigueur, progressivement, et petit à petit, il sentit qu'il se rapprochait d'un endroit très animé. Grâce à son incroyable mémoire, il parvint à se souvenir qu'il était dans la rue dans laquelle il avait rencontré Roxanne, lors de son unique précédente visite à Karnevale Avenue. Donc il n'était plus perdu. Et il savait que l'agitation provenait du midnight Square, mais ne souhaitait pas s'y rendre. Il y avait trop de monde, on le reconnaitrait. Il n'avait pas envie de faire scandale. Non, seul, il se sentait parfaitement bien. C'était ce qu'il se disait pile au moment où une jeune demoiselle passait à ses côtés. D'un regard léger, il l'observa, puis entendit un léger tintement raisonner à ses pieds.
Se penchant pour ramasser ce qui semblait être une épingle sertie de jolies décorations, il redressa la tête vers la personne qui venait de passer sous ses yeux.

« Excusez moi, mademoiselle, je crois que vous avez laissé tomber quelque chose. »

Son ton était tout ce qu'il y avait de plus cordial, gentleman comme on lui avait toujours apprit. Il fit quelques pas vers le jeune femme, dont il n'apercevait que quelques traits vagues. Il inclina la tête puis lui tendit la barrette, coincée entre ses doigts fins mais abimés par ses heures passées à jouer sans relâche.

« Une barrette je crois ? En tout cas, la voici ! »