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 Réminiscences [PV Len][Abandonné]

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Siam Pain
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Réminiscences [PV Len][Abandonné] Vide
MessageSujet: Réminiscences [PV Len][Abandonné]   Réminiscences [PV Len][Abandonné] EmptyVen 23 Avr - 23:33

Il avait mal.
Il avait mal et il était en colère. La souffrance et la rage, mixtures bouillantes et corrosives, se mélangeaient dans la coque de sa tête lourde. Ses pas irréguliers faisaient bondir dans sa poitrine musclée un petit organe essoufflé. Il voulait fuir. Fuir cette maison, fuir cet homme. Il haïssait cet homme avec une volonté de meurtre. Combien de fois s'était-il retourné, le Karnevale déclenché, prêt à enfoncer la porte de son manoir avec sa vigueur naturelle ? Il l'ignorait. Sa maturité et sa raison l'avaient poussé à poursuivre son chemin, fuyant dans les rues bondées d'Amenthalys comme poursuivi par la Peste Noire. Oui, c'était exactement cela. Il le voyait comme une maladie incurable, un virus répugnant et détestable.

Aujourd'hui, sa jeune sœur lui avait présenté Andy Jacobsen.

La rencontre avait été explosive. En serrant avec une politesse froide la main de l'inconnue, Siam savait d'ores et déjà qu'il n'entretiendrait qu'une relation négative avec lui. Cet homme dur et imbu de lui-même s'imposait tant et si bien que même son immense manoir semblait l'étouffer. Sa domestique, Layla Watson, réduisait sa taille à celle d'un enfant apeuré chaque fois qu'elle le croisait. Néanmoins, alors que la conversation s'envenimait, Siam aurait juré voir une étincelle d'admiration briller dans ses yeux avides tandis qu'elle écoutait en silence. Certainement très intelligente, cette petite. Mais peu importait la domestique quand on connaissait l'employeur qui à lui tout seul avait pourri sa journée. Leurs caractères enflammés s'étaient entrechoqués en un duel de titans. Fortement exaspéré, l'Opalien s'était extirpé de la lourde demeure sans un au revoir. Andy Jacobsen avait été formaté à son image. Il détestait qu'on lui ressemble, qu'on essaie, qu'on essaie seulement de l'égaler !

Pour couronner le tout, il déambulait désormais dans une ville pratiquement inconnue, sous un ciel d'orage. Les nuages s'amoncelaient en une épaisse couverture de coton au dessus de sa tête, laissant présager une pluie diluvienne. Par réflexe, Siam s'emmitoufla dans sa longue cape, ne s'étonnant pas de frissonner dans ce climat bien plus froid que celui d'Opale. Bousculant plusieurs personnes sur son passage, le jeune homme utilisa son sens de l'orientation afin de trouver le centre ville dans demander son chemin - il n'était absolument pas d'humeur à converser.
Il atteignit enfin, à son grand soulagement, ce qui semblait être le centre ville. Cette place ne lui était pas inconnue ; c'était un endroit entièrement dédié à l'Art, dans lequel il avait passé le plus clair de son enfance en compagnie de ses parents adoptifs. Ces derniers, nobles et cultivés avaient tenté avec succès de transmettre un maximum de notions artistiques à leurs enfants.

Siam n'avait jamais été très fanatique de l'art en général. Le seul l'ayant un tant soi peu intéressé vu la musique, dans ses plus jeunes années. Ayant traversé, comme tout adolescent qui se respecte, une période de crise, il trouva le moyen de se réfugier dans la musique, pour le plus grand bonheur de ses parents adoptifs ; très compréhensifs, il lui achetèrent une guitare. Cette dernière traînait désormais sous son lit, dans une chambre qu'il ne fréquentait que rarement, à cause de la présence régulière de Lust, sa sœur cadette.
Plongé dans ses réminiscences, il avait ralenti sa marche, ce qui n'empêcha pas le choc.

BAM !

Il fut aussi violent que s'il avait foncé à toute vitesse sur la personne. Un carnet ailé de pages légères voleta dans les airs avant de s'écraser, bec ouvert, aux pieds de Siam. L'obstacle en question, sûrement son propriétaire, s'était retourné, étonné et se massait l'épaule avec vigueur. L'impact avait dû le toucher davantage. En effet, Siam s'aperçut trop tard que son Karnevale s'était en partie déclenché - instinct de chasseur - faisant émerger de ses membres de minuscules pointes en os. Siam d'amour, quand apprendras-tu à contrôler tes émotions ?!

Impassible, il ramassa vivement le carnet qu'il planta dans la poitrine de son propriétaire, avant d'amorcer un pas pour continuer son chemin.

- Regardez où vous marchez, la prochaine fois, grinça-t-il sans un regard.
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MessageSujet: Re: Réminiscences [PV Len][Abandonné]   Réminiscences [PV Len][Abandonné] EmptySam 24 Avr - 1:37

    La voûte céleste n’était qu’un linceul, ayant subit les assauts de masses d’air antinomiques depuis plusieurs heures. La journée qui s’était annoncée chaude et apte à voir quelques touristes téméraires arpenter le centre ville s’en trouvait par conséquent avortée au damne des étrangers. Pour les riverains s’était autre chose. L’arrivée d’une dépression était même vue de manière salvatrice, rompant un climat digne d’Opale. Et la capitale ne renoncerait pas aux animations quotidiennes qui faisaient sa réputation. Amenthalys semblait plus que jamais défier les éléments que l’on aurait pu considérer comme dissuasifs. De préciser que ces ruelles fleurissante de lampions jusqu’à la déraison étaient le berceau d’une activité intellectuelle et artistique qui n’avait de cesse de s’exprimer était un pléonasme. Len aimait à vivre dans cette obscurité reconsidérée, au sens matériel tout autant que moral ; l’être en vue totale ne jouissait d’aucune de liberté. La lumière vive, elle, était cruelle ; amadouer l’ombre trop longtemps délaissée. La nuit brillait ici comme un diamant noir luisant en ses morbides arrêtes. L’ensemble du corps voit le voisinage proche des choses, leur présence massive de nuit, leur tranquillité. Toute lueur vive les arrachait à cette paix, enlevant la sienne par la même occasion. Son corps de pénombre savait évaluer les ombres, il se glissait parmi elles, entre leur silence, aussi sûrement que s’il les avait connu. Elles exaltaient l’attention la plus fine, révélant même la finesse, c’est toute la peau qui vit ainsi précédée par un voile épais d’atmosphère dense et mobile. Et plus que jamais l’espace et le temps suintait d’une dimension singulière, frémissante d’indécisions, d’incertitudes, cet engrais propice à la présence de ce que tous recherchaient ici ; quelque muse complaisante.

    C’était son instant d’intangibilité intime, lorsque fuyaient ses réflexions dédiées à l’archipel de l’insomnie et que seul demeuraient ses instincts premiers. C’était son archipel, ces minutes où l’excès se vit de manière suave et oh combien désirable. Loin du régime du futur proche trop identique au passé immédiat. Ce que sa sœur avait un jour mentionné très justement par « sa vie de schizophrène ». On était au final tous humain. Et se soustraire à la morale, s’omettre un instant pouvait se révéler salvateur…Tant que l’on possédait le fil d’Ariane pour revenir de ce monde vil de la création. L’enfièvrement, se perdre au cœur d’une foule anonyme. Le temps même renonçait à asservir ces interludes au cours desquels la frontière entre s'inventer et être soi même s'aminsissait. Entre un cadavre de canette et des rires noctambules, Len trouva le point parfait pour se faire une vision d’ensemble. Il s’arma de son carnet de croquis…qui eut tôt fait de s’éparpiller à ses pieds, comme nostalgique de renouer le contact avec son essence première.

    « Regardez où vous marchez la prochaine fois. »

    La jungle peut être métaphorique. A l’instant la jungle c’est ma conscience immédiate des événements. Et cette jungle est d’une beauté opaque, agressive, calquée sur l'agonie, avec ses cohortes de rires diffus, ses processions d'ombres agencées de façon précise et hypnotique, ses nœuds encore chauds de la langueur d'un pas. La splendeur y vibre en notes crades. Moi et l’animosité qui ronge une partie de mon âme à chaque seconde. La raison des deux loups qui combattent à tout instant en moi même ? La causes des inflexions de la haine comme de l’amour, toujours ? La mort. Qui comme pour me rappeler sa frustration de me savoir capable de lui faire ombrage ne cesse de m’envoyer ses sbires ; l’ivresse et la folie… Il est aussi dangereux de faire atterrir un illuminé que de réveiller un somnambule… Suintent enfin en moi les échos de ma lucidité, cette extrême et dangereuse lucidité qui me rend vulnérable à tout, à moi-même surtout. Examen minutieux, impudent et sans concession de la silhouette féminine qui quitte l’impudeur des rues. Féminine ? Tu parles. . Au vent du nord fouettant de ses coups leurs chevilles, cette carcasse torturée emmitouflée dans une cape de néant n’était de un pas de la région, et d’autre part dégageait un quelque chose qui n’intimait point la confiance. Pourtant le physique n’avait rien d’exceptionnel, non c’était.. Instinctif. L’inconnu se heurtait à notre tignasse en bataille et à ses vêtements légers couvrant à peine sa peau d’albâtre qui loin de craindre les courants glacés s’en abreuvait. Une chemise de lin aux allures d’antan, un vieux pantalon de toile remonté jusqu’à ses genoux, délaissant ses pieds éternellement nus offerts aux quatre vents.

    Les lèvres pincées en un rire sarcastique à peine retenu. Pupilles azur animées d’une lueur d’un âge païen. Faut dire que, traquant les différentes facettes de sa personnalité, notre jeune ami avait prit l’habitude de consommer quelques molécules aptes à laisser la place à des aspects de sa personnalité habituellement domptée sans même en avoir conscience. En résultait son état plus que jamais sanguin. Corps virginal façonné par on ne savait qu’elle main, assurément désireuse de satisfaire le règne des apparences. Subtile toile tendue dont l’effet ne s’estompait pas avec les âges puisqu’elle demeurait de la même intensité, reflet même d’une éternité désirable. Le bougre suintait de ce magnétisme élégant, qui ne sortait que plus grandiloquent à chaque proie qui s’y fourvoyait. Mais pour le moment c’était une aura animale et imprévisible qu’il dégageait.
    La jeune tête brûlée ne prit même pas la peine de ramasser ses esquisses psychédéliques et accueillit cet inconnu avec son habituelle déférence impudente. Sourire sur ses traits candidement hypnotiques. Alors même que la silhouette était déjà sur le point de se déplacer, Len s’inclina exagérément ôtant un couvre chef imaginaire et faisant mine de dégager le passage.

    « Mais je suis votre obligé. »

    Le gamin s’évanouit dans un souffle dans le dos de l’inconnu, s’apprêtant à le délaisser pour la liesse de la place centrale, non sans plonger au préalable furtivement sa main agile sur laquelle la peinture semblait s’être incrustée durablement dans la poche de ce sieur éphémère.


Dernière édition par Len Koyomi le Sam 24 Avr - 23:35, édité 1 fois
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Siam Pain
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MessageSujet: Re: Réminiscences [PV Len][Abandonné]   Réminiscences [PV Len][Abandonné] EmptySam 24 Avr - 22:11

Notre pile sur pattes avait senti le coup venir. Habitué aux nombreux malfrats de la ville du soleil, le jeune Opalien n'avait pu que se méfier davantage en se glissant dans la foule. Des centaines, peut-être des milliers de têtes se massaient, fourmis à l'œuvre, tâches de couleurs, dans la veine trop étroite pour la circulation massive. Le trafic ralentissait, les paroles fusaient et s'emmêlaient dans un tricot raté de sons incongrus. Les pantins de chair, hypnotisés par la chaleur humaine, se massaient les uns contre les autres avec une vigueur renouvelée. On eût dit une gigantesque orgie - cette dernière pensée aurait premièrement traversé l'esprit de Siam s'il avait été dispensé d'une infime culture sexuelle, ce qui n'était pas du tout le genre de la maison. Les parents adoptifs de Siam se révélaient en effet très polis et distingues, mais également très pudiques.
L'observation était de rigueur, et il s'agissait de la qualité principale de Siam. Le Chasseur affirmé sentit comme une caresse la main d'Anonyme se glisser dans l'une des poches profondes de sa cape légère.

Révolté par tant d'irrespect, il se retourna vivement, le regard gorgé de haine. Son pivot engendra le déséquilibre de l'intéressé. Néanmoins, Siam réussit à le rattraper avant qu'il ne touchât le sol, vacillant comme un malade. Le contact avec la peau humaine - auquel il avouait être peu habitué - lui fit l'effet d'une puissante décharge électrique, si bien qu'il faillit lâcher le bras malingre dont il s'était saisi avec avidité. Les deux visages se rapprochèrent dangereusement. Silence. Des respirations saccadées par le rapide mouvement, et une gorge rouillée qui exhalait la drogue. Réprimant un haut le cœur, le Chasseur reprit contenance et se redressa du haut de son petit mètre cinquante. Malgré ses muscles taillés par les combats et la chasse, il ne parvenait pas à supporter le poids de l'inconnu dans un équilibre aussi précaire. Trouvant le jeune homme bien passif, Siam le secoua avec violence.

- Qu'est-ce que tu me veux, hein ? Qu'est-ce que tu me veux ?!


Sa voix forte et dure trancha dans les conversations proches avant de s'évanouir dans le vent des conversations amassées. Le bras trembla quelques secondes dans sa main et s'y écroula mollement, inerte, comme le membre d'une poupée de chiffons. Siam, incrédule, contempla le jeune homme dans un blocage éphémère, comme s'il s'était agi d'un être venu d'un autre monde. Il semblait s'effrayer de le lâcher, peur que cet acte déclenchât une chute mortelle. Ses yeux aux lentilles émeraude s'intéressèrent tout à coup à son apparence. Les passants, devenus flous et inintéressants, se glissaient sur ses flancs, vagues tranquilles.
Un ange étourdi par son voyage entre ciel et terre. Ses mèches dorées encadraient un visage divin au doux grain de pêche, incrusté de deux saphirs juvéniles. Ses mains fines et habiles laissaient voir de légères tâches de peinture, quelques uns d'encre, l'empreinte digitale d'un Amenthalysien.

Imaginant sa propre apparence, Siam se sentit sale et différent. Loin du gentleman manipulateur à la beauté diabolique, il s'affichait désormais comme un danseur des rues, un troubadour comme tous les autres, dans cet étrange festival artistique. Secoué d'un spasme, l'Etranger lâcha le bras souple avant de tendre une main blanche de craie, parfaitement entretenue, aux ongles parfaitement limés et vernis. Se dressant sur le piédestal de sa haute classe sociale, il troqua sa contemplation fascinée pour un regard d'un dédain exécrable.

- Allez, vite, rends-moi ce que tu m'as dérobé, voleur !


Son coeur s'emballa dans sa poitrine fragile tandis que le linceul psychologique trop connu s'emparait de lui. L'adrénaline, telle la lave d'un volcan, engluait ses veines et ses bronches, écrasait ses artères, brûlait son estomac. La psychose lui détraquait l'esprit et grignotait ses neurones avec la vivacité d'un acide. L'air si salvateur et si banal se bloqua dans se poumons. Il suffoqua quelques secondes tandis que des paillettes multicolores éclataient devant ses yeux, tel un feu d'artifice muet. Vacillant, il tenta vainement à se rattraper à une Amenthalysienne hasardeuse qui, face à son regard dérobé, prit peur et s'enfuit en hurlant dans la foule. Gorge déployée, il chercha vainement de l'oxygène.

Un coup de tonnerre ébranla la grand place suivit d'un éclair fulgurant qui zébra le ciel gris. Les parapluies se déployèrent tandis que les nuages se soulageaient sans scrupules sur la tête des passants. L'eau gelée éclaboussa le visage pâle de Siam qui sentit le souffle vital exploser dans ses poumons affaiblis. Son coeur tambourina de nouveau contre sa cage thoracique, tel un oiseau cherchant l'envol. Maudites crises. Maudite claustrophobie ! Siam se redressa, presque courbé en deux. Lorsque ses yeux nuageux arrivèrent à distinguer nettement l'entourage, le jeune homme considéra avec stupéfaction que son voleur était toujours là.
Benêt. Un sourire d'ange gravé sur ses lèvres d'enfant.
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MessageSujet: Re: Réminiscences [PV Len][Abandonné]   Réminiscences [PV Len][Abandonné] EmptyDim 2 Mai - 3:12

    Bien sur qu’il n’y a que des corps, bien sur que tout est corps, et bien sur que le corps n’est qu’un esclave à la merci de son esprit. Bien sûr que tout esprit est tyrannique avec son corps. Et c’est tout aussi certainement que je peux dire qu’il y a des douleurs que le corps ne peut pas supporter, des douleurs dont l’esprit n’a même pas idée, précisément parce que ces douleurs dérobent à l’esprit l’idée du corps, et puisqu’elles stigmatisent des points de la chaire comme des singularités de l’esprit, elles sont des points singuliers qui font converger tout le potentiel attentionel et concentratif vers eux : ainsi disons nous que dans ce cas le corps est ressenti comme une prison, comme son propre esclave, emprisonné dans des noeuds d’énergie, d’énergie nouée, regorgeante d’engorgement, toujours grossissant par une gravité attractive quasi-infinie. Et l’esprit est un loup pour le corps. En quête de son libre arbitre il joue la santé du second.

    Je devais avoir un air d’halluciné. J'aimais savoir que mes yeux recelaient quelques nuances d’autres dimensions, dégénérées, et regarder les autres, leurs façons de détourner la tête, par pudeur, par crainte. C'est drôle la foule quand on prend un visage étrange, ça se tait devant l'invraisemblance, ça baisse les paupières comme pour ne pas qu'on la contamine, et quelque chose gigote dans les gorges comme des gamins gigotent dans des ventres. Ça pue la haine ravalée, inconsciente, et je sais que beaucoup de marginaux veulent les bouffer ces joues roses, ces gorges satinées, tout cet éclat qui n'est pas le leur. Mais pour l’énième fois, cet air n’avait en cette heure pas grand chose de singuliers. On se mouvaient tous ensemble au rythme des damnés. Un être illimité ; copulation des esprits et des âmes déliées.
    Des embryons de colère qui gesticulent fort dans l’air, étreignent l’atmosphère orange et drue. Tous les yeux sont comme on peut imaginer les yeux d’un pareil soir, étincelants, un peu jaunes, un peu éloignés. Nous savions les blessures : les heures de terrible effort, angoissées, tenues là dans nos corps et dans nos cœurs comme tant d’heures crispées, épuisantes, se répondent en sortes d’échos tacites, en non-dits coincés là dans le vent, dans nos bouches. Petits nœuds de folie, de fatigue expiée. Une torpeur cotonneuse.

    Face à moi ce regard acide, comme une frontière menaçante. Les lueurs de l’âme sont infiniment fertiles : mon cul. Mon cœur est aux Bermudes, dans la soute, ce qui bat c’est des secondes de suave obédience au psychédélisme de l’instant. Je tombe. Je n’aurais jamais cru le sol si proche. Non. Je lévite. Macadam chwim gum. Je veux être un désert. Il n'y a pas de fatalité, pas d’originalité, pas d’histoire exceptionnelle, comme il n'y a que des photos que l'on froisse, avant de les déchirer, lassé de les regarder. Surtout parce qu'elles ne sont que de pâles copies, en noir et blanc, de cette intangibilité qu'on ne peut saisir. Comme cet étrange ballet des lèvres d’autrui… Quelques borborygmes bien trop lointains pour que je le fixe autrement qu’avec un visage souriant de ces autres contrées. Mollusque ayant déserté sa coquille… Dans le doute je lui tend comme l’enfant de cœur ferait l’aumône, le carnet dont j’aurais presque oublié la présence en provenance directe de sa poche arrière. Pour la discrétion je pouvais repasser. L’homme qui était sur le point de perdre à son tour l’équilibre, devait être rodé à ce genre d’affres du quotidien. Il devait venir de la ville pour avoir un tel instinct vis à vis de ces congénères envers lesquels il ne nourrissait certes pas une estime conséquente. Qu’elle ville en ce cas ?

    La lune s’était retirée derrière un linceul nuageux, comme un cafard fuyant le brouillard hostile et sans concession de l’aérosol. C’est l’orage qui s’enhardissait à compléter la soirée de sa présence. Je ne contrôlais rien, puisque j’avais conscience de tout de manière latente. L’ individu dont les traits arboraient un dédain qui semblait depuis être longtemps le sien avait eu la précaution ne point me laisser choir en sa présence. Mon passé et mes acquis bien maigres se collent à moi comme l’emplâtre d’une plaie. Au travers de ce contact fortuit, c’est mon essence qui s’écoule. Karnavale. Don à maudire… Qui comme ultime pied de nez ne se laisse pas dompter et s’active contre mon grès. Bon faut dire que si j’avais été plus sobre, j’aurais pu avoir un impact quelque peu plus assuré sur mon individualité. En attendant c’est une zone de mon esprit dont je n’ai pas conscience, ou plutôt dont je me refuse à avoir conscience, qui capte une détresse suintante des pores de l’étranger. Détestable empathie. Dans la confusion de mes neurones crochus nul doutes que toute détresse psychique doit dépeindre un mal physique…Galops d’apocalypse dans mes veines candides. Volonté intrinsèque d’ôter les épines d’une ruine à mes risques et périls, préavis pour que l’autre oublie et vive. Moi qui refusais ce don, pour tout ce qu’il sous entendait, pour les décisions qu’il nécessitait. Engendrement de l’inconstance de soi, d’une confiance atrophiée…Toujours est il qu’à défaut de voir des blessures cicatriser, l’inconnu dû ressentir un souffle d’apaisement latent envahir son âme torturée…Une brise de courte durée puisque le contact fut bien vite rompu sous le flash d’un éclair qui n’avait pas ménagé son entrée en cette voûte céleste en lambeaux.

    Moi, gringalet roseaux sous les affres du ciel, virginal et innocent, pupilles d’un azur oublié fixant avec…compassion l’homme. Len, len, qu’est ce que tu fous ? J’étais autre, de celui qui s’assume et ignore le véritable visage du monde ; tout en frasques volubiles et dangereuses…

    « Les blessures de l’âme sont elles à considérer comme handicap physique ? »

    Question à haute voix mais posée simplement à moi même. Pour le était il possible de venir en aide à quelqu’un de désespéré ?







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MessageSujet: Re: Réminiscences [PV Len][Abandonné]   Réminiscences [PV Len][Abandonné] EmptySam 8 Mai - 21:15

La sécheresse du désert s'empara de ses doigts lorsqu'il saisit vigoureusement son bien dérobé. Ses yeux acides transpercèrent le voleur avec une fulgurance égale à celle des éclairs qui désormais lacéraient le ciel. Sans scrupules, il laissa choir au sol le malfrat tout en coinçant le petit carnet dans sa ceinture. Les battements de son cœur s'apaisèrent. Il avait failli perdre l'une de ses plus précieuses affaires, cet ouvrage qui regroupait au creux de ses pages les bribes déchirantes et maladroites d'une vie damnée. Il serra quelques instants la couverture de cuir usé, comme pour s'accrocher à une bouée de sauvetage dans la mer déchaînée. Les cieux vomissaient une pluie déferlante, humidifiant bientôt les mèches du jeune hommes qui devinrent alors tentacules vénéneuses. Pouah ! Quel climat pourri, mes aïeux ! Jamais, au grand jamais, une telle tempête n'aurait secoué la cité brûlante d'Opale !


"Ca y est. On est sortis. On est sortis de l'orphelinat ! Un gentil monsieur et une gentille dame sont venus nous voir Lust et moi. Ils ont dit qu'ils voulaient des enfants. Ils nous ont regardés et la dame à dit qu'on était très beaux. J'ai dit qu'on était pas des animaux de zoo mais j'ai remercié la dame quand même. Elle m'a donné un bonbon, mais je l'ai pas pris, car on prend pas un truc d'une personne qu'on connait pas. Elle a sourit et le monsieur nous a laissé. La dame a pris Lust sur ses genoux et elles ont commencé à parler. Plus tard le monsieur est revenu. Il s'est mis à genoux devant moi et m'a dit que c'était mon papa maintenant et que la dame c'était ma maman. La dame a pleuré, mais elle était contente. Le papa m'a pris dans ses bras et on est partis.
On est allés dans une belle maison. Papa et Maman doivent avoir plein de sous. J'ai une grande chambre pour moi tout seul ! Ils nous ont donné un petit carnet, à Lust et à moi. Ca s'appelle un journal intime je crois. Je l'essaie. C'est marrant de raconter sa vie.

Je croyais t'avoir jeté depuis des années. C'est drôle de relire les lignes qu'on a écrites alors qu'on était tout gamin. Je croyais avoir abandonné cette idée stupide de journal intime, mais...je crois que j'en ai vraiment besoin maintenant. Père et Mère ne m'écoutent plus autant qu'avant et Lust a ses petites affaires de fille, alors forcément je me sens terriblement seul. Je fais fuir les autres, à l'école. De toute façon je n'ai pas besoin d'eux. Ils sont stupides et naïfs ! Et en ce moment, j'ai l'impression que ça sert plus à rien de vivre. Que cette vie c'est de la merde...que je suis un putain d'accident du ciel ! Je n'ai rien à faire dans ce monde !"

Les échos d'une lointaine crise juvénile s'évanouirent dans sa tête lourde. Secoué par les grondements d'un tonnerre virulent et inhabituel, Siam se sentit doucement vaciller. Lentement, délicieusement, comme dans les bras d'une berceuse subtilement étudiée. Comme emprisonné dans les filets d'une overdose psychédélique, un trip multicolore dans un paradis artificiellement orgasmique. La marée humaine le berça de son flot chaud et humide, lui rappelant les rares pluies de la cité d'Opale. Il se laissa vagabonder, comme dans un rêve, dans des souvenirs aux parfums orientaux, terriblement envoûtant. Les chansons hypnotiques résonnaient déjà dans sa tête...

« Les blessures de l’âme sont elles à considérer comme handicap physique ? »

Dans un coup de lame, le décor doré se déchira. Finies les musiques aux notes nébuleuses. Déracinée, la cité mère. Evaporés, les parfums poivrés. Evanouie, la douce et réconfortante chaleur. Le gel pluvieux ravagea sa figure blanche pâle, dégoulinant sur le marbre bruni. Siam fut secoué d'un frisson et se pencha en direction du jeune inconnu qui semblait bien décidé à enraciner son petit postérieur à terre. Dans un élan de sagesse mijotée dans une transe perfide, il bégayait quelque formule dépourvue de sens. Le sentant défaillir, Siam soupira et lui saisit les épaules.

- Aller, ressaisis-toi, mon vieux !!

Oh, shit ! C'était trop bête de le voir crever en pleine overdose, sous ses yeux. Mettant un terme à son pathétique spectacle, Siam glissa ses bras musclés sous le corps frêle et gorgé d'eau, avant le soulever sans peine. Se retournant avec le même port altier que s'il transportait un sac de plumes, il cria presque à son pseudo patient.
- Tu crèches où ?

Sans attendre la réponse, il se fondit dans la foule. Sa cape dorée se réfugia, collante et humide, contre son petit cul musclé.
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