Blasted old man ! [Libre]

Plus jamais. Non, plus jamais elle n'accepterait ce genre de tâche. Elle venait de comprendre pourquoi Zhelkan aimait tellement les lui refiler, ces tâches démoniaques, c'est parce que ça lui plaisait bien de la faire suer. Voilà la seule explication plausible. Oui, la seule. Plus jamais Renna ne se laisserait faire si mollement, si l'on peut considérer se débattre et gueuler et rechigner pendant une heure avant d'accepter la tâche, quand le forgeron s'énerva et la menaça de la chasser de chez lui si elle ne faisait pas son boulot. Les patrons abusaient sérieusement de leur pouvoir ces temps-ci, faudrait que quelqu'un se rebelle... Renna le ferait bien, hélas elle avait d'autres chats à fouetter pour l'instant. Disons aussi que dans son état d'énervement, c'était pas une très bonne idée de lui ficher entre les mains la tâche d'organiser une rebellion, elle risquerait de mettre le feu à la citée du désert et à blesser plus de la moitié de la population. Mais vraiment, c'était trop injuste. Pourquoi fallait toujours qu'on s'acharne sur elle ? Oh non fallait même pas se poser la question, parce qu'elle était petite. Le coin de sa lèvre se souleva une fraction de seconde tandis que ses sourcils se fronçaient dans un air ennuyé. C'était toujours ça l'excuse. On lui donnait toutes les tâches ingrates et chiantes, rien que parce qu'elle était minuscule. Marcus ajouterait sans doute que c'est également parce qu'elle est trop adorable quand elle s'Énerve. Oh c'était peut-être pas la meilleure idée du monde de se mettre à penser à Marcus en ce moment... Sentant ses mains se crisper sur l'arme trop lourde qu'elle soutenait à bout de bras, Renna confirma que c'était vraiment une mauvaise idée. Son statut de naine était déjà assez énervant pour qu'elle se permette de se remémorer ce visage goguenard de Marcus en plus. Un soupir exaspéré sortit de la bouche crispée de la jeune femme. Elle releva les yeux et chercha à l'horizon un signe que cette fichue citée s'approchait, lessivée. C'est que c'était lourd ce fichu colis !!! Ses bras peinaient sous le poid de l'énorme hache à deux mains emballée dans une étoffe beige et attachée avec de la corde. Depuis maintenant des heures qu'elle voyageait vers cette fichue citée, colis entre ses doigts... Et en volant en plus !!! Il avait fallut que ce fichu bateau n'arrive jamais et qu'elle soit forcée de faire le chemin dans les airs, crispée sous le stress de tomber de par son manque de contrôle. Deux fois elle avait faillit choir dans les flots de la mer à cause d'un vent trop puissant et trois fois son pouvoir avait décidé de la lâcher sans aucune explication. C'est fixé, Renna détestait vraiment voler. Et tous ces gens qui rêvaient de valser entre les nuages et de se faire copain avec les piafs étaient des idiots. Mais vraiment, voler c'était un trus vraiment chiant. D'abord y'avait ces fichus courants d'air qui allaient jamais dans le bon sens, puis y'avait cet équilibre qui fallait toujours garder si on voulait pas tomber à pic... Et puis après, y'avait--

«

AAAAAAAAARG !!!

»

Y'avait ces fichus bancs d'insectes qui volaient trop haut pour leur propre bien et qui s'écrasait dans le visage sans crier gare. Renna perdit sa concentration du moment, secouant vigoureusement la tête et crachant en grimaçant pour se dégager de ces morceaux de papillon écrasés. Fichus insectes. Aveuglée, elle vola de façon erratique pendant un moment et fonça directement dans un oiseau. La pauvre bête poussa un cri effronté et donna quelques coups de becs sur la tête de Renna pour se venger. La jeune femme, poussant un cri de surprise, eut le réflexe de se protéger la tête et lâcha son colis qui plongea droit vers l'océan.

«

STUPIDE PIAF, T'VAS M'LÂCHER OUAIS ???

»

Empoignant le bec de l'oiseau fautif, la jeune femme réouvrit les yeux pour découvrir ses prunelles d'ambre colériques. Elle poussa l'oiseau un peu plus loin, puis réalisant qu'elle avait les mains vides, poussa un juron et plongea vers la mer... Qu'elle rencontra de plein fouet. Elle remonta à la surface, hache à la main et tenta de se concentrer pour remonter, mais c'est difficile de se concentrer quand on patauge dans l'eau et qu'on sait pas nager ! Elle réussit à léviter pathétiquement proche de la surface, prenant de grandes respirations, les mains tendues sous le poids de l'arme. Les yeux de la jeune femme s'assombrirent quand ils découvrirent l'état de sa marchandise, mouillée et probablement déjà en train de rouiller. Dans son imagination, la hache avait soudainement un visage et s'esclaffait bien grassement en ce moment. L'Opalienne aurait voulut lancer l'arme et la laisser couler, mais elle n'avait pas très envie d'affronter Zhelkan à son retour et ses bras étaient morts de fatigue. Elle continua donc son chemin, espérant fortement que ce fichu vieil homme serait prêt à recevoir son achat dès son arrivée. Et puis pourquoi est-ce qu'un vieux débris aurait besoin d'une hache de guerre ?! Ridicule. Elle allait lui dire sa façon de penser à c'mec dès qu'elle aurait empoché la somme requise ! Maugréant pour elle même et insultant quelques occupants du ciel qui passèrent encore son chemin, Renna continua à avancer vers une étendue de terre qu'elle notait au loin, espérant qu'il s'agissait du bon endroit. Quand même, elle était jamais allée à cette fichue citée et elle avait pas très envie de se perdre. D'habitude, les clients de Zhelkan venaient le visiter à Opale, ils ne quémandaient pas une livraison à domicile ! Mais apparemment, ce mec c'était un vieux pote au forgeron... Ouais bon alors clairement, faut faire suer la petite Renna puisque c'est un ami... Les clients ont toujours raison... "Renna, va donc à l'autre bout du monde porter un colis ultra lourd à un vieux qui n'en aura pas besoin !" Pfeu, trop injuste. En revenant à Opale, Renna demanderait qu'on augmente son maigre salaire. Après tout, si le forgeron se donnait le droit de l'envoyer dans ce genre de missions, alors il pouvait bien montrer qu'il appréciait ! Appremment, Renna n'avait toujours pas compris que le métier d'assistante forgeron incluait la tâche de livrer la marchandise. Ou alors elle était simplement trop frustrée et mouillée pour s'en souvenir. Enfin, Renna pouvait dénoter la plage à l'horizon. Encore un tout petit effort et elle pourrait enfin marcher sur de la terre ferme et... Mais hey, qu'est-ce que ? En moins de temps qu'il en faut pour le dire, Renna replongeait dans l'eau. Son don était apparememnt aussi épuisé que son pauvre petit corps. Sous les yeux surpris de quelques curieux, la jeune fille se mit à paniquer, criant des 'J'me noie ! J'me noie !' sonores... Avant de réaliser que ses pieds touchaient au fond de l'eau. Elle se figea alors, remarqua qu'elle n'était pas seule et se mit à marcher, les joues rougissantes, vers le bord de l'eau, grommelant pour elle-même. Se fichant complètement de l'état de la hache, Renna continua à avancer en la faisant traîner dans le sable derrière elle, de sorte qu'une fois sur le rivage l'arme était pleine d'algues et de coquillages.

Renna secoua la tête pour retirer un peu d'eau salée de ses cheveux, grimaçant sous le goût du sel mêlé à des restants de morceaux de papillon, puis planta la hache dans le sable et s'assit pour retirer ses sandales pleines d'algues et de sable. Elle regarda le sable blanc couler de ses sandales avec mauvaise humeur, détachant rageusement les plantes aquatiques qui la narguaient, prises dans les sangles. Son regard se posa ensuite sur son entourage et elle remarqua qu'elle avait toujours un auditoire. Leur lançant un regard noir, elle attendit qu'ils partent d'eux mêmes, ce qu'ils firent en contemplant l'aura de mauvaise humeur qui semblait émaner du corps de la jeune femme. Renna finit par se relever et regarder autour d'elle en cherchant son client, réalisant soudainement qu'à par la notion 'je l'attendrais à Amenthalys', Renna ne savait pas du tout où rejoindre le vieil homme. Grognant et pestant, elle chercha le chemin vers la citée, mouillée, sale et las, les bras en compote. Puis, d'un pas résolut, la hache sur l'épaule, elle marcha dans le sable chaud sous des yeux médusés. Il est vrai que l'on ne voyait pas souvent des fillettes traîner des haches deux fois trop grandes pour elles sur leurs épaules... Surtout couvertes de sable et d'algues et de -- Mais attendez une seconde, ne serait-ce pas des crustacés pris sur ses vêtements ? Une chose était certaine, Renna allait trucider ce vieux débris dès qu'elle le verrait.

« Mirabelle, c’est une sauterelle,
Qui n’a même pas d’ailes !
Ouh, qu’elle n’est pas belle,
Cette Mirabelle. »

« Mirabelle, c’est une sauterelle,
Qui se croit hirondelle.
Ouh qu’elle n’est pas belle,
Cette Mirabelle. »

« Et vous voilà encore plus crasseuse que vous ne l’étiez déjà ! »

« Mirabelle, c’est une sauterelle,
Un insecte sans cervelle.
Ouh qu’elle n’est belle,
Cette stupide Mirabelle ! »

Marcher en grommelant était devenue une habitude certaine pour la petite Renna ces derniers temps. C'est vrai qu'avec tout ce boulot que lui refilait Zhelkan et cette soudaine envie de la part de Marcus de la saouler encore plus que 'habitude, elle n'avait plus trop le temps de sourire et de gambader joyeusement. Attendez là... Renna ? Gambader joyeusement ? Ouilla je serais moins surprise de voir tomber des éléphants roses à pois verts ! Et donc, Renna continuait son avancée sur le sable d'un pas décidé, ses vêtements mouillés lui collant sur le corps et ses sandales trempées couinant sous chaque pression au sol. Elle qui vivait dans le sable du désert devait avouer qu'elle en avait franchement marre de ces fichus grains. Ça se faufilait partout sous ses vêtements, grattant sa peau couverte de sueur et de sel. Franchement, faudrait qu'elle pense à déménager loin de tout ce sable un de ces jours... Préférablement loin de tout vieillard et loin de tout gamin. En parlant de gamins... C'était elle ou y'avait vraiment une infestations de mioches sur cette plage pourrie ??? Renna s'arrêta soudainement sous la surprise, regardant autour d'elle avec un air suspicieux. Elle vit à gauche et à droite des bandes de gamins ricanant et se courant stupidement après, lançant des trucs et construisant des châteaux de sable. Génial. Le regard de la jeune femme s'assombrit. En plus d'avoir mal aux bras et d'avoir bouffé des papillons, elle avait aussi droit à un tas de gosses trop bruyants. Continuant son chemin, de plus en plus de mauvaise humeur, la pauvre Renna ne savait pas du tout ce qui l’attendait. D’ailleurs, si elle s’en était seulement doutée, sans doute qu’elle serait restée chez elle ce matin. Après tout, quand on calcule le nombre de malheurs qui lui tombèrent dessus depuis le début de la matinée, n’était-il pas mieux de rester au lit ? Hélas il était trop tard pour soupirer et regretter de s’être levée… Elle continua donc de marcher, ne tournant pas la tête même quand elle entendit des cris de joie des gamins quand la jeune fille arriva sur la plage pour sustenter leurs estomacs affamés. À quoi bon regarder, les enfants c’était toujours heureux pour un rien non ? Mais elle dut bien vite observer son entourage quand un gamin lui fonça presque dedans avec un gâteau dangereusement badigeonné de glaçage. Une fois le coup de la surprise passé, elle posa une main sur son pauvre cœur qui menaçait de sortir de sa poitrine et fit volte-face pour vociférer au gamin qui était repartit sans demander son reste :

«

HEY LE MIOCHE REVIENS ICI QUE CH’TE CHOPPE !!!

»

Mais elle n’eut guère le temps d’honorer son désir de vengeance, ouisqu’à peine quelques secondes plus tard, un mioche lui échappait un jus d’orange sur la tête. Au début, elle n’eut aucune réaction. Sa main brandie pour ponctuer son engueulage du gamin au gâteau était toujours levée dans les airs et ses yeux étaient grands ouverts sous la surprise. Son nez humait l’odeur de jus d’orange avec contrariété. Elle cligna un moment des yeux, puis toucha presque nerveusement à ses cheveux… Et grimaça amèrement en sentant leur texture visqueuse. Du moins encore plus qu’auparavant. Cette fois, elle se retourna d’un coup sec, laissant tomber la hache sur le sol et cherchant le coupable avec un air pas très rassurant au visage. Ses yeux trouvèrent un gamin qui la fixait d’un air appeuré et aussitôt, Renna plissa les yeux, se préparant à l’attaque. Mais avant même qu’elle ne puisse s’avancer, une jeune femme aux longs cheveux bruns lui adressa la parole et le gamin profita de la distraction pour se cacher derrière la nouvelle venue. La petite fixa d’un air mauvais le mioche qui lui jetait de temps à autre un regard, avant de remarquer ses sourcils froncés et de replonger derrière les jupes de la jeune fille. Sans regarder la nouvelle venue, Renna pointa un doigt accusateur vers le mioche et lança d’un ton agacé :

«

Nah mais c’est pas possible ça !!! Surveillez donc vot’ fils m’dame, quand même c’est --

»

Ses yeux trouvèrent le visage de la jeune femme et elle remarqua à ce moment à quel point elle était… Bah jeune quoi. Surprise de découvrir une mère si jeune, Renna perdit le fil de ses paroles et cligna un moment des yeux, presque stupidement. Déjà qu’elle trouvait les gens dingues d’avoir des gosses, le fait qu’une adolescente puisse avoir l’idée ridicule de perpétuer la race humaine la dépassait. Il ne lui vint même pas à l’idée que la jeune fille pouvait ne pas être la mère du fautif. Elle regarda un moment l’enfant, analysant son âge et calculant rapidement dans sa tête quel âge la fille avait du être enceinte. Incroyable. Stupéfiant. Mais surtout con. Qui serait assez ridiculeusement stupide pour décider comme ça d’être enceinte si jeune ?! Cette fille là devait vraiment avoir envie de gâcher sa propre vie. Comme si y’avait pas déjà assez de cons dans ce monde pour penser que les enfants c’était merveilleux et tout ça ! Ses yeux remarquèrent alors le mouchoir et elle haussa un sourcil.

«

….. Vous vous foutez d’moi ? Vous pensez vraiment qu’ce bout d’tissus ridicule va changer quelque chose ?

»

Elle étendit les bras pour que la jeune fille constate la couche de sable, d’algues et de jus d’orange qui recouvrait son petit corps. Elle avait beau être minuscule, c’est pas un mouchoir qui allait pouvoir nettoyer toute cette crasse. N’importe quoi, vraiment, cette fille était vraiment une imbécile. Comment elle pouvait seulement penser que ce plan pouvait marcher ? Elle vit bientôt l’air désapprobateur de la jeune fille sur son apparence. Renna baissa les yeux et vit l’état de ses vêtements, puis haussa les épaules. C’est pas comme si elle pouvait y faire quelque chose… Et pis l’attitude de cette nana l’énervait. Elle se prenait pour qui à la regarder comme ça rien que parce qu’elle était un peu salie ? Renna remarqua alors autour d’elle tous ces gamins qui courraient armés de fourchettes et de verres et écarquilla un moment les yeux. Mais qui était l’imbécile qui avait servit à ces mioches toutes ces armes ??? Elle chercha un coupable et remarqua aussitôt un petit chariot tout près de la dame. Aussitôt, Renna prit un air colérique, bomba le torse et pointa la jeune fille avec un air furieux :

«

Nah mais vous êtes dingue ?! Vous trouvez pas qu’ils sont déjà assez chiants et dangereux comme ça ??? C’est quoi l’idée de leur donner des fourchettes et du verre ??? Ils risque de crever l’œil d’innocents et ils vont fouttre du gâteau partout !!! Vous avez rien dans l’crâne ou quoi ???

»

Renna détestait les gamins. Non mais vraiment, qu’est-ce qu’il y avait de pire en ce monde qu’une bande de mioche surexcités prennant trop d’espace ? Ils étaient tous gâtés et orgueilleux et faisait suer la planète entière. Et alors qu’elle pensait toutes ces jolies pensées, un gamin qui courrait après une fillette lui fonça dedans, étendant joliement un gâteau sur le dos de Renna qui… Tremblait maintenant de rage.

« J’aimerais, chère demoiselle, que vous cessiez de me postillonner dessus du haut de vos mètres vingt. Aussi pourrais-je enfin vous éclairer sur plusieurs points. »

« Premièrement, je ne suis pas la mère de cet enfant mais sa sœur. Veuillez ne plus vous tromper à l’avenir. Deuxièmement, ce bout de tissu ridicule si gentiment tendu, je vous prierai de l’accepter. Troisièmement… »

« Les enfants, c’est dangereux ! Venez me remettre vos fourchettes et vos verres ! Vous risquez de vous faire mal ! Et pas d’objection ! »

« Et maintenant, on va prendre une douche ! »

[Merci

]