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 Suivez l'guide... [Pv Morgane]

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AuteurMessage
Andy R. Jacobsen
Andy R. Jacobsen
Jack Obscène

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MessageSujet: Suivez l'guide... [Pv Morgane]   Suivez l'guide... [Pv Morgane] EmptyLun 24 Mai - 1:38

Suivez l'guide... [Pv Morgane] 1z1g10g
_____Beat it.
Je pense trop à toi. Dégage de mes pensées, bordel. C'est affligeant de voir à quel point une rencontre tout à fait banale peut tant influencer une vie déjà toute faite. Je te hais, bon sang, je te hais. Il faut que je sorte. J'étouffe. C'est insupportable. J'ai la sensation d'être entièrement submergé, perdu dans des profondeurs obscures. L'impression d'être menacé par un danger fatal. En permanence. Je sombre moi-même dans les méandres de mon esprit tordu. J'entends un battement. Un son funèbre piégé dans un vide sidéral. Une douce et profonde mélancolie et un bruit sourd et sec à la fois... et je vois la lumière au bout du tunnel... non, ce n'est pas le moment de clamser. Mais je me sens mal. Mon corps est lourd, je ne parviens pas à bouger, alors que je flotte innocemment dans le vide, comme une âme en peine. Je ne sais pas où je suis.

Quand je rêve, je porte un regard différent sur le monde. Je le vois sous une autre facette. Mais je ne m'en souviens jamais. Si le faiseur de rêves existe, ah, mon dieu, que j'aimerais lui coller mon pied aux fesses sans vouloir paraître vulgaire. Il faut que je me réveille. Ça ne peut plus durer. Je vois ces trainées écarlates qui s'étendent sur les murs d'une blancheur immaculée, autour de moi. Je sens cette odeur de rouille sur mes mains. C'est pourtant si sombre, mais je vois tout distinctement. C'est effrayant... et pourtant ce parfum m'attire et m'influence au point de me réduire à un être chétif carburant à l'instinct primitif. Ça me dégoûte. Je déteste me laisser marcher sur les pieds. Qui que tu sois, tu n'es pas en mesure de me soustraire à tes volontés. Je suis le feu. Je suis cette chose néfaste et immatérielle qui anéanti tout sur son passage. Comme je le disais, je suis un monstre dans un corps d'humain. Quiconque possède un pouvoir, quel qu'il soit, n'est pas normalement formé, à mon sens. L'humanité est si mal faite. Je tâte nerveusement mes joues de mes mains décharnées et ensanglantées. J'ai peur. Avec le recul, je me rends compte à quel point nous sommes tous si petits et insignifiants. Nous vivons dans un seul but commun : mourir. Et même avec ça, on ose me répéter sans cesse « souriez, Messire Jacobsen, la vie est belle! » Je vous en foutrai moi. Non mais. Les gens ont tendance à me prendre pour une bille, une bille bien brillante et bien lisse, profitable et facile à manipuler. Ils se trompent. Aujourd'hui plus qu'hier, je suis de mauvaise humeur. Moins que demain, sans doute. Qu'en sais-je. Mes ongles grattent le sang coagulé avec un rythme lent et monotone.
Et puis plus rien.

_____Je crois aux fantômes. Mais pas aux humains.
Je sentais l'herbe fraîche et humide venir titiller mon cou. C'est si froid. Mais je suis perdu dans la contemplation de cette étendue azure, entre mes cils. Je laissai mes pupilles s'adapter à la lumière du soleil, alors que je revenais doucement à la réalité. Je me sentais léger, d'un coup. Je sortais à peine d'un mauvais rêve, dont je ne me souvenais pas par ailleurs. Me suis-je souvenu une seule fois d'un de mes rêves? Je ne crois pas non. C'est tellement flou, je m'en souviens vaguement durant une seconde peut-être et tout s'évapore de ma tête sans crier gare. Mais je sais que je rêve toujours de la même personne. La sensation est toujours la même à chaque fois. Cette impression de déjà vu. Je ne saurai déterminer qui est le protagoniste de tous mes songes. Je ne distingue même pas son visage à travers les ondes de lumière qui me séparent de lui, là-haut, au pays des rêves. Qui sait. Peut-être même que je ne le connais tout simplement pas. Je ne distingue pas clairement les traits de son visage. Je l'aperçois juste à travers un double vitrage qui s'étend indéfiniment, par delà les frontières de mon imagination, et j'ai l'impression de me voir de l'autre côté. Lui et moi, nous sommes semblables. Sans aucun doute. Et je me rends compte que même dans mes rêves, je rêve. Alors que je crois me réveiller d'un mauvais rêve, je ne m'aperçois même pas que je subis toujours l'étreinte de Morphée. Ma main s'est posée sur la vitre. La sienne aussi. J'avais l'impression que nos deux mains se touchaient. Il y avait un espace infini autour de nous. Sous l'eau. Avec des poissons qui ondulaient et faisaient briller leurs écailles à la lumière du soleil filtrant à travers la nappe aquatique. Et ce double-vitrage qui nous séparait. Mon poing frappa dans la surface de verre qui s'imposait devant moi. La cassure le fit disparaître. J'écarquillai les yeux, alors que ma main se crispait. Le paysage extraordinaire que je m'étais construit s'écroula en une seconde. Tout un édifice bâti en de longues années. Je sentis quelque chose de froid se poser sur mon épaule.

« Vous souffrez de paranoïa, messire Jacobsen... » Il ne savait pas de quoi il parlait. J'avais consulté différents psychologues depuis que j'avais trouvé la parole. Cela remontait à quelques années seulement donc. Celui-ci me semblait plus pathétique que n'importe quel autre, tout comme sa compassion à mon égard qui me mettait hors de moi. Sa façon de me regarder, de me voir. Ses réactions, ses manières. Tout m'irritait chez lui. Il avait le don d'être un concentré de tout ce que je déteste. Il me dégoûtait. Je ne supporte pas qu'il me touche. Vire ta main de là. Je te tue sinon. « ...Ce n'est pas bon de rester enfermé chez vous en permanence... » Parce que cet être pitoyable se permet de m'imposer de changer de mode de vie? Je ne le payais pas pour qu'il me fasse des leçons de morale. Mes mains tremblaient. J'avais une sauvage envie de me saisir de son cou et de le réduire au silence. Bon sang, cette migraine qui me revenait et me tiraillait l'esprit. Un peu plus et je devenais complètement fou. Je me maîtrisais néanmoins, cet homme ne valait pas la peine que je lui inflige ce qu'il méritait. Ce n'était pas à moi de le faire. « ...Je vous suggère de vous éloigner de vos petites habitudes et de changer d'air... » Je voyais le mépris dans ses yeux. Il n'était pas issu d'une famille de haut rang social. Il n'était pas riche. Mais il possédait ce que moi je n'obtiendrai peut-être jamais. Le bonheur. La paix mentale. J'étais jaloux. Haineux à l'égard de cet homme. Je ne supportais pas de savoir que d'autres personnes inférieures à moi pouvaient détenir quelque chose qui soit totalement hors de ma portée. Cela me rendait malade. Il ne souriait pas. Il semblait s'inquiéter de mon sort. J'étais persuadé qu'au fond de lui-même, il riait bien de me voir ainsi. Il jubilait même. Je sentais que cela lui procurait un immense plaisir indescriptible, de suivre la progression de mon enfouissement dans les ténèbres et dans le chaos. De la paranoïa, comme il dit. Non, c'est faux. Je vais le tuer et ce sera réglé. « ...Pourquoi ne pas prendre des vacances? Je suis certain que de nouveaux horizons ne vous seront que bénéfiques. » Je me hais. Nom de Dieu, que je me hais.

Je n'étais que rarement sorti d'Amenthalys. C'était mon foyer, hors de cette ville j'étais perdu. J'avais néanmoins déjà mis les pieds à Alzen pour participer à diverses réceptions et inaugurations. J'avais été très impressionné par l'endroit mais je n'avais pas tellement l'intention d'y retourner. Je ne détestais pas Alzen, j'avais juste peur qu'un certain fou furieux au caractère littéralement explosif me tombe dessus. Chaque fois que je le rencontrais, je regrettais d'être né. Alors plus il était loin de moi et mieux je me portais. Je m'étais donc orienté vers Opale, inexplicablement. Une ville de pauvre, à mon sens. J'avais ouï dire que l'endroit n'avait rien à voir avec Amenthalys. Je m'en doutais depuis le début. Et je ne croyais pas si bien penser. Avant même que je m'y rende, la journée m'avait semblé très mauvaise. Ce psychologue avait un humour dingue, c'est fou. Me demander de prendre des vacances alors qu'un nuage noir s'étendait sur toute la ville. La pluie n'avait pas cessé depuis le petit matin. Il devait être dix-sept heure. Peut-être. Sans doute. Je ne sais plus. Je n'avais pas très envie de réfléchir ce jour-là. Je me laissais juste guider par ce que me dictait mon instinct, mes envies. Mais le fait que je n'ai envie de rien compliquait légèrement la chose dirons-nous. Sachant pertinemment que je ne pouvais sortir de la ville qu'en bateau, je m'imaginais bien que le temps ne jouait pas en ma faveur. Au fond, cela me satisfaisait. Je me forçais à répondre aux conseils du psychologue. Mais je me cherchais des excuses. Des excuses stupides pour pouvoir retourner me lamenter dans les tréfonds cauchemardesques de mes pensées. Quand le fléau de la vie me rattrapait, je dormais. J'oubliais tous les maux et mon chaos intérieur qui me détruisait à sa guise. Je suis tellement lâche. Cela me convient, de vivre dans la futilité. De toute façon, je suis destiné à crever, comme tous les autres. Mourir de la même manière que je suis né. De la façon la plus apocalyptique qui soit. Pour moi comme pour les autres. J'aime.

La pluie avait fini par s'arrêter. À mon grand regret.

Je contemplais ce magnifique ciel bleu. Cette immensité infinie me plaisait tellement, et malgré ça, je me surprenais à préférer le mauvais temps. La pluie. Je me reconnaissais si bien à travers chacune des gouttes qu'elle déversait. Les larmes du ciel. C'était comme si la nature me comprenait. C'était ainsi depuis que j'étais né. J'avais toujours été en parfaite harmonie avec la nature, même si le feu et les plantes ne font généralement pas bon ménage. Mais aujourd'hui, il semblait que Mère Nature en avait décidé autrement.
Salope. Quitte à calmer mes nerfs et paraître terriblement impoli, autant insulter une personne qui n'existe pas.
J'avais prévu des vêtements légers. Je ne crains pas la chaleur caniculaire, ceci dit, on n'est jamais trop sûr. Mon kimono noir en gaze de soie seyait à merveille à une petite balade sous les puissants rayons du soleil. Je n'avais pas pour habitude de sortir de chez moi en kimono, mais je m'y sentais plus à mon aise que dans n'importe quel autre habit. Mais ce que je n'avais pas prévu, alors que c'était pourtant d'une évidence déconcertante, c'était de l'eau. Je n'imaginais pas à quel point j'allais en avoir besoin, à ce moment-là. Il est évident que je me déshydraterai plus lentement qu'un humain normal sans pouvoir tel que le mien, qui me permet une certaine résistance aux puissantes chaleurs. Mais je sais que j'ai mes limites et que crever comme ça, c'était vraiment plus que pathétique.

Je foulai le sable chaud du désert, pieds nus, tenant mes getas à la main. J'avais préféré tenter de contourner Opale pour ne pas me mêler à la populace, et voilà je me rabaissais à m'égarer au milieu des dunes de sable. Les rayons du soleil me paraissaient neutres. Pour le moment. Ce paysage désert s'étendait à perte de vue, et je ne voyais pas vraiment quoi faire. Bizarrement, cela m'indifférait. Comme si se perdre dans le désert était d'une banalité déroutante. Ce qui m'interloquait particulièrement, c'était d'avoir l'étrange sensation de ne pas être seul piégé dans cet univers ensablé. Paranoïa. Encore et encore. Mes pupilles roulaient, se promenaient dans mon champ de vision alors que je restais immobile, perplexe.

« Ça ne sert à rien d'essayer de se cacher dans un endroit aussi vide... »

Soit la personne était derrière moi, soit j'hallucinais, comme à mon habitude selon le psychologue. Je fermai les yeux. Être perdu était une chose. Être perdu avec une autre personne dans les basques en était une autre.
Je voulais me réveiller de ce cauchemar. Mais rien n'y faisait. Je serrai mon poing. Prêt à l'abattre sur la personne qui me suivait si elle ne se décidait pas au moins à donner un signe de vie. Qu'on se rapproche de moi de moins de mètres à la ronde, c'était déjà beaucoup. Qu'on m'ignore, c'était intolérable. « Je suis certain que de nouveaux horizons ne vous seront que bénéfiques. » Ces mots se répétaient dans ma tête. Je commençais déjà à avoir la migraine. « Je suis certain que de nouveaux horizons ne vous seront que bénéfiques. » J'esquissai une mine désespérée.

« Bon. C'en est trop... »


Dernière édition par Andy R. Jacobsen le Sam 5 Juin - 16:18, édité 1 fois
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Morgane E. Adams
Morgane E. Adams
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MessageSujet: Re: Suivez l'guide... [Pv Morgane]   Suivez l'guide... [Pv Morgane] EmptyLun 24 Mai - 17:01

He who makes a beast out of himself...

Une bête. Elle était grande, et grosse, et énorme, et démesurée, et effroyable, et indescriptible. Elle avait beau lever la tête, les yeux, toujours plus haut vers ce plafond inexistant, ce vide intersidéral. Elle ne voyait rien, elle n'en voyait pas la fin. Cette atrocité ténébreuse se fondait dans le néant infini et se cachait perfidement dans les ombres noires qui tournoyaient en une spirale démoniaque infernale. Elle était minuscule. Toute petite. Ridicule face à ce golem d'immondices. Elle n'avait aucune notion de taille mais il devait être indéfiniment plus grand qu'elle, c'était indéniable. Elle essaya de nouveau de scruter cette brume maléfique, essayant de distinguer de son seul œil utilisable quelques traits qui lui permettraient de ne plus être dans le flou et l'inconnu. Des traits qui lui permettraient de se faire une image de la chose qui lui faisait face. Sans succès. Le géant restait une masse sombre sans apparence. Elle tremblait d'une impuissance continuellement grandissante. Elle tremblait d'une faiblesse exacerbée dans cet univers tordu. Elle avait beau regarder autour d'elle, elle n'avait rien pour se repérer, elle n'avait rien pour s'aider. Tout ce qu'il y avait, c'était un nombre infini de clochers dont les contours se tordaient en d'immobiles ondulations. Tout ce qu'il y avait, c'était des clochers tordus et violemment renversés, le coq qui les surmontait se retrouvant à battre des ailes la tête en bas alors que les aiguilles tournaient à toute vitesse sur leur cadran déformé. À l'envers. Lorsqu'elle levait la tête, outre cette masse noire et une voûte obscure sans fin, elle pouvait distinguer d'innombrables escaliers brisés et renversés qui s'étendaient et se croisaient dans ces nuages grisâtres, touchant cet infini inatteignable de leurs marches inutilisables. Où qu'elle puisse regarder, il n'y avait aucune entrée, il n'y avait aucune sortie. Les portes étaient montées à l'envers et les poignées étaient de l'autre côté. De l'autre côté ? Qu'est-ce qu'il pourrait bien y avoir ? Il n'y avait même pas de mur, même pas de cloison. Il n'y avait rien dans ce chaos excessif. Elle baissa les yeux et regarda ses propres mains. Elle ne se voyait même pas. Était-elle invisible ? N'avait-elle même plus la place dans son propre Monde ? Son esprit se perdait dans un tourbillon de réflexions qui à force de s'entremêler perdaient tout leur sens au rythme des tic-tac qui résonnaient dans ce vaste espace inversé. Et puis, soudainement, tous les sons semblèrent progressivement s'effacer et disparaître, devenant de plus en plus inaudibles. Elle, elle commençait à se distinguer, de plus en plus nettement. D'abord le bout de son nez, puis ses mains, puis ses bras, puis tout le reste de son corps. Le colosse d'ombre était agité de spasmes diaboliques alors qu'il semblait aspirer de sa seule présence tous les sons qui les entouraient, si bien que bientôt, ils furent tous les deux seuls dans ce silence pesant. Elle sentit, posée sur sa frêle personne, les yeux qu'elle ne pouvait pas distinguer de la créature. La course folle des aiguilles arrivait progressivement à son terme à mesure que le silence s'étendait. Lorsqu'elles s'arrêteraient, qu'est-ce qu'il se passerait ? La réponse arriva bien vite. Dans un dernier râle inaudible, les aiguilles rouillées s'arrêtèrent finalement sur un minuit fatidique. À ce moment, l'air lui-même sembla trembler alors que chaque parcelle de ce qu'elle pouvait distinguer et même de ce qu'elle ne pouvait pas voir se désintégrait progressivement en un filet gigantesque de sable temporel. Seules elle et la créature semblaient épargnées par ce processus punitif. Mais, là où le colosse semblait, dans son infinité, ne pas vaciller, elle, ne pouvait que regarder avec affolement le sol invisible qui s'étendait sous ses pieds disparaître, jusqu'à ce que plus rien ne la soutienne. Elle se sentit alors tomber, sans aucune protection, et essaya de tendre la main en direction de l'ombre, implorant son aide de ce geste, même si elle ne savait absolument pas ce qu'elle avait en face d'elle. Mais, enfermée dans le même mutisme inviolable depuis le début, les ténèbres incarnés ne répondirent pas et ne bougèrent pas. Seule ce qui semblait être sa voix, caverneuse, composée d'une infinité d'intonations différentes, raisonna progressivement dans ce silence absolu, résonna dans sa petite tête fragilisée. Un seul mot, quelques lettres qui achevèrent de la faire sombrer dans cet abîme duquel elle ne pourrait jamais ni distinguer ni atteindre le fond. Elle savait que personne n'allait l'aider, dans ce sablier hermétique. Elle jeta un dernier regard sans émotion vers la paroi de verre derrière laquelle elle pouvait distinguer une réalité utopique, illusoire et déformée alors que les mots de la créature continuaient d'emplir l'air.

«Meurs.»

Gets rid of the pain of being a man...

Morgane se dressa d'un seul coup au milieu de ses draps froissés, le souffle accéléré, irrégulier et à demi coupé. Presque mécaniquement, elle tourna lentement la tête en direction de sa fenêtre entrouverte derrière ses rideaux rosés afin de laisser entrer un filet d'air salvateur. Il faisait déjà jour. Les rayons du soleil vinrent aveugler son œil droit, alors que son œil gauche ne pouvait même plus sourciller face à cette agression lumineuse. Reportant son attention sur la blancheur de ses draps, elle déglutit difficilement, sa gorge douloureuse. Elle resta ainsi un petit moment. Vide de pensées. Le regard vide et flou, elle contemplait la beauté du néant. Il était tôt.

Fatalement, arriva le moment où elle en eu assez de rester immobile dans son lit. Elle se leva, lentement, la mine morose, traînant sa peluche lapine derrière elle, se dirigeant d'un pas trahissant son humeur assommante jusqu'à la grande salle où l'attendait son petit-déjeuner. Entre l'instant où elle se leva et l'instant où elle tira vers elle sa chaise princière pour s'assoir face à l'immense table, le ciel s'était lui aussi assombri, pleurant toutes les larmes de sa gigantesque voûte sur la ville. Restant un moment à contempler son assiette vide, elle se décida finalement à abandonner l'idée de manger ce matin et se dirigea vers le balcon. Elle fût accueillie par une bourrasque de vent qui fît s'envoler ses mèches blondes alors que la pluie fraîche venait embrasser son visage pâle. Il ne manquait dès lors plus que les hurlements divins du ciel, incarnés dans un bel orage flamboyant, et la nature serait dès lors le reflet parfait de son âme.

Elle soupira. Aujourd'hui n'allait pas être une bonne journée. Non. Parce que c'était le jour. Le jour où une horde d'hypocrites allaient venir la voir et allaient faire semblant de s'inquiéter d'elle et de s'occuper de ses problèmes, en essayant de l'aider. Elle avait tous envie de les tuer, et elle savait qu'ils avaient peur.


«Pff...»

La porte grinça. Morgane ne se retourna pas au son des chaussures qui claquaient sur le sol et qui se rapprochaient progressivement d'elle. Après tout, elle savait déjà de qui il s'agissait. C'était une jolie dame qui essayait de comprendre ce qu'il y avait dans sa tête en l'écoutant. Sauf que Morgane ne lui parlait jamais et ne lui disait jamais rien, si bien qu'un silence de plusieurs heures se créait à chaque fois que la jeune femme venait la voir. La poupée blonde sentit sa présence derrière elle et, lorsqu'une main vint se poser sur son épaule trempée, elle se dégagea violemment et rentra précipitamment à l'intérieur, ignorant la visiteuse et s'asseyant avec mépris sur la chaise qu'elle avait quittée, le regard haineux rivé sur un point invisible au loin, tout au fond de la pièce, entre deux teintes de couleur du mur d'en face. Elle entendit le son de la porte du balcon que l'on referme, puis celui des pas qui viennent la rejoindre.

«Tu sais, je suis là pour t'aider...»

Morgane ricana intérieurement devant un tel mensonge, devant un tel étalage d'hypocrisie démesurée. Elle savait bien qu'elle n'en avait rien à faire de sa pauvre petite personne dégénérée. Ils l'aidaient juste parce qu'ils n'avaient pas le choix, parce que c'était leur travail ou pleins de choses de ce genre. Elle, ils s'en fichaient. Financiers, professeurs, psychologues. Toutes ces pauvres créatures ne voulaient qu'une seule chose: qu'elle crève pour qu'ils puissent enfin être tranquilles. Elle devina que la jeune femme tirait vers elle une chaise pour s'assoir à ses côtés. Elle la laissa faire, n'ayant même pas l'envie de protester.

«Je vais à Opale aujourd'hui. Tu vas venir avec moi, d'accord ?»

No oasis here to see...

Elle avait eu beau protester de toute sa force de petite fille psychopathe, elle ne gagna pas cette bataille. C'est donc sans aucune motivation et sans aucun plaisir que Morgane se retrouva, boudeuse, aux côtés de sa psychologue personnelle dans une embarcation en direction d'Opale. Enfermée dans ses propres pensées dans lesquelles elle tuait et torturait allègrement la jeune femme, elle ne parla pas de tout le trajet, comme à son habitude. Elle se contentait de montrer parfois sa haine et son profond mépris à l'égard de cette décision absolument non-cautionnée. Pas qu'elle détestait Opale, elle y était déjà allée quelques fois. Non, ce qu'elle détestait c'était d'être obligée d'y aller, sans que cette envie ne provienne d'elle-même.

Elle se recroquevilla sur le siège, serrant sa peluche contre elle, le menton enfouit dans sa surface pelucheuse, mâchant encore et encore son dédain et son dépit, un arrière goût d'énervement dans sa bouche. Elle savait que la jeune femme à ses côtés essayait de lui parler, mais elle ne l'écoutait pas, ses paroles inutiles n'atteignaient même pas ses oreilles hermétiques à toutes les tentatives d'approches qu'elle pourrait essayer. Elle continuerait de se heurter à une paroi glaciale et infranchissable de sentiments ignobles. Elle continuerait d'être face à une montagne inaccessible de mauvaise volonté. Elle n'avait qu'une seule envie: partir, partir d'ici et retourner chez-elle. Mais il était déjà trop tard pour reculer, et elle devrait subir cette cruelle torture jusqu'au bout.

Elle observa d'un regard las Opale qui se dressait fièrement sous ce Soleil désagréable et aveuglant de son étincelante chaleur. C'était vraiment les deux extrémités. Mais cette fois, la nature la contredisait, elle et son esprit. Elle se contenta de suivre, comme un zombie, la jeune femme jusqu'à la ville, toujours profondément plongée dans son vide sombre intérieur. Si elle pouvait matérialiser son humeur, elle serait probablement entourer d'une aura noire nocive qui plongerait toutes les choses alentours dans une nuit d'encre. Les gens. Ils seraient noirs. Les plantes. Elles seraient noires. Le sol. Il serait noir. Et cet immonde Soleil. Noir. Comme ses rayons.


«Bon, j'ai quelques petites choses à faire. Ne t'éloigne pas trop.»

Et déjà, elle lui tournait le dos, ne se préoccupant même plus d'elle. À quoi ça sert tout ça, si c'est pour déjà l'abandonner ? Menteuse. Menteuse. Juste une menteuse pourrie jusqu'aux os, comme tout le monde. Lui dire de ne pas s'éloigner c'était comme lui intimer l'ordre de se casser et de disparaître, loin, très loin. Et c'est ce qu'elle fît, immédiatement. Elle ne savait même pas où elle allait, elle ne savait même pas où elle se dirigeait. Elle courait dans les rues, elle serpentait sous le Soleil. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'éloigner, respirer un peu. Atteindre quelque chose, n'importe quoi, où elle serait tranquille pour une fois.

Elle tourna en rond plusieurs fois, se perdit tout autant de fois, et puis, finalement, elle parvint à sortir de cette ville suffocante pour atteindre une étendue de vide qui, bien qu'étant tout aussi suffocante, avait le mérite d'être silencieuse. Et dénuée de toute foule. Serrant toujours la peluche de Mr. Rabbit dans ses petits bras frêles, elle resta un moment immobile à observer le lointain, se perdant dans son étendue infinie. Elle fût soudain prise d'une sorte de malaise, cette notion d'infini lui rappelant le rêve chaotique avec lequel elle s'était réveillée. Elle tomba à genoux sur le sable brûlant, le regard toujours rivé sur l'horizon.

Ah. Qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ? Elle avait cédé à ses pulsions et était désormais perdue au milieu d'une vaste étendue sablée. Elle n'a pas de sens de l'orientation, elle était donc véritablement seule et livrée à elle-même, sous cette insupportable chaleur.

Tant pis.


The sand is singing deathless words to me...

Elle se releva lentement, retirant d'un geste rapide de la main le sable qui s'était déposé sur ses genoux. Puis, d'un pas léger, elle s'enfonça davantage dans le désert. Après tout, autant en profiter, elle ne le connaissait pas réellement. Elle allait donc le découvrir, aujourd'hui. Cette sortie n'allait peut-être pas être aussi profondément inutile que cela, après tout, même si elle aurait préféré explorer sa chambre. Très vite, elle s'amusa à s'imaginer une aventure montée de toute pièce. Elle partait à la découverte d'une civilisation perdue entre les dunes de sable du désert. Elle devait percer ses secrets millénaires masqués sous cette épaisse couche de grains orangés. Plusieurs fois elle s'arrêta, scrutant d'un œil avisé la moindre parcelle visible depuis sa position, puis elle repartait, avide de découvertes mystérieuses.

Et puis, elle se lassa déjà. Fatiguée et essoufflée, elle se laissa tomber par terre et s'assit sur le sable. Elle porta Mr. Rabbit au niveau de ses yeux et plongea son regard dans le sien.


«Tu veux qu'on fasse quoi ?»

Un petit silence. Silence qu'elle interpréta comme une réponse de la part de son compagnon. Avec un large sourire, elle lui répondit.

«Oh oui, tu as raison ! C'est une bonne idée !»

Elle le déposa doucement à ses côtés et entreprit dès lors de ramener vers elle plusieurs poignées de sable. Dès qu'elle en eu suffisamment, elle commença à en faire des tas plus ou moins difformes, essayant de leur donner l'apparence des tours d'un château. Un château de sable. C'est ce qu'elle voyait à travers ces tas tordus qui s'effondraient en de minces filets sablonneux. Elle était fière d'elle. Elle se releva, prenant sa peluche par la patte et se retourna, cherchant un autre endroit sur lequel elle pourrait ériger une imprenable fortification. Elle en créa un autre, puis un autre. Elle s'amusait, toute seule dans une étendue aussi vide. De monstrueuses constructions de sable sans aucune forme naissaient à la surface du désert. Elle était fière. Elle les protègerait.

Après avoir créé un énième château, elle se rendit bien vite compte qu'elle ne faisait que tourner en rond. Si bien qu'elle finissait par revenir à l'endroit où elle avait érigé un précédent bâtiment. Tant pis, elle continuait de courir, avec allégresse. Et puis, finalement, elle se mit à ralentir. Elle n'était plus toute seule. Il y avait une silhouette, là-bas, au loin. Il était dans l'une de ses zones. Elle s'approcha, lentement, doucement. Jusqu'à ce qu'elle puisse, malgré son regard faible, observer plus en détail l'homme, puisqu'il s'agissait d'un homme, qui se dressait au milieu du vide désertique. Il ne l'avait pas vue, puisqu'il était dos à elle. Mais elle, elle l'avait vu. Elle baissa les yeux, et remarqua qu'il avait marché sur l'une de ses constructions. Elle décida alors de s'approcher un peu plus de cette personne. Un peu plus. Encore. Jusqu'à être à son niveau. La tête toujours baissée vers les restes du tas qui était encore bien plus difforme qu'à l'origine.


«Oh, t'as marché dessus...»

Elle désigna l'endroit où se trouvait le jeune homme.

«C'est pas grave, je vais en refaire un.»

Elle ponctua ces paroles d'un sourire à destination de l'inconnu. Elle se baissa ensuite, s'asseyant de nouveau par terre, et entreprit dès lors d'ériger un nouveau tas de sable.

«Tu peux m'aider si tu veux.»
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