Reflexions [PV : Raven O'Connor]

<< REFLEXIONS >>

Assise sur mon fauteuil de velours rouge, mon esprit errait dans des pensées plus ou moins sombres. Je regardais le fauteuil, sans vraiment le voir, flouté par une vue qui ne cherchait a voir que l'intérieur de moi-même. Penser était la seule chose que j'étais encore capable de faire, errer ainsi entre la noirceur de mon âme et la beauté d'une douce lumière estivale. Enfermée dans cette chambre, trop grande, elle me paraissait vide et pourtant si pleine de douleur et de souffrance. Ce monde que je connaissais, se résumant à cette pièce sombre, me paraissait si futile comparé au monde extérieur dont je rêvais et que je commençait à découvrir. Comme une princesse gardée dans sa tour, je n'attendais pas le prince charmant, dont la découverte me paraissait futile, mais le jour où je pourrais de moi-même me délivrer. J'étais bien une princesse de sang mais je n'avais pas l'étoffe d'une noblesse de cœur.

Je parcourut du regard le reste de ma chambre, observant les centaines de livres qui en ornait les murs, seule occupation de mes journées d'isolement. Ces vieux ouvrages paraissait renfermé bien des secrets à mes yeux, les secrets du monde et ses mystères. Je me leva, mes pas me guidèrent devant l'une des étagères, un livre à la couverture rouge orné d'écritures dorées attira spontanément mon regard : Passio. Rien d'étonnant à ce que je m'arrête sur ce livre en particulier, j'avais du parcourir ses pages des dizaines de fois. Il interrogeait sur l'origine du monde et parlait de la fin de ce monde, mais de quel monde était-il question ? Voilà ce que je m'étais toujours demandé on y parlait d'une planète nommée « terre » que les humains avait détruite. J'étais convaincue que ce livre racontait l'avenir, Sphera sera détruite par la vile imbécillité humaine, c'est pourquoi je voulais détruire ceux qui dirigeait les sphériens : ma famille ! J'avais toujours l'ouvrage entre les mains le serrant de plus en plus fort entre mes mains, il représentait toute la vérité à mes yeux. J'avais lu tous les livres présents dans cette pièce, sans exception, essayant de me représenter le monde dont j'étais coupé.

Mon frère était d'ailleurs étonné de ma connaissance quasiment parfaite de ce monde que je n'avais jamais visité. Mais je ne cherchais pas à le connaître à travers les autres, j'aurais voulu le voir, le découvrir et le critiquer par moi-même. Ma soif de liberté était sans fin et celle-ci me dévorais. Rien ne m'empêchera de vérifier les écrits de ces auteurs un jour, leur sagesse était sans faille mais je voulais moi-même arriver à l'atteindre.
L'autre but de ma vie, m'apparut à la fenêtre, voyant le sourire aux lèvres ma sœur et celle qu'on disait être ma mère, ma main écrasa une mouche qui avait eu le malheur de voler entre mes deux paumes. Mes mains se resserraient encore et encore écrasant le corps fébrile de l'insecte. Mon visage esquissa un sourire à la vision du corps sans vie que ma main lâcha sur le sol. Un jour je piétinerais leurs visages comme j'ai écrasé le corps de cette mouche, comme j'écraserais toute forme de vie qui se dresserait sur mon chemin. Jamais rien ni personne ne se mettrait en travers de ma voie. Ceux qui ne voyait pas ma valeur paierait le prix de leur misérable vies si inutiles. Je n'avais pas entendu le son de leur voix depuis 5 ans déjà, la notion du temps m'étais presque inconnue mais je savais qu'ils avaient presque oublié mon existence et cette erreur les mènerait à leur perte. Je n'oublierais, en effet, jamais la leur. J'effacerais toute trace de leur vie et de leur tyrannie de la surface de ce monde.

Comment pouvais-je être leur fille ? Ressemble-t-on à ses parents ? Étais-je seulement réellement ce qu'il prétendait que j'étais ? Pourquoi donc Liam et Raven m'aidait-il alors qu'ils pourraient jouir de pouvoirs dont j'étais dépourvue. Ils auraient pu me laisser, comme les autres. Peut-être avait-il vu ma force et eu peur pour leurs vie. Mais je n'étais devenue ce que je suis que récemment. Avant je n'étais qu'une enfant faible et dépressive. Je n'avais jamais été dans ce qu'ils disent être la norme. Alors ou cette norme s'arrêtait-elle ? A l'apparence ? La personnalité ? L'éducation ? Toutes ces questions sans réponses me hantaient et j'aurais tellement voulu en entendre la réponse je m'arrêtais sur ces questions, tournant la tête vers la porte qui s'ouvrait laissant découvrir le visage de mon frère ainé.

La journée était magnifique. Le soleil était bien haut dans le ciel et la température était très agréable. Malgré ce temps magnifique, Raven restait quelques peu maussade aujourd'hui. Le prince n'arrivait tout simplement à garder le sourire. Il avait fait de nombreuses recherches et elle n'avait aboutit à rien. Raven savait depuis longtemps que sa jeune sœur désirait s'échapper du palais afin de rejoindre Karnevale Avenue. Cependant, trouver des informations sur ce lieu était très compliqué. Jusqu'à maintenant les recherches n'avaient mené qu'à de fausses pistes. Le prince restait ainsi dans sa chambre à maugréer en silence. Ce n'est que lorsqu'il ressentit la faim qu'il se décida à sortir. Il se dirigea tranquillement en direction des cuisines. Le prince venait à peine de mettre un pied dans les cuisines royales que plusieurs cuisiniers arrêtèrent leur travail et vinrent entourer le prince. Ils se mirent tous à parler à Raven en même temps, afin de savoir ce qu'il désirait. Cependant lorsque le prince tentait de prendre la parole, les cuisiniers prenaient la parole pour lui proposer divers plats. Il fallut quelques minutes au prince afin de pouvoir passer sa commande, une simple soupe au poulet. Raven mangea rapidement son plat en songeant à la suite des évènements. Son choix fut plutôt rapide. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas pu aller voir Judy. Alors qu'il terminait son repas, le prince commanda aux cuisiniers le plat favori de sa petite sœur. Tandis que les cuisiniers s'affairaient à réaliser la commande du ténébreux, ce dernier retourna à sa chambre, il avait quelques petits trucs à prendre avec lui. Ainsi, le prince revint aux cuisines avec son violon, dans son étui, attaché dans son dos. Cependant, ce n'était pas tout. Raven avait également un autre objet destiné à sa petite sœur. Il s'agissait d'un livre sur les créatures légendaires. On lui remit rapidement le plat qu'il avait commandé. Le tout se trouvait sur un petit plateau, recouvert d'une cloche en argent pour que le plat reste bien chaud. Direction la chambre de Judy maintenant.

Le prince se promena ainsi dans les couloirs en tenant d'une main le repas de sa jeune sœur. Au tout début, le prince songea à passer par la cours du palais, mais lorsqu'il aperçut de loin sa sœur aînée et sa mère qui s'y détendaient, Raven prit un détour. Il n'avait aucune confiance envers les deux femmes. Dans le cas de sa sœur, c'est parce qu'il avait compris depuis longtemps qu'elle le tuerait sans hésité si cela pouvait lui être utile. Quant à sa mère, il ne la détestait pas, toutefois comme elle ne songeait qu'au pouvoir, le prince préférait l'éviter. Lentement, il gravit l'escalier en direction de la tour où résidait sa sœur, contre sa volonté. Il poussa la porte de la chambre et entra. Sa sœur était dans son fauteuil, tenant un livre et l'observant pénétrer dans sa chambre gigantesque. Cette fois, le prince avait le sourire aux lèvres. Il s'approcha de sa sœur et l'embrassa sur le front.

-Alors, ça va bien aujourd'hui petite sœur? Je me suis dit que tu devais avoir faim, alors j'ai prit la peine de t'apporter un petit repas. J'espère que tu vas apprécier, mais attention c'est très chaud.

Le frère ainé posa le plateau sur une table de la chambre. Sa sœur pourrait manger le repas quand elle le désirerait. Puis, il fouilla dans ses affaires afin d'en sortir le livre qu'il avait apporté à sa sœur.

-J'ai également un nouveau livre pour toi. Tu pourras l'ajouter aux autres.

Il posa le livre à côté du repas et jeta un rapide coup d'œil à tous les livres de la pièce. Raven avait lui-même donné la majorité de ces livres à sa jeune sœur afin qu'elle ait de quoi s'occuper dans cette tour, mais aussi afin qu'elle connaisse un peu le monde qu'elle ne pouvait contempler de ses yeux. Ainsi, elle ne serait pas totalement dépourvu de connaissance. Elle pourrait également savoir un minimum de chose si elle arrivait un jour à quitter ce fichu palais. Toutefois, il n'osait pas ranger lui-même le livre parmi les autres. Après tout, il ne savait pas comment sa jeune sœur aimait les classer. Il valait mieux la laisser faire afin d'éviter de mélanger tous ses précieux livres. Après son rapide coup d'œil. Le prince prit tranquillement place dans un autre fauteuil de la pièce. Il resta silencieux pendant quelques secondes avant de prendre une grande respiration et de finalement prendre la parole.

-Je suis désolé, Judy. Je recherche encore un moyen de t'aider à sortir de cette foutu tour et de ce palais. Malheureusement, pour le moment, je dois avouer que les recherches ne mènent pas à grand chose. Soit les gens font comme s'ils ne savaient rien, soient ils ne savent rien, soient ils se méfient. Mais bon, on ne peut pas leur en vouloir, quand on voit à quel point nos aînés et nos parents sont des tendres avec les simples citoyens. Je peux déjà me considéré chanceux que certains ne m'insultent pas... Mais au fait, j'y pense. Tu n'aurais pas vu Liam dernièrement? Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

Je regardai furtivement le plat que déposa mon frère sur la petite table basse. Il y avait tout ce que j'aimais, il avait pensé à tout : du poulet grillé avec du riz à la sauce tomate et poivrons, accompagné d'un gâteau fondant au chocolat. A vrai dire je n'avais pas très faim et je préférais rester là à penser.
A coté de mon repas, il déposa un nouveau livre, sur l'ancienne couverture rouge on arrivait difficilement à déchiffrer le titre de l'ouvrage qui devait être extrêmement vieux. En parcourant rapidement les pages je me rendis compte qu'il parlait de créatures mystiques. Ainsi je lui trouva une place entre les livres sur l'histoire de Sphera et ceux d'histoires fantastiques. Aux premiers abords le livre ne m'intéressait pas vraiment, je préférais de loin les livres d'histoires qui m'apprenait sans cesse de nouvelles choses. Mais je faisais confiance au jugement de mon grand frère, il m'avait apporté tous ces livres et ne c'était jamais trompé sur ceux qui serait intéressants et ceux qui ne le serait pas. C'était normal après tout, il était mon frère et nous étions censés nous ressembler.
Mon frère s'assit, j'en fit de même dans le fauteuil rouge, comme toujours. Les paroles de mon frère m'avait enlevé le léger sourire que j'esquissais, depuis son arrivée. La seule fois que j'avais pu sortir c'était grâce à Liam et je n'étais pas allée loin. D'ailleurs Raven avait raison, il ne donnait plus signe de vie depuis le début du mois. Il se transformait souvent en oiseau pour échapper à ses obligations. Lui aussi m'abandonnerait-il ?

- « Liam doit voler je ne sais où. Il n'est plus venu me voir depuis longtemps. Je dois l'ennuyer. Il n'y plus que toi qui vient me voir. »

Une certaine mélancolie pouvait s'entendre dans ma voix. De la tristesse, je pensais pourtant avoir effacé ce sentiment de moi. Je me levai de mon fauteuil, marcha jusqu'à celui ou était assis mon frère. Je n'avais plus la force de résister à ce sentiment, il m'envahissait. Je me mis à genoux en face de lui. J'étais désespérée, les paroles de mon frère avait été celle de trop. Plus le temps passait, plus j'étais seule, plus les gens me quittait et plus mes forces s'échappaient. Je baissai la tête. Je n'arrivais pourtant pas à pleurer, alors pourquoi cacher mon désespoir puisque mon frère semblait le seul à encore y accorder de l'importance. Il était là, je pouvais sortir cette peine qui me hantait depuis des jours, poser ces questions qui m' in-supportais. L'absence de Liam je l'avais remarqué et j'en souffrais plus que tout. J'aurais voulu sortir, j'en avais besoin, c'était vital. D'une voix désespérée je ne pouvais lancer que ces quelques mots, espérant qu'il serait là pour m'épauler :

- « Il faut que tu réussisse. Raven s'il-te-plait, je n'en peux plus Si tu ne fais rien, un jour, un jour, je mourrais ici et personne ne s'en rendra compte. »

Mes mains agrippèrent celles de mon frère, je parlais la tête baissée pour ne pas qu'il aperçoive les quelques larmes qui réussissait, enfin, à couler sur mes joues blanches. Je n'y arrivais plus, toute cette force que m'avait donner Liam était partie. Sans lui je n'étais plus que la petite fille qui pleurait de désespoir à la recherche de sa famille perdue. Les mots qu'avait prononcés Raven m'avaient anéantie. Ce n'était pourtant pas sa faute, il faisait tout, lui, pour me sortir d'ici. Il n'y pouvait rien si Liam m'avait abandonné, c'était leur faute, mes parents, c'était eux qui m'avait rendue si seule. Le désespoir se mêla à la colère et je ressaiera mes points. Il fallait que je me ressaisisse, je ne leur donnerais pas la victoire si facilement. Mais si seulement Liam était là, lui avait toujours su me redonner le sourire, me redonner confiance en moi, et m'insuffler cette force qui brulait dans les profondeurs de mon âme.
Je me levai de nouveau, je fit des tours dans la pièce, j'avais besoin de réfléchir, j'étais perdue, je ne comprenais plus les agissements de Liam. Lui qui m'avait dit qu'il serait toujours là pour moi. Je réfléchissais à un moyen de partir d'ici. Il y avait toujours soit mes parents ou des domestiques devant ùa chambre ou dans le château. Même dehors, Karnevale Avenue semblait inaccessible, mystérieuse, cachée par de nombreux secrets qu'on ne pouvait briser, personne ne me guiderais jusque là. Je m'arrêta brusquement, une idée me vint à l'esprit, je porta mon regard à la fenêtre. Mais oui, personne, n'avait vu Liam depuis des semaines et puis il ne m'avait jamais abandonné. Si il cherchait un moyen de m'aider, sous sa forme d'oiseau il pouvait parcourir tout Sphera. Un sourire illumina mon visage tout à coup puis je retournai vers mon frère. Je lui fit part de ma réflexion :

- « Tu crois qu'il la cherche, Karnevale Avenue. Liam je veux dire, il est peut-être en train de voler dans tous les recoins de Sphera pour m'aider. »

Je repris espoir et j'étais sur que Liam reviendrait avec l'emplacement de Karnevale Avenue. Il me libérerait de cette prison.

[Pardon pour l'attente, j'étais très occupé]

Raven voyait bien que ses mauvaises nouvelles avaient touché profondément sa petite sœur. La pauvre commença tout d'abord par parler de son jumeau comme s'il l'avait abandonné. Puis, elle se leva pour se mettre à genoux devant lui. Elle était désespéré. Le prince caressa délicatement les cheveux de sa sœur afin de tenter de la calmer et de la réconforter. Pendant ce temps, la jeune fille le suppliait de l'aider à sortir de cette cage dorée. Même si elle le cachait, Raven savait bien que la jeune princesse pleurait. Cependant, elle se leva d'un bond et commença à tourner en rond dans sa chambre. Il préféra rester assis et ne rien dire. Il la connaissait bien, elle était en train de réfléchir et se mettrait en colère s'il tentait de l'arrêter. Elle s'arrêta aussi brusquement qu'elle avait commencée à tourner en rond et elle commença à sourire. Visiblement, Judy avait une idée derrière la tête. Elle lui demanda de bout en blanc s'il pensait que Liam pouvait être en train d'enquêter sur Karnevale Avenue afin de la sortir de cette tour. Nul doute pour Raven que cette pensée redonnait de l'espoir à la jeune fille. Le prince noir réfléchit pendant un petit moment. Après tout, Liam n'aurait jamais abandonné sa jumelle, du moins pas volontairement. Qu'il cherche Karnevale Avenue était une possibilité.

-C'est fort probable. Nous connaissons assez Liam pour savoir que jamais, il ne t'abandonnerait. De plus, son pouvoir est très idéal pour la recherche d'information. Après tout, qui pourrait croire qu'un oiseau est en train de les espionner, pas des gens sains d'esprits en tout cas. Mais surtout ne t'en fais pas petite soeur. Peu importe le temps que cela prendra, je te ferai sortir de cet endroit. D'ailleurs, pour être honnête, si ce n'était pas un suicide pur et simple, il y a longtemps que j'aurais détruit cette porte et utilisé mon pouvoir pour nous sortir du château par la force s'il le fallait, mais bon comme nous n'avons pas vraiment d'endroit où nous cacher si j'utilisais cette option en ce moment... cela n'apporterait absolument rien de bon.

Il se tut un court moment.

-Je trouverai Karnevale Avenue et t'y emmènerai, ce n'est qu'une question de temps. Cependant, voilà, il faut également que nous nous trouvions des personnes sur qui nous pouvons compter. Pour le moment, il y a une jeune fille que j'ai rencontré il y a peu... Bon certes, sa profession n'est pas vraiment dans ce qu'il y a de plus légal, mais elle est fiable. Plus nous trouverons des alliés fiables, qu'ils soient à l'intérieur du château ou dehors et plus cela facilitera la tâche pour trouver Karnevale Avenue et s'y enfuir. Après tout ce n'est pas comme ci quelque chose nous retenait vraiment ici. Après tout, nos parents sont des monstres... papa en est un hors catégorie. Notre frère ainé est une brute épaisse. Pour finir, notre sœur ainée pourrait me poignarder dans le dos à n'importe quel moment... Finalement, on a beau être né dans la famille la plus puissante du royaume... cela reste qu'on est né dans une famille de détraqués.

Le prince se leva de son fauteuil et alla jeté un regard par la fenêtre. Il regarda la cour intérieur du château. Sa mère et sa sœur ainée y étaient encore à se promener près des fleurs. Elles profitaient sûrement de leur doux parfum. Il pouvait également voir des serviteurs s'affairer à leurs tâches en passant par la cours intérieure. Sa mère et sa sœur ne leur accordaient même pas un regard. Tout le château était rempli de richesse un peu partout. D'après ce que le prince avait pu observé pour le moment, seul sa chambre et celle de Judy n'étaient pas totalement emplit de richesse... quoi que pour le moment il y avait de nombreuses pièces du château que Raven n'avait pas encore visités. Quoi qu'il en soit, le prince avait fini par en être quelque peu dégoutés. Certains endroits dans le monde souffraient de la faim à cause de la pauvreté et pourtant, certains voulaient posséder autant de richesse. Il était ainsi perdu dans ses pensées pendant quelques minutes avant de revenir à la réalité.

-J'ai beau le voir de mes propres yeux chaque jours. Je n'arrive pas à croire que notre famille continu à amasser toujours et encore plus de richesse. Dehors, il y a des gens qui n'ont rien et pendant ce temps, le château ne cesse de se remplir d'or, d'argent, de soie et d'autres matières précieuses. Bien plus d'argent qu'une personne ne pourrait en dépenser en plusieurs vies. Ça me dégoûte. Il y a quelque jours, quand j'ai rencontré la jeune fille dont je te parlais tout à l'heure, cette dernière ma racontée certains de ses problèmes. Dont son père qui est malade et a besoin de soin... Bon je lui ai donné ma bourse ensuite... Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autre. Les gens dehors ont également besoin d'argent pour vivre et notre famille ne pensent qu'à le leur prendre. Ils ont complètement oublié que c'est le peuple qui fait de nous des rois, des reines, des princes et des princesses. Si nous n'étions pas là, il y aurait quelqu'un d'autre pour gouverner le royaume. Si le peuple n'était pas là, autant dire que nous serions tous des fous. Rester dans une grande demeure à moins de dix pour ''diriger'' un peuple inexistant. Quelle étrange et délicieuse folie...

Raven resta silencieux pendant quelques instants. Puis, il s'éloigna de la fenêtre et s'approcha du plat qu'il avait apporté à Judy. Il y prit un poivron et le mangea en quelques bouchées.

-Délicieux. Tu devrais manger pendant que c'est chaud.

[Pas de soucis je ne suis moi-même pas très disponible ^^]

Je restais assise aux cotés de la table, sur laquelle était posé le plat que mon frère venait de gouter. Je n'avais pas faim. J'étais intriguée par les paroles de mon frère qui semblait préoccupé. Il est vrai que je me souciait toujours de mon propre confort sans réellement voir que la situation de mon frère n'était pas plus enviable que la mienne. Certes il était libre, mais il était tout aussi maltraité que moi, le respect que nos parents auraient pu lui adresser était tout aussi inexistant que le semblant de liberté qu'ils pourraient m'offrir. Oui les richesses dont ils se délectaient jour après jour était presque plus importantes que celles de Sphera toute entière et pourtant ils n'arrivaient même pas à offrir ne serais-ce qu'une once d'amour à leur enfants. Je ne pouvais pas connaître la situation de pauvreté dans laquelle vivait, indubitablement, une majeure partie de la population, mais je l'imaginais aisément, l'imagination, qui restait mon seul moyen de me représenter le monde. Il est vrai que je vivais bien plus précairement que les membres de ma famille mais la richesse qui m'était offerte dépassait par milliers celle des pauvres gens qui hantaient les rues de la ville, ou de monde.

La plus grande richesse qu'il existe m'était, cependant interdite, la richesse de jouir d'une liberté sans limites. Cette richesse que bientôt mon frère m'apporterait. Oui, j'étais persuadée que Liam triompherait des difficultés et reviendrait victorieux, m'apportant ce que je désirais le plus : un moyen de me libérer. Raven faisait tout les efforts possibles pour m'aider au mieux, mais les faits étaient là, il était impuissant, impuissant face au pouvoir de notre famille, impuissant malgré son nom et son statut, il restait faible, sur ce point. Je n'avais pourtant jamais dénigré mon frère, gardant de lui une estime si haute, qui faisait de lui l'être que je respectait le plus. Oui mais en ce moment, il ne me satisfaisait plus, je n'avais plus envie d'apprendre, lasse du savoir monotone que m'apportaient les livres qu'il me donnait, je n'avais plus envie de penser, le doute incessant que cet exercice m'apportait devenait insupportable, je n'avais plus envie, non plus, de survivre, non je voulais plus, je voulais vivre, jouir d'une liberté sans limites où je pourrais voir et sentir, où la connaissance d'un esprit développé pourrait, ressentir, enfin, les choses qu'il à sans cesse lu et apprises.

Trouver des alliés ? J'étais persuadée, au fond de moi, que toutes les personnes qui arpentait les couloirs de ce château étaient contre moi, contre la jeune princesse que l'on laissait seule, car elle était anormalité et souffrance. Oui, ici, même les gens qui se prétendaient à mon service, comme ce Ryuji, récemment entré au service de la famille royale et qui semblait m'apprécier. Même lui, qui passait pourtant de nombreuses heures en ma compagnie, me semblait cacher quelque chose, il semblait être un traitre à ma confiance. Je ne devais pas trouver des alliés, auxquels j'accorderais ma confiance et mon amitié, non je me devais de trouver des pions, des pions à manipuler, des personnes qui me servent et puis qui ne sont bonnes qu'à cela. Après tout, s'ils désiraient me servir alors qu'ils me servent jusqu'au bout, sans se plaindre de moi, de mon caractère.

- « Pourquoi parle-tu d'alliés ? Tu sais bien que je préfère de loin me servir des personnes que je côtoient, sauf toi et Liam et bien sur, ils ne méritent pas ma confiance après tout, s'ils la souhaitent ils doivent la gagner, mais les personnes cachent toujours quelque chose, ils ont à l'extérieur les meilleures attentions et cachent leur vices derrière une carapace que seuls les fous arrivent à briser. »

Cette fille dont me parlais mon frère, qui était-elle, la manière dont il en parlais restait très secrète. Il la décrivait comme une rencontre furtive qu'il aurait faites lors d'une sortie. Mais était-elle plus pour lui ? Désirait-il aussi la sauver de son malheur ? S'il la considérait comme une amie, ou même plus, il m'oublierait lui aussi, comme les autres. Je ne serais plus que la petite sœur que tout le monde rejetait et à laquelle il ne portait plus aucun intérêt. La jeune fille qu'il avait rencontré prendrait alors ma place dans son cœur. Et c'est à elle qu'il offrirait la connaissance, l'affection et la tendresse qu'il me transmettaient. Je l'observai un moment, fixant mon regard sur son visage. J'avais appris que son prénom signifiait « corbeau » dans une des langues perdues d'un ancien monde. Mon frère le portait à la perfection, ses yeux noirs fixant le vague ressortait de la blancheur de sa peau et se couplait à merveille avec le jais de ces cheveux. Il est vrai qu'il était particulièrement beau, je ne m'étais jamais fait cette réflexion, car la beauté me semblait être un mythe éloigné de ma réalité, comme l'était l'amour et le plaisir. Mais mon frère correspondait à la définition de ce qu'on appelait beauté. Alors il pouvait être séduisant, séduit et aimé. Lui n'était pas dépourvu de normalité ou d'intérêt à tout ce qui touchais à l'amour. Mais cette réflexion me conduisit à la tristesse, le moment était peut-être venu où mon frère ne s'intéresserait plus autant à mes problèmes. Mais il fallait que j'en sache plus sur cette fille, car après tout il m'arrivait très souvent de me monter la tête inutilement, croyant que le monde était contre moi. Même si c'était souvent le cas, j'avais appris que ce monde était fait d'exceptions. Mon frère m'avait fait une promesse, il la tiendrait … surement.

- « Tu me parle de cette jeune fille mais qui est-elle ? Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? Est-ce que tu l'aime plus que moi ? Je sais que je peux être un lourd poids que tu dois porter mais j'ai besoin de toi pour m'aider. »

J'espèrerais qu'il ne me jugerais pas ou ne s'enfuirait pas à cause de ce soupçon de jalousie que l'on pouvait sentir dans mon questionnement, car même s'il restait mon frère, il était un de seuls hommes que je côtoyaient et après tout l'une des seules personnes que je pouvais dire : aimer. Ce sentiment auquel j'avais le plus grand mal à donner un sens. Pour moi l'amour était si flou, si inutile. Car cet amour que je pourrais ressentir, ne me ferais pas gagner la force dont je suis dépourvue, il ne pourrait que me rendre plus faible encore. Tout ce que j'avais lu sur lui était rempli à la fois de bonheur et de tragédies.

Après avoir pioché dans le plat de sa sœur, Raven espérait que cette dernière se décide à manger un peu. Cependant, elle ne s'approcha même pas du plat. Pour le moment, le prince devait se résigner, Judy mangerait quand elle le voudrait et pas avant, même si à cause de cela, elle devrait mangé un repas froid. Le silence perdura pendant quelques instants avant que sa jeune sœur ne prenne la parole. Visiblement, elle n'avait pas la même vision de son frère concernant les relations avec autrui. La jeune fille considérait ouvertement qu'à part son jumeau et son frère ainé, tous les autres individus étaient fait pour être manipuler et la servir. Elle termina en ajoutant que chacun cachaient ses véritables intentions, afin de ne pas montrer le genre d'individus qu'ils étaient vraiment.

À cette réponse, le prince demeura perplexe. Il réfléchissait encore lorsqu'il remarqua que sa sœur le détaillait du regard, avant de lui poser tout simplement une question franche sur ses relations avec Raz. La pauvre avait apparemment peur d'être délaissé au profit de cette nouvelle connaissance. Le grand frère regarda sa sœur pendant quelques instants, puis il s'approcha d'elle et la prit dans es bras pour qu'elle se calme un peu. Puis, il la fit s'asseoir dans l'un de ses fauteuils avant de prendre place dans une fauteuil en face de celui de Judy.

-Ne t'en fait pas Judy, je n'ai aucunement l'intention de t'abandonner. Pour le moment, je n'ai pas encore trouvé le grand amour de ma vie. Même si je le trouvais, je ne pourrais pas me résoudre à partir sans t'avoir aidée. Si je le faisais, je ne vaudrais guère mieux que le reste de notre famille. Sinon, ne t'en fait pas pour cette nouvelle connaissance. Elle s'appelle Raz et c'est une amie et rien de plus. Je ne suis pas amoureux d'elle. Si je ne t'ai pas parlé d'elle avant, c'est tout simplement parce que ma rencontre avec elle est assez récente. Cela remonte à peine à... à... à quatre jours... non pardon, à trois jours en fait.

Puis, le prince s'avança un peu vers sa sœur. Tout en restant assis dans le fauteuil, il pouvait mettre sa main sur le genoux de cette dernière. Il voulait se montrer tendre envers elle.

-D'ailleurs, Judy, je t'interdis, sérieusement, je t'interdis de te considérer comme un poids pour moi. Tu n'as jamais été un poids pour moi, petite sœur. Certes, trouver un moyen de t'aider à sortir de cette prison dorée n'est pas facile et parfois très épuisant. Toujours est-il, que j'ai choisi volontairement de t'aider. J'aurais très bien pu ne jamais te venir en aide, t'ignorer et te mépriser comme les autres habitants du château ou encore cesser de chercher et te laisser toute seule. J'aurais pu le faire, mais je ne l'ai pas fait et jamais je ne le ferai. Tu es ma petite sœur Judy et je t'aime. Aujourd'hui, toi et Liam êtes les seuls membres de notre famille envers qui je suis attaché et pour qui je serais prêt à mourir s'il le fallait. Je ne cacherai pas que je suis attaché aux autres membres de notre famille, mais entre vous deux et eux, jamais je ne les choisirai. Peut importe le temps que je devrai y consacrer, je t'aiderai à sortir d'ici. Un bon grand-frère se doit d'être là pour aider ses frères et sœurs plus jeunes... Même si malheureusement, je suis le seul ainé de cette famille à vraiment faire cela.

Le prince se repositionna confortablement dans le fauteuil, observant sa sœur. Malgré ses traits différents et sa nature d'albinos, Judy restait une belle jeune fille. Raven ne doutait pas que lorsqu'elle serait grande, elle serait une femme magnifique. Il savait évidemment que son caractère était compliqué, mais espérait qu'une fois sortit de cette prison, elle s'améliorait et aurait droit à l'amour et au bonheur. Toutefois pour le moment, le prince noir se devait de faire la morale à sa sœur.

-Judy, il faut que tu cesses de vouloir manipuler les gens. Certes, il arrive parfois que des gens nous approches et veuille devenir nos amis pour de mauvaises raisons. Cependant, tu ne dois pas te mettre à croire que tous le monde est ainsi. Il faut savoir accordé un minimum de confiance. Je ne dis pas de donner une confiance absolue à n'importe qui, mais au moins, accorde le bénéfice du doute. Si tu passes ton temps à te méfier et à montrer les crocs devant tout le monde, comment vas-tu pouvoir te débrouiller si Liam et moi ne pouvons être là. Manipuler les gens qui sont bien finira un jour où l'autre par te retomber dessus. Certes, s'il s'agit de mauvaise personne, il n'y a aucun mal à les manipuler. Quant à savoir pourquoi, les alliés sont si important, c'est fort simple. Un allié sera là pour nous aider quand nous avons besoin de lui et ne nous laissera pas tomber. Tandis qu'une personne qu'on manipule finira par nous laisser ou nous faire du mal quand elle réussira à quitter l'emprise de celui qui le manipulait. Les amis sont là pour nous aider. Je ne te demande pas de m'écouter aveuglement sur ce sujet Judy, mais prend au moins la peine d'y songer pendant un moment. D'accord?

Mon frère se rapprochait de plus en plus de moi, il manifestait une tendresse qu'il n'avais jamais osé montrer. Cela ne me rendait ni plus heureuse ni plus comblée, il semblait plus heureux que moi ne manifester son amour par les gestes. Un amour tendre et sain envers moi, sa sœur. Il me prit dans ses bras, et je pouvais sentir son cœur battre dans sa poitrine, j'étais bouleversée, étonnée, je ne savais plus vraiment quoi penser, je ne comprenais pas tout, cet amour invisible qui nous liait m'étais si inconnu et incertain. Cette fille qu'il avait rencontrée depuis très peu de temps, s'appelait alors Raz, c'était un nom bien étrange, il semblait venir de contrées étrangères, mais rien ne m'intéressait réellement sur cette fille. Si mon frère ne ressentait pas d'amour pour elle, alors sa vie était plutôt insignifiante et inutile, comme les autres personnes que je côtoient de plus en plus. Oui, ces personnes qui se veulent sympathiques, nouent des relations facilement, mais les sentiments qu'ils ressentent sont éphémères et finis. Cette fille, devait être comme les autres, elle ne s'intéressait qu'à la beauté de mon frère, à sa superficialité. Si mon frère l'avais considéré comme cette femme de rêves qu'il recherche, alors, oui, elle aurait pu être digne d'intérêts, mais ce n'était pas le cas. Mon but était après tout d'essayer de protéger mon frère comme il me protégeais.

Il disait m'aimer, il disait vouloir même mourir pour moi. Pour Liam aussi. Il ne voulait pas m'abandonner alors. Si je le perdais, ma vie n'aurais plus de sens, et seul Liam, ce véritable allié et frère, me resterais. Cette vie ne serais plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. Je pensais pouvoir haïr tous les êtres qui me trahirait, mais est-ce que cet amour profond qui me liait à Raven, est-ce qu'il pourrait se traduire en haine, en haine destructrice et pour lui et pour moi. J'étais incapable de le dire, incapable de savoir si mes sentiments étaient sincères pour lui, aussi sincère qu'ils pourraient résister à tout. Cette haine que je ressentais continuellement, même en l'absence de ses personnes que je haïssait, cette haine formait une part entière de mon être et de ma personnalité. S'il restait toujours avec moi, alors rien ne changerais entre nous, tout ne ferais que ce renforcer, nous alliant de manière plus forte encore. Cet amour fraternel, que je ressentais pour lui, et que j'avais du mal à cerner, ce sentiment qui pointait derrière ma haine profonde, cela ne pouvait être autre chose que de la haine, en tout cas je ne voyais pas d'autres sentiments qui puisse m'intriguer et me changer à ce point.

Mon frère c'était rassit sur le fauteuil, à mes cotés, il m'observait de son regard profond. Il semblait vouloir cerner quelque chose en moi, il avait l'air de me scruter plus profondément que jamais. Mais il ne devait vouloir qu'analyser mon caractère, les paroles qu'il prononça ensuite me mirent sur la voie. Je devais songer, songer à cette confiance que je pourrais accorder à mes amis. Mais qui était-ils vraiment, ses amis avec qui je devais me lier. J'étais seule après tout, et tout le monde me fuyait, les seules personnes qui osaient m'approcher était de vains domestiques, qui tremblaient de peur en me voyant. Qu'est-ce que je pouvais avoir d'aussi effrayant, bien sur je n'étais pas normale, tout le monde me le répétait encore et encore, mais pourquoi cette folie, ce caractère qui me définissait étaient-ils si effrayants. Oui, les seuls alliés que je pourraient me faire ne désiraient même pas me parler. C'était facile pour lui, il était beau, attirant, avait beaucoup de succès, mais se fermait aux autres, mais il avait le choix. Ce choix que je n'avais jamais eu, le seul choix que j'avais eu c'était celui de choisir entre la mort et la vie, entre la haine et la peine. Rien ne ne m'avait jamais été proposé. Non, je n'avais pas pu choisir, ni la liberté ni l'amour ni la joie. Toutes ces choses qui auraient pu faire de moi mon contraire. Car aujourd'hui je n'étais que prison, haine et tristesse. Et ces traits n'attirait personne, ce moi que j'étais, ne pouvait être compatible avec l'amitié.

- « Si j'avais eu le choix, peut-être aurais-je voulu avoir des amis, comme tout le monde, je suis enfermée ici et fermée ainsi aux autres, les rares personnes qui veulent me parler, je ne sais pas comment leur faire confiance. J'ai peur de la trahison et de la manipulation. C'est pourquoi j'en use moi-même je guéris le mal par le mal comme on dit. Si je pouvais avoir ta confiance et ta liberté, peut-être que j'aurais pu être à ta place, ce jour où tu a rencontrée cette jeune fille, j'aurais pu en faire mon amie. »

La seule que je souhaitais encore connaitre de ce frère, qui semblait bien moins me connaître que je me connaissais moi-même. Et pourtant je ne me connaissais pas, je doutais de tout, même de ma propre existence, de mon propre but. Ma vie m'était sans cesse remise en question, des questions me hantaient de tout temps. Je voulais connaître, les sentiments de mon frère par rapport à cette vie, à cette emprisonnement. Oui ma vie. Le pourquoi de son choix de me protéger alors que je n'étais que sa sœur, je n'étais pas ni la femme qu'il aimais ni une amie chère. J'étais ce poids qui pesait sur toute la famille royale.

- « Si tu as choisi de me protéger, si tu as choisi de vouloir me connaître et m'aimer pour ce que je suis. Si tu fais tant d'efforts pour m'aider. Pourquoi ? Pourquoi es-tu si beau tant de l'extérieur que de l'intérieur alors que je me persuade d'en être tout le contraire, et que tout le monde n'a de cesse de me répéter combien je suis laide et inutile. »

[Désolé pour l'attente. Les examens de fin de session, ça prend un temps fou. Comme je suis débordé, je n'ai pas beaucoup de temps pour poster. Je me rattraperai au prochain post, promis.]

Raven avait espéré que ses paroles auraient suffit à réconforter Judy, malheureusement, ce n'était pas le cas. La pauvre était toujours aussi torturé intérieurement. La jeune princesse l'observa pendant un court moment avant de prendre la parole. Elle démontra rapidement sa crainte pour le monde extérieur. Puis, brusquement, elle commença à l'interroger sur les raisons pour lesquelles, il la protégeait et tentait de la rendre heureuse. De plus, la princesse en termina en dénigrant son apparence physique. Le grand-frère garda le silence pendant quelques secondes, ne voulant pas interrompre sa sœur, si elle avait quelque chose d'autre à dire. Puis, il lui caressa le haut de la tête pour tenter d'apaiser son conflit intérieur. Il n'aimait pas la voir dans un tel état.

-Judy, on ne choisit pas où l'on nait et comment on nait. Certes, selon les standards on peut me considérer comme étant beau, mais ce n'est que du superficiel. D'ailleurs, ai-je jamais prétendu que tu étais laide, petite sœur? Jamais, car je considère que tu es une belle jeune fille. D'accord, les autres occupants du château prétendent le contraire, mais c'est parce qu'ils ont l'esprit fermés. Nous sommes membres de la famille royale après tout, Judy. Ainsi, les personnes les plus intolérantes et les plus débiles, nos aînés y comprit, considèrent qu'il faut donc être parfait. Comme tu es différente, à leurs yeux, tu salis la supposée perfection de la famille. Mais ne t'en fais pas sœurette, tu es loin d'être laide. Je suis persuadé que hors de ce palais, les gens cesseront de te juger pour ton apparence. Quant à ta beauté intérieure, rien ne t'empêche de changer un peu afin que le monde cesse de mal te percevoir. Je ne parle pas de grand changement, car cela irait à l'encontre de ta véritable identité et serait donc une insulte envers toi. Je ne parle que de léger changement. Par exemple, lorsqu'un serviteur vient dans ta chambre pour une raison ou une autre. Il faudrait juste éviter de lui balancer des objets sur la tête ou lui donnez sèchement un ordre. Un simple ''bonjour'', un ''s'il vous plait'' et un ''merci''. Déjà, cela aidera a tissé un début de lien.

Il se tut quelques instants.

-Pour être honnête, Judy. Si je le pouvais, j'échangerais bien ma place avec la tienne afin que tu puisses voir le monde extérieur. Malheureusement, ce n'est pas possible, c'est pourquoi je fais tout ce que je peux pour t'aider à sortir de cette maudite tour. Karnevale Avenue, plan du château et de la ville. Je fouille dans le plus de domaine possible afin de trouver un endroit sûr et libre, ainsi qu'un moyen sécuritaire de pouvoir s'y rendre. Certes, notre père serait furieux s'il savait tout ce que je suis en train de faire, mais je m'en fiche éperdument. Cet homme ne fait que nous pourrir la vie au nom de son titre de roi.

// HRP : c'est un peu court mais j'essaye de relancer quelque chose, à toi d'aller où tu veux//

Les paroles de mon frère me réconfortaient quelque peu, je ne voulais plus parler de moi, j'étais lassée des considérations avaient à mon égard. Bien sur mon égoïsme me poussait souvent à ne vouloir que mon bonheur et non celui des autres, mais pour une fois ma vie ne m'intéressait plus, dans le sens où raconter ces secrets et ces sentiments à mon frère me lassait, j'en avait un peu marre de devoir toujours exprimer et ressentir les même choses, et ces choses doivent être remises en question. Pourquoi voulait-il me voir changer, ne pouvait-il pas tout simplement m'accepter comme j'étais, me voir telle que j'étais, je pensais pourtant qu'il était devenu l'une des seules personnes à vouloir et désirer mon bonheur comme j'étais et non pas en changeant. De toute manière j'en étais incapable, alors même s'il disait que j'étais belle, je pensais le contraire, même s'il voulait que je m'ouvre avec sympathie aux autres, je ne voulais pas. Et mes désirs passaient toujours avant ceux des autres, toujours avant ceux de n'importe qui, même mon frère. Il ne réussirait surement pas l'exploit de me faire plier, Liam ou Ryuji peut-être, et encore j'en doutais fortement. Je restais la même jeune fille, et tant que je n'avais pas envie d'être quelqu'un d'autre, personne ne pourrait me faire devenir ce que je suis pas. Peut-être qu'il voyait en moi une certaine beauté, une beauté surnaturelle et anormale que me donnait mes attraits albinos. Mais il ne verrait jamais en moi une beauté d'âme et une joie de vivre, comme celle des jeunes filles insouciantes qui vivent sans cesse dans l'illusion d'un monde paisible. J'étais même tout leur contraire et ces quelques mots de gentillesse que mon frère voulait me voir prononcer, étaient déjà trop forts pour moi. Pourquoi vouloir remercier un domestique incompétent plus effrayé par moi que prêt à me servir. Pouvoir vouloir me changer même un peu, car cet infime changement changerais irrémédiablement ma nature, j'en étais certaine, il n'y avait pas d'autre moyen que de rester telle que j'étais et de combattre ainsi, l'horreur qu'étais ma famille.

Il aurait voulu prendre ma place, c'est ce qu'il disait ou prétendait tout du moins, mais personne ne voudrait y être. Personne n'aimerait être ainsi privé de liberté pour un temps incertain, personne ne voudrais être haï. Il fallait croire que mon frère aurait voulu partager un peu de ma souffrance, peut-être m'enlever un poids de la conscience, me voir sourire à nouveau ou alléger le poids de sa propre liberté. Il faisait tout pour me libérer définitivement, oui, tout pour pouvoir me voir libre et en sécurité. Mais le danger ne me faisait pas peur, je voulais pouvoir errer dans les rues de cette ville au nez et à la barbe de mes parents, tout simplement les voir en colère contre moi et mon frère de les avoir trahis. Ce qu'ils ne comprenaient d'ailleurs pas était que c'était eux-même qui nous avaient trahis. Ils m'avaient enfermée, sans même que je ne m'en rende compte, dès le début de ma vie, les jours s'étaient écoulés et je m'étais retrouvée ainsi, dans l'incapacité de lutter. Mais j'avais de la force, une force inouïe, la force du rêve et du désir, cette force, je le savais, me ferait gravir tous les échelons me ferait me hisser au plus haut, libre comme l'air sans rien ni personne pour me dicter ma conduite. J'aurais d'ailleurs voulu ne pas avoir d'attaches, de choses qui me retiennent, c'est pourquoi je me servais autant des autres et que je dévoilais jamais mes sentiments. J'avais peur de devoir perdre ses gens qui m'étaient cher, ou qu'ils m'abandonne. Qui sait ce que fera mon frère quand ma liberté me sera rendue, peut-être me considérera-t-il comme un poids en moins sur la conscience. Je ne pouvais être sur de rien ni de personne.

- « Même si tes paroles me touchent, je ne changerais jamais même rien qu'un peu. Je doute encore beaucoup trop pour pouvoir accorder ne serais-ce qu'une once de confiance aux personnes qui m'entourent. », je repris lassée de toujours me voir au centre de cette conversation, « Mais parlons d'autre chose que de moi, tu sais je suis égoïste mais ta vie m'intéresse, parle-moi de ce que tu fais dehors. Raconte moi comment tourne le monde, comme avant. »

Le personnage de Raven ayant été supprimé, le sujet est verrouillé et déplacé.